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NAPLES ET LA POLLUTION AU PLOMB

 

Paris, 16 mai 2016
Quand la pollution au plomb raconte l'histoire antique de Naples

 



Près de deux mille ans après l'éruption du Vésuve qui détruisit Pompéi et Herculanum, certains pans de l'histoire de Naples viennent d'être reconstitués. Jusqu'à présent, historiens et archéologues s'interrogeaient sur l'impact de cette éruption volcanique sur l'aqueduc Aqua Augusta, qui alimentait en eau Naples et les cités voisines. De récentes analyses géochimiques ont permis d'établir un lien direct entre le plomb qui composait les canalisations d'eau de l'époque et celui piégé par les sédiments de l'ancien port napolitain. Elles prouvent, sans équivoque, que le réseau hydraulique a effectivement été détruit lors de l'éruption du Vésuve, en 79 après J.-C., et qu'il a fallu une quinzaine d'années pour le remplacer. Ces découvertes font l'objet d'une publication dans la revue PNAS le 16 mai 2016 par le laboratoire Archéorient – environnements et sociétés de l'Orient ancien (CNRS/Université Lumière Lyon 2)1 et le Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes et environnement (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1), en collaboration avec des experts internationaux2,3.
C'est à l'occasion de la construction d'une nouvelle ligne de métro que des fouilles archéologiques ont été menées dans le port antique de Naples, aujourd'hui enseveli. Les excavations ont permis d'étudier les couches de sédiments qui se sont déposés dans l'ancien port au cours des siècles, sur six mètres d'épaisseur. Les analyses géochimiques de ces dépôts sédimentaires montrent que l'eau du port a été contaminée durant les six premiers siècles de notre ère par du plomb provenant du système d'adduction d'eau de Naples et des cités voisines. Ce plomb, principal composant des canalisations, se dissolvait au contact de l'eau et se répandait dans les différentes fontaines et points d'apport des cités, pour finalement se déverser dans le port. L'étude de la composition isotopique de cet élément, c'est à dire la proportion des différents isotopes4 du plomb contenu dans les sédiments permet de retracer aujourd'hui des événements vieux de deux mille ans.

Les analyses ont principalement révélé deux compositions isotopiques du plomb bien distinctes, avant et après l'éruption du Vésuve en 79. Elles prouvent que le vaste système d'alimentation en eau de la baie de Naples a été détruit lors de l'éruption volcanique et que les réparations ont été effectuées avec un plomb extrait d'un ou plusieurs districts miniers différents. Ce changement brusque du signal du plomb, intervenu une quinzaine d'années après l'éruption volcanique, suggère que les Romains ont réparé l'aqueduc et les canalisations en un temps relativement court.

Cette étude permet également de reconstituer les différentes phases du développement urbain de Naples : du 1er au 5e siècle après J.-C., le plomb est de plus en plus présent dans les sédiments, laissant envisager une expansion du réseau hydraulique ou une intensification de ce réseau dans des secteurs déjà équipés. Dès le début du 5e siècle, par contre, les sédiments sont moins contaminés, révélant que le réseau d'adduction d'eau subit de nouvelles destructions liées aux invasions barbares (prise de l'aqueduc pour assécher la ville), aux nouvelles éruptions du Vésuve en 472 et 512, aux épidémies ou encore à l'effondrement économique et administratif de Naples.

Cette lecture des pollutions métalliques dans les sédiments portuaires anciens, qui permet de retracer l'histoire d'un territoire, pourra être transposée à d'autres civilisations, d'autres aires géographiques. Et à l'heure des débats sur l'Anthropocène, elle pourrait offrir de nouveaux éléments de réflexion sur la dynamique de l'empreinte de l'homme sur l'environnement.

 

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LE JAPON

 

Japon : histoire



Multimillénaire, l'histoire du Japon est jalonnée de ruptures. Après l'intrusion plus ou moins brutale de tribus continentales au iiie s. avant notre ère, la naissance, neuf siècles plus tard, d'un État unifié sous l'égide d'un dynastie impériale aux origines obscures, constitue la deuxième rupture. Aux alentours de l'an 1000, cet État s'effondre dans les guerres incessantes que se livrent les clans des Minamoto et des Taira ; à l'État centralisé succède la féodalité. L'affaiblissement du pouvoir shogunal plonge l'empire dans deux siècles d'anarchie sanglante (xve s.-xvie s. et marque la quatrième rupture. Les Tokugawa pacifient le pays et forgent un État centralisé et moderne, dans lequel se constituent de puissantes dynasties marchandes ; le pays est fermé au monde ; cette nouvelle rupture ouvre la période d'Edo (1616-1868), souvent considérée comme la « matrice du Japon moderne ». L'avènement de l'empereur Mutsuhito ouvre l'ère Meiji (1868-1912), caractérisée par un processus de modernisation économique et politique qui transforme un archipel replié sur lui-même en un empire agressif et expansionniste : guerre sino-japonaise (1894-1895), guerre russo-japonaise (1904-1905), annexion de la Corée (1910). Contraint par les Occidentaux à limiter son expansion coloniale (traité de Washington, 1921-1922), atteint par la crise de 1929, alors que la pression démographique devient insoutenable, le Japon connnaît une nouvelle rupture avec la montée du militarisme (1930-1945). Au lendemain de sa défaite en 1945, le Japon impérial entame sa mue en une démocratie officiellement pacifiste et transpose sur le plan économique son énergie et son appétit d'expansion.
1. Préhistoire et protohistoire

Les îles du Japon sont peuplées, dès avant le VIIIe millénaire avant notre ère, par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique et qui étaient au stade du paléolithique supérieur (ou tout au moins mésolithique). On distingue dans la préhistoire du Japon plusieurs phases, la plus ancienne étant qualifiée de pré-Jomon ou précéramique. Lui succède une culture céramique de type particulier (à impressions de cordes, d'où son nom de Jomon), qui durera jusqu'au iiie s. avant notre ère dans le sud du Japon, mais se continuera parfois jusqu'au xe s. dans le Nord.
1.1. La période Jomon
Cette longue période de « mésolithique attardé », au développement assez lent, est caractérisée par des poteries à fond plat ou pointu, décorées de reliefs sur leurs bords, et par l'utilisation d'un outillage de pierre. Ces objets appartiennent à des populations clairsemées de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs au harpon, demeurant dans des cabanes de bois à demi enterrées, rectangulaires ou rondes. Vers le milieu de la période (Ve-IVe millénaire avant notre ère), les poteries commencent de s'orner de décors fantastiques en relief et de figures anthropomorphes. La pierre polie se substitue progressivement à la pierre taillée, sans toutefois la supplanter complètement. Vers la fin de la période, la poterie se simplifie et apparaissent des mortiers plats en pierre, servant à broyer les graines alimentaires. On peut déjà discerner des éléments de cultes du foyer. Les techniques de chasse et de pêche se perfectionnent et des filets sont utilisés pour attraper le poisson. .
Pour en savoir plus, voir l'article Jomon.
1.2. La période Yayoi
Vers le iiie s. avant J.-C., dans le nord du Kyushu, apparaît un nouveau peuple en provenance du sud de la Chine. Ces Yayoi (du nom d'un quartier de Tokyo où, en 1884, ont été découvertes les premières poteries : yayoishiki) apportent avec eux la technique de la culture du riz. Leur céramique, montée au tour et cuite à une température plus élevée, a des formes inspirées de la poterie des Han et de la Corée. Dans le même temps apparaissent, dans l'extrême nord des îles, des populations venues de Sibérie, apparentées aux Caucasoïdes, les Aïnous, qui se mélangent aux peuples Jomon attardés. Dans le reste des îles, les populations Jomon sont progressivement refoulées dans les montagnes par les néolithiques Yayoi, qui utilisent de nouvelles techniques : métallurgie du fer et du bronze, tissage, tour de potier, etc. Parmi les objets métalliques, on distingue des armes rituelles, des miroirs et des dotaku.


Mot japonais désignant des cloches de bronze sans battant de l'époque Yayoi (IIe siecle av J.C.-IIIe siecle apr. J.-C.), de forme semi-cylindrique et souvent ornées d'un décor en léger relief.

Les paysans Yayoi sont organisés en petites communautés ou chefferies, dont le roi est en même temps le grand prêtre. Ils construisent des maisons d'un type nouveau inspiré de celles, sur pilotis, du sud de la Chine et enterrent leurs morts dans des cistes ou des urnes. De cette époque date probablement la « mongolisation » de la population, une certaine sinisation des mœurs et une organisation religieuse et politique particulière.
Pour en savoir plus, voir l'article Yayoi.
1.3. La période des tumulus

Vers le milieu du iiie s. de notre ère, des groupes de cavaliers-guerriers venus de Corée pénètrent dans le Japon méridional et s'installent en maîtres. Ces familles « aristocratiques » s'imposent facilement aux paysans Yayoi et entrent en lutte contre les populations de « sauvages » réfugiées dans les montagnes et le nord des îles. Ces cavaliers-archers d'origine altaïque, bardés de fer et montés sur de grands chevaux, deviennent les chefs des communautés villageoises et les organisent en « États ». Ils se font inhumer dans des tumulus de très grandes dimensions appelés kofun, sous lesquels sont ménagées des chambres funéraires, dont certaines ont un plan en « entrée de serrure », qui semble particulier au Japon. Autour des tumulus sont rangés des cylindres de terre cuite (haniwa), parfois surmontés de représentations humaines ou animales. Ces guerriers apportent également aux paysans Yayoi de nouvelles croyances (chamanisme sibérien), des mythes et un schéma d'organisation sociale en clans. Ceux-ci, en se groupant, forment des sortes de royaumes qui ne tardent pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Il n'y a pas alors de distinction politique entre les îles du Japon et le sud de la Corée : celle-ci ne se fera que plus tard, alors qu'à la suite des luttes internes un groupe de clans arrivera à dominer tous les autres dans les îles.
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki
Le clan souverain du Yamato (région du sud de Kyoto), une fois sa position solidement établie, va prétendre à l'empire, et son roi (miyatsuko) prendra aussitôt le titre chinois d'empereur (tenno). Assez tardivement (en 712 et 720), les nouveaux empereurs, afin de légitimer leur emprise, font rédiger une « histoire » du Japon, faisant descendre leur lignée de la déesse du Soleil, Amaterasu. Les deux ouvrages ainsi rédigés à la gloire des tenno, le Kojiki et le Nihon Shoki, sont les seules sources (ou à peu près) que nous ayons pour établir une histoire du Japon avant l'arrivée du bouddhisme (venu de Corée vers 538). On y apprend qu'un empereur Jimmu, petit-fils d'Amaterasu, aurait fondé l'empire, que des guerres auraient opposé le Mimana (sud de la Corée) au Yamatai (nord de Kyushu ?), dans lesquelles se seraient illustrés l'« impératrice » Jingu et son fils Ojin. Le sud de Kyushu fut à son tour conquis sur les autochtones. Ces luttes provoquèrent un afflux considérable de Coréens au Japon, qui y apportèrent leurs mythes et croyances, ainsi que de nombreuses techniques nouvelles héritées des Chinois : tissage de la soie, écriture, poterie vernissée, architecture, doctrines confucéenne et taoïque, ainsi que des rudiments de culture chinoise. On date généralement de 538 (introduction officielle du bouddhisme coréen) le début de la période historique du Japon.
Pour en savoir plus, voir les articles bouddhisme, Confucius, confucianisme.
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)
538-587 : la royauté étant établie en Yamato, des ambassades commencent de s'échanger avec les cours coréenne et chinoise. Des Japonais vont étudier en Chine et des moines bouddhistes coréens s'installent à la cour, ce qui provoque une guerre civile entre les clans Soga (partisans de l'adoption du bouddhisme et de la civilisation chinoise) et Mononobe (partisans des cultes indigènes, appelés shinto, et de l'isolement politique du Yamato). Les Soga finissent par l'emporter ; ils font élever un temple de type coréen à Asuka, alors résidence temporaire de la cour.
628 : après la mort du prince Shotoku (en 622), neveu de l'impératrice Suiko (593-628), un code de lois en 17 articles est promulgué. Shotoku a fait construire de nombreux temples bouddhiques. Textes chinois, bouddhiques et confucéens, techniques, idées politiques affluent au Japon.
645 : le clan Nakatomi réussit à éliminer celui des Soga, alors tout-puissant, et établit un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine des Tang (code de l'ère Taika), un système d'« ères », et préconise une distribution idéale des terres aux paysans, assiette d'un système d'impôts inspiré de celui alors en vigueur en Chine.
663 : défaite des troupes japonaises en Corée ; les liens politiques sont rompus avec le continent, mais de très nombreux Coréens accompagnent les Japonais dans leur retraite et s'établissent dans les îles.
672 : l'empereur Temmu fait appliquer plus strictement le code Taika et entreprend de faire rédiger un code plus complet, celui de l'ère Taiho (701).
3. La période de Nara (710-794)
Six sectes bouddhiques, installées près de Nara et de la cour d'Asuka, imposent leurs conceptions, mais le peuple n'y a point de part.

Samouraï vassal dépendant directement de Tokugawa Ieyasu et qui avait combattu à ses côtés à Sekigahara (1600).
hatamoto
Samouraï placé sous la vassalité directe du shogun et non d'un daimyo. Sous les Tokugaya, les hatamoto furent au nombre de 80 000.
kampaku
Titre d'une fonction équivalent à celle de régent. Les Fujiwara, les premiers à l'assumer, exercèrent en fait une véritable dictature du Xe au XIIesiecle
ronin
Samouraï qui, volontairement ou non, quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d'aventures.
samouraï
Guerrier placé au service d'un daimyo. Les samouraïs développèrent un idéal d'honneur et de fidèlité exacerbé.
shikken
Lieutenant d'un shogun. La fonction fut créée par les premiers shogun de Kamakura (XIIesiecle). En 1199, cette charge échut à la famille des Hojo, qui la rendirent héréditaire, puis gouvernèrent sous ce titre à la place des shogun de Kamakura.
shogun
1. À l'origine, chef militaire japonais en campagne contre les Aïnous.
2. Dictateur militaire du Japon de 1192 à 1867.
tandai
Titre donné, sous le shogunat de Kamakura (1192-1333), aux gouverneurs militaires de certaines régions, principalement Kyoto et le Kanto.
tozama
Nom donné aux daimyo qui ne se soumirent au shogun Tokugawa Ieyasu qu'après la bataille de Sekigahara (1600) et la chute du château d'Osaka (1615). Ils bénéficiaient d'une plus grande indépendance de fait que les fidèles de Ieyasu, appelés fudai.
710 : achèvement du code de l'ère Taiho, promulguant une nouvelle distribution des terres, précisant les droits et devoirs de chacun et instituant un système militaire et social nouveau.
712 : rédaction officielle du Kojiki. La cour s'établit définitivement à Nara, abandonnant l'habitude de changer de lieu de résidence à la mort de chaque souverain. Les paysans, trop imposés, s'évadent des terres impériales pour se réfugier sur celles des seigneurs ou des monastères, ce qui affaiblit le pouvoir impérial au profit des chefs de clans et des communautés religieuses.
741 : l'empereur Shomu fait construire des temples bouddhiques dans toutes les provinces, afin de prier pour la prospérité, ce qui affaiblit financièrement les chefs de clans obligés de participer à la dépense.
743 : l'empereur permet la possession individuelle des terres nouvellement défrichées ; c'est l'origine des grands domaines féodaux. Épidémie de variole : pour apaiser les divinités, on élève un grand temple, le Todai-ji, à Nara (alors appelée Heijokyo) et on y installe une grande effigie du Bouddha en bronze, en 749.
751 : première anthologie officielle de poèmes, le Kaifuso, rédigée en chinois.
754 : le moine bouddhiste Ganjin arrive de Chine avec des élèves et de nombreux techniciens.
756 : l'impératrice douairière Komyo fonde un musée (le Shosoin), encore intact de nos jours.
770 : à la mort de l'impératrice Shotoku, le moine Dokyo, qui avait usurpé tous les pouvoirs, est chassé, et les ministres refusent désormais de laisser le trône à des femmes.
784 : l'empereur Kammu, afin de se libérer de l'emprise des moines bouddhistes de Nara, fonde une nouvelle capitale à Nagaoka, puis, dix ans plus tard, une autre à Heiankyo (Kyoto), qu'il fait édifier sur le plan en damier de la capitale des Tang, Changan (aujourd'hui Xi’an). Cette nouvelle cité, inaugurée en 794, demeurera la capitale du Japon jusqu'en 1868.
Pour en savoir plus, voir l'article Nara.
4. La période de Heian (794-1185/1192)
800-803 : le général Sakanoue no Tamuramaro refoule vers l'extrême nord les populations Jomon et Aïnous, qui se faisaient menaçantes ; sur les terres ainsi conquises viennent s'installer des colons guerriers qui s'érigent en clans.
805-806 : deux moines bouddhistes japonais reviennent de Chine, Saicho (Dengyo Daishi) et Kukai (Kobo Daishi), et en rapportent de nouvelles doctrines bouddhiques ainsi que des formes d'art nouvelles. Ils fondent de grands monastères. Une nouvelle écriture syllabique est créée pour transcrire les désinences purement japonaises et permettre aux femmes (lesquelles n'ont pas accès à la culture chinoise) d'écrire. Des académies se créent. Les nouvelles doctrines bouddhiques tentent de concilier les croyances autochtones, les concepts confucéens et taoïques avec les doctrines du bouddhisme.
838 : le Japon tente de se libérer de l'emprise culturelle chinoise et cesse d'envoyer des ambassades, bien que les contacts individuels (moines surtout) continuent. Des réformes sont entreprises pour transformer la société et l'organiser sur des bases bouddhiques.
858 : un ministre du clan Fujiwara, ayant épousé la fille de l'empereur Saga, prend le titre de régent (kampaku). Sa famille détiendra en fait les rênes du pouvoir jusqu'au milieu du xiie s.. Les Fujiwara instaurent une ère de paix et de développement culturel qui fera de leur période l'ère « classique » du Japon.
903 : un adversaire politique des Fujiwara, le ministre Sugawara no Michizane, est exilé et meurt à Kyushu. Le peuple le divinisera sous la forme chinoise du « dieu de la Littérature et de la Calligraphie ». Les Fujiwara et les seigneurs des grands domaines (shoen) lèvent des troupes personnelles parmi les clans de colons guerriers du Nord et de l'Est afin de faire la police et de se protéger contre le banditisme. Le Japon se morcelle en un grand nombre de « grandes propriétés », tandis que la cour, oisive, mène une vie luxueuse et pieuse.
940 : un seigneur du clan des Taira se révolte dans l'Est et ose se proclamer empereur. Les Fujiwara envoient contre lui des troupes empruntées à un autre clan guerrier de l'Est, celui des Minamoto. Les clans des Taira et des Minamoto tentent alors de supplanter les Fujiwara, commencent de se livrer à des guerres de conquête afin d'affirmer leur pouvoir, et organisent leurs provinces comme de véritables États.
Vers 1000 : les femmes de la cour écrivent des romans, et la nouvelle secte bouddhique d'Amida, prônant une sorte de piétisme populaire, diffuse le bouddhisme dans le peuple. Dans l'Est, les clans guerriers se fortifient et, à la cour, les intrigues se font de plus en plus nombreuses, visant à éliminer le clan tout-puissant des Fujiwara.
1068 : pour la première fois depuis plus d'un siècle, un empereur accède au pouvoir sans qu'il soit apparenté aux Fujiwara et tente de réaliser des réformes. Pour avoir les mains plus libres, il abdique en 1072 au profit de son fils et forme un gouvernement « parallèle », inaugurant ainsi une coutume qui se prolongera pendant plus d'un siècle. Le clan Fujiwara ne tarde pas à se diviser en factions ennemies. Ces dissensions font le jeu des chefs des clans guerriers, qui bientôt obtiendront de hautes charges à la cour, soutenus par de nombreux petits seigneurs et les grands monastères bouddhiques qui se sentent menacés dans leurs possessions. Le pays se divise de plus en plus, sous l'égide des deux clans les plus puissants militairement, les Minamoto et les Taira. Tour à tour ceux-ci prendront le parti de l'empereur contre les Fujiwara et les remplaceront aux postes clés. Mais les deux clans rivaux ne tardent pas à s'affronter pour la suprématie.
1159-1160 : le chef du clan des Taira, Kiyomori, est dépossédé par les Minamoto, qui déposent l'empereur. Les Taira attaquent et battent les Minamoto dans la ville de Kyoto.
1167 : Taira no Kiyomori devient chancelier de l'Empire, mais sa dureté lui aliène la sympathie de la population, qui se tourne vers les Minamoto.
1180 : des batailles opposent sans cesse les Taira et les Minamoto, à Kyoto et Uji. Les troubles politiques favorisent le banditisme. Des famines s'installent dans le centre et l'est de l'île de Honshu, affaiblissant principalement le clan des Taira. Dès 1183, les Minamoto attaquent ces derniers et, en 1185, détruisent la flotte Taira près de Shimonoseki, à Dan-no-Ura. Le jeune empereur Antoku est noyé dans la bataille. Le chef du clan Minamoto, Yoritomo (1147-1199) et son frère, le général Minamoto no Yoshitsune, éliminent le clan des Taira.
1189 : les Minamoto se retournent alors contre les Fujiwara et conquièrent leurs territoires du nord du Honshu.
Pour en savoir plus, voir les articles confucianisme, taoïsme.
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)
Après avoir confisqué « au nom de l'empereur » les terres de nombreux seigneurs qui lui étaient hostiles, Minamoto no Yoritomo a constitué un gouvernement parallèle à celui de l'empereur, mais sur des bases différentes, instaurant une société quasi féodale fondée sur les relations d'assistance et de fidélité existant entre Yoritomo lui-même, ses vassaux et les vassaux de ceux-ci. Il lève des troupes, libère quelque peu la paysannerie des règles qui la régissaient jusque-là, lui donnant les terres qu'elle cultive, mais lui conférant un statut inférieur à celui des guerriers (samouraïs). Des intendants représentent Yoritomo dans chaque État vassal, et, à partir de 1192, un représentant personnel du shogun, le tandai, est placé auprès de la cour à Kyoto. Yoritomo a imposé un kampaku de son choix à la cour et repris à son compte la politique matrimoniale instaurée par les Fujiwara au ixe s.
1192 : devenu le seigneur le plus puissant du Japon, Yoritomo se fait nommer shogun par l'empereur, qui, à Kyoto, ne possède plus aucune autorité. Yoritomo, ayant établi son bakufu à Kamakura, dicte ses ordres au pays tout entier. Le pays, ruiné, affamé, se rallie à lui. Yoritomo met fin au régime des « empereurs retirés » et règne en maître sur tout le Japon.
1195 : Minamoto no Yoritomo fait une impressionnante démonstration de force à Kyoto, mais les intrigues continuent.
1199 : à la mort de Yoritomo, un seigneur Hojo (apparenté aux Taira) prend la régence (shikken) du bakufu, avec l'aide de sa fille Masako, veuve de Yoritomo. Yoriie, fils de Yoritomo, prend le titre de shogun.
1203 : Yoriie, incapable, abdique au profit de son frère Sanetomo et est assassiné. Hojo Tokimasa est cependant obligé de démissionner de sa charge de shikken en 1205, Masako s'étant opposée à Makiko son épouse. Son fils Hojo Yoshitoki lui succède en tant que shikken.
1219 : Sanetomo ayant été assassiné, l'empereur Go-Toba déclare (en 1221) le bakufu rebelle et tente de reprendre le pouvoir. Hojo Yoshitoki bat les troupes de l'empereur à Uji et l'exile. Les shikken Hojo ont désormais tous les pouvoirs et nomment à leur gré les empereurs.
1222 : le bakufu fait faire un recensement général.
1232 : promulgation d'un nouveau code de lois en 51 articles, le Joei Shikimoku, rédigé en japonais. Il recevra par la suite, en 1243 et 1286, des additions. Ce « code national » restera en vigueur jusqu'en 1868.
1247 : à la suite de la révolte de quelques seigneurs non inféodés au bakufu et après la victoire de ce dernier, leurs domaines sont confisqués. Bien que le shogun soit désormais choisi dans la famille impériale, le véritable pouvoir demeure aux mains des shikken Hojo. Le bakufu s'aristocratise et se stabilise.
1266-1268 : Kubilay Khan, alors empereur de Chine, prétend conquérir le Japon. Le bakufu, alarmé, fait renforcer les défenses du nord de l'île de Kyushu et mobilise tous les samouraïs. En 1271, une autre ambassade chinoise (mongole) est renvoyée.
1274 : attaque du nord de Kyushu par une grande flotte mongole et coréenne (30 000 hommes) qui, inexplicablement, se retire la nuit suivante. La cour offre des prières aux divinités.
1275 : des envoyés du khan demandant la soumission du Japon à la Chine sont exécutés. Le bakufu se dote d'une flotte puissante et fait construire un long mur en pierre le long des côtes du nord de Kyushu.
1281 : deux flottes mongole et coréenne (environ 140 000 hommes) débarquent en deux points de la côte nord de Kyushu. Les Mongols sont sur le point de vaincre, lorsque, le 14 août, un typhon providentiel détruit une partie de la flotte d'invasion et force les guerriers mongols et coréens à se rembarquer en toute hâte ; ceux qui sont restés à terre sont impitoyablement massacrés par les samouraïs.
1294 : mort de Kubilay Khan. Le Japon est provisoirement sauvé de l'envahisseur chinois, mais les shikken préfèrent garder sous les armes les samouraïs afin de prévenir un retour offensif des Mongols. Ces guerriers, une fois démobilisés, se trouvent ruinés. Certains sont alors obligés, en contrevenant à la loi, de vendre des parties de leurs domaines à des marchands, qui, seuls, ont profité de la guerre en fournissant armements et vivres…
1297 : le bakufu renforce les lois interdisant la vente des fiefs. Mais les seigneurs dépossédés n'obéissent déjà plus au gouvernement de Kamakura. L'empereur les soutient dans leur révolte.
1326 : l'empereur Daigo II refuse d'abdiquer comme le lui demande le shikken, et, soutenu par les nobles, désigne son fils comme héritier.
1331 : Daigo II est battu par les troupes du shikken et exilé dans l'île d'Oki.
1333 : grâce à la complicité d'un Minamoto dissident, Ashikaga Takauji, Daigo II s'enfuit, réunit des troupes et rentre à Kyoto. Soulèvement général des seigneurs contre le bakufu. La ville de Kamakura est prise et incendiée. Daigo II restaure le pouvoir impérial.
Pour en savoir plus, voir l'article Mongols.
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)
1336 : Ashikaga Takauji , devenu le seigneur le plus puissant du Japon, se retourne contre l'empereur et établit à son tour un bakufu à Kyoto même. En 1338, il se fait nommer shogun par l'empereur qu'il a mis sur le trône. L'empereur légitime se réfugie dans les montagnes du Yamato avec ses partisans, inaugurant la période dite des « deux cours », pendant laquelle la guerre civile va ensanglanter le pays jusqu'en 1392. La lutte sera épisodique mais acharnée. La ville de Kyoto sera prise et reprise quatre fois, et chaque fois détruite. Dans les provinces, les seigneurs, espérant conquérir la suprématie, se battent, plongeant le pays dans la guerre civile.
1383 : bien qu'Ashikaga Takauji soit mort en 1358, la situation demeure la même sous ses successeurs et ceux de Daigo II. L'île de Kyushu reste acquise aux loyalistes, mais, dans le Nord, nombre de seigneurs se sont rendus indépendants.
1392 : reconquête de Kuyshu par les Ashikaga. L'empereur légitime Go-Kameyama accepte d'abdiquer, et la guerre des deux cours se termine. Mais le pays est ensanglanté et la ville de Kyoto presque totalement détruite. Sous l'autorité des shogun Ashikaga, l'organisation administrative a été refondue et le pays divisé en trois grandes régions dirigées par un kanrei (grand délégué) sous l'autorité du shogun.
1400-1401 : le shogun tente de réduire les pirates Wako, qui écumaient les côtes japonaises, coréennes et chinoises et renoue des relations amicales avec la Chine des Ming.
1419 : les Wako de l'île de Tsushima sont détruits par les Coréens.
1428 : révolte des paysans des provinces à la suite d'épidémies et de famines. Ils forment des ligues de défense contre les bandes de samouraïs-brigands.
1456 : le shogun Ashikaga Yoshimasa doit reconnaître les droits de propriété des paysans et réduire leurs dettes.
1457 : grande famine et épidémies. Le gouvernement central ne fait rien. Les grands seigneurs lèvent des barrières d'octroi qui entravent le commerce et aggravent les famines. Les paysans, à bout de ressources, s'engagent comme soldats à pied (ashigaru) dans les rangs des armées seigneuriales, et se livrent au brigandage.
1467-1477 : une nouvelle guerre civile est déclenchée entre les seigneurs au sujet de la succession du shogun Yoshimasa. 160 000 hommes s'affrontent dans la ville de Kyoto, qui est la proie des flammes. Cette guerre civile, dite de l'ère Onin, est une guerre « pour le plaisir » faite par les daimyo pour leur gloire. Elle s'étend jusque dans les provinces, où les guerriers s'affrontent sans savoir pourquoi.
1486 : grande révolte paysanne contre les excès des guerriers. Les paysans demandent le départ des troupes et veulent rentrer en possession de leurs terres.
1489 : le shogun Ashikaga Yoshihisa est assassiné et sa succession fait s'affronter les daimyo. Ceux-ci s'opposent entre eux ou au bakufu de Muromachi, rendant tout gouvernement central impossible. Des comités de paysans, de commerçants, d'artisans se créent afin de constituer des gouvernements locaux. La cour, oisive et ruinée, protégée par l'un ou l'autre des daimyo, se désintéresse de la situation. Le Japon est alors partagé de fait entre une trentaine de grands daimyo et une centaine de plus petits seigneurs qui se combattent sans répit, aidés par des bandes de paysans-guerriers n'observant aucune des lois de la chevalerie des samouraïs.
1542 : des marchands portugais échoués sur la petite île de Tanegashima (sud de Kyushu) importent les premiers mousquets. Très vite l'usage de cette arme nouvelle se répand dans tout le Japon.
1549 : François Xavier commence l'évangélisation du pays. Bateaux portugais, hollandais et espagnols accostent et font du commerce avec les Japonais des côtes.
1568 : un petit seigneur du Nord, Oda Nobunaga (1534-1582), réussit à vaincre tous ses adversaires, entre à Kyoto en vainqueur et se fait nommer shogun, ayant abattu la puissance déclinante des Ashikaga. Il organise à son profit les provinces centrales.
1574 : les sectes religieuses, qui s'étaient armées, représentent désormais une puissance avec laquelle le gouvernement doit compter. La secte Ikko (créée par le moine Shinran) se révolte et soulève les campagnes.
1576 : Oda Nobunaga se fait construire un château sur les bords du lac Biwa, prototype de tous les châteaux japonais, et le fait luxueusement décorer par les meilleurs artistes de son temps. En 1571, il a détruit les monastères rebelles du mont Hiei, près de Kyoto, et fait massacrer leurs moines. En 1574, il a attaqué et mis en fuite le dernier Ashikaga, Yoshiaki. En 1580, il abat la puissance de la secte Ikko et prend son château d'Osaka. Avec l'aide de ses généraux Tokugawa Ieyasu et Toyotomi Hideyoshi, il vient finalement à bout de tous ses adversaires et unifie le centre du Japon sous son autorité.
1582 : Oda Nobunaga, devenu dictateur des provinces centrales, est attaqué par un de ses généraux, et obligé de se suicider. Treize jours après, le félon est attaqué et tué par Toyotomi Hideyoshi, qui prend la succession de son maître.
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)

1584 : Hideyoshi fait élire le fils d'Oda Nobunaga comme shogun, mais garde le pouvoir. Il continue alors la guerre contre les seigneurs non encore ralliés, surtout ceux de Kyushu, et transfère le siège de son gouvernement à Osaka, où il oblige les grands daimyo à lui construire un immense château. Il fait en même temps démolir ceux des seigneurs rebelles. Il fait établir un recensement général des terres, rend les paysans propriétaires et solidaires de leurs terres et interdit le port des armes aux non-samouraïs. Il établit le principe (d'origine chinoise) de la responsabilité collective et fixe l'impôt entre 40 et 50 % de la récolte. Les daimyo sont classés selon leur revenu annuel en koku (180 litres) de riz. Le plus puissant d'entre eux, Tokugawa Ieyasu, en possède 2 500 000, les moins puissants seulement 10 000.
1585 : Hideyoshi fait frapper sa propre monnaie et favorise le développement des mines d'or et d'argent. Homme le plus riche du Japon, il subventionne la cour impériale, ordonne un grandiose programme de constructions, donne des fêtes splendides et patronne arts et lettres. Il est nommé dajo daijin (Premier ministre) par l'empereur.
1586 : Hideyoshi réunit une immense armée afin de soumettre les grands daimyo encore indépendants (sauf cependant Tokugawa Ieyasu, avec qui il est allié et qui demeure dans son fief du Kanto [région de Tokyo]).
1590 : le dernier des daimyo Hojo est vaincu en son château d'Odawara.
1592 : afin d'occuper ses guerriers, Hideyoshi les lance à la conquête de la Corée. Ses troupes entrent à Séoul. Il décide alors de s'attaquer à la Chine.
1593 : les Chinois étant venus au secours des Coréens, les Japonais perdent Séoul. Un fils naît à Hideyoshi. Le neveu de Hideyoshi, Hidetsugu, nommé son successeur, se révèle débauché et cruel.
1595-1597 : les troupes japonaises en Corée subissent revers sur revers. Hideyoshi, qui montre des signes d'aliénation mentale, contraint son neveu au suicide. En 1596, il nomme son fils (âgé de trois ans) kampaku. L'amiral coréen Li Sunshin, qui a inventé un bateau cuirassé, détruit la flotte japonaise. Hideyoshi réorganise alors sa flotte et envoie en 1597 100 000 hommes en renfort en Corée pour soutenir l'armée commandée par Konishi Yukinaga.
1598 : les Sino-Coréens refoulent les armées japonaises. Mort de Hideyoshi. Konishi traite avec les Chinois et abandonne la Corée. Tokugawa Ieyasu se pose en protecteur du jeune Hideyori, mais se voit confronté aux ambitions des autres seigneurs.
1600 : affrontement général entre les troupes fidèles à Tokugawa Ieyasu et les autres daimyo. À Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est vainqueur. Il fait exécuter les principaux chefs des armées adverses (parmi lesquels Konishi) et prend le pouvoir.
1601 : Ieyasu confisque les mines d'or, fait battre monnaie et oblige les villes à lui céder leurs privilèges.

1603 : Tokugawa Ieyasu établit son bakufu au centre de ses domaines, à Edo (aujourd'hui Tokyo), et s'y fait construire un château. Il monopolise le commerce de la soie et acquiert une fortune considérable. Il s'adjoint des hommes habiles : le confucéen Hayashi Razan (1583-1657), le navigateur anglais William Adams, dit Anjin (qui s'était échoué sur les côtes du Japon et que Ieyasu avait pris à son service afin qu'il créât une marine moderne), des marchands influents… Il divise ses vassaux en trois classes : les fudai, dépendant directement de lui et qui avaient combattu à ses côtés à Sekigahara, les hatamoto ou vassaux mineurs, dépendant aussi directement de lui, enfin les tozama ou « daimyo extérieurs », très surveillés et obligés de venir vivre à Edo pendant une partie de l'année. Le code de réglementation instauré par Hideyoshi est strictement appliqué.
1614-1615 : les seigneurs mécontents se regroupent autour d'Hideyori dans le château d'Osaka. Deux sièges permettent à Tokugawa Ieyasu d'abattre les rebelles. La forteresse est rasée et Hideyori contraint au suicide, ainsi que les principaux chefs des rebelles.
1616 : Ieyasu, blessé au cours du siège d'Osaka, meurt. Son fils, Tokugawa Hidetada, déjà intronisé shogun depuis 1605, lui succède. L'œuvre de Ieyasu a été immense et durable : il a unifié le pays et donné à celui-ci un gouvernement stable ; il a renoué des relations amicales avec la Chine des Qing, amélioré sa flotte de commerce et noué de fructueuses relations avec les pays du Sud-Est asiatique, et même l'Europe. Ayant tout d'abord favorablement accueilli les prêtres étrangers, il s'est vite aperçu de la collusion de ceux-ci avec les puissances militaires d'Europe, et il a interdit prosélytisme et construction d'églises, sans toutefois recourir à la persécution, comme l'avait fait Hideyoshi sur la fin de sa vie.
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)

1623-1624 : après avoir consolidé la position du bakufu, Hidetada laisse sa charge de shogun à son fils Iemitsu. Mais celui-ci renforce les interdits relatifs aux étrangers déjà promulgués par son père en 1616 : tous les ports japonais sont fermés aux navires européens, sauf ceux de Hirado et Nagasaki. Cependant, l'activité missionnaire reprenant dans l'île de Kyushu, Iemitsu recourt à la persécution, dès 1622. En 1624, les marchands portugais quittent le pays et les Anglais ferment leur comptoir à Hirado.
1637 : grande rébellion chrétienne et paysanne à Shimabara. Le bakufu réagit violemment, massacre les chrétiens de Shimabara et interdit aux navires portugais et espagnols d'aborder au Japon.
1639 : le pays est fermé aux étrangers, sauf aux Chinois et aux Hollandais, qui ont permission de rallier une partie du port de Nagasaki, Dejima (Deshima). Les bateaux japonais doivent être munis d'une autorisation spéciale pour aller en Chine, aux îles Ryukyu, en Corée ou dans le Sud-Est asiatique. Création de grandes routes (Tokaido). Le christianisme est pourchassé.
1651 : mort de Tokugawa Iemitsu. Tentative de coup d'État avortée. De nombreux hatamoto, appauvris, vivent de brigandage.
1657 : un incendie catastrophique détruit la ville d'Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est reconstruite sur un plan nouveau. Troubles chez les tozama, qui sont rapidement remis à la raison.
1680 : sous le shogun Tokugawa Tsunayoshi, la classe de marchands commence à prendre une très grande importance. Les daimyo sont parfois obligés de leur emprunter de quoi subvenir à leurs fastueuses dépenses.
1703 : incident de la « vengeance des 47 ronin » (samouraïs ayant quitté le service de leur maître et parcourant le pays en quête d'aventures) : le shogun les condamne à se suicider, mais cet événement va défrayer la chronique et inspirer d'innombrables récits et pièces de théâtre.
1709 : Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shogun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » instaurée par Tokugawa Ieyasu et adoucit la justice pénale. Les villes connaissent une grande prospérité et la classe des chonin (citadins) se développe.
1716 : plusieurs années de disette ont fait monter les prix et la situation économique est précaire. Le shogun Yoshimune tente des réformes agraires, fait irriguer de nouvelles terres et interdit les dépenses excessives.
1735 : Yoshimune fixe le prix du riz, mais les paysans, accablés par les impôts, se révoltent.
1764, 1765, 1773 : nouvelles et sanglantes révoltes paysannes.
1787 : le conseiller du shogun Ienari, pour rétablir la situation, chasse les fonctionnaires corrompus, assainit les finances et tente de repeupler les campagnes.
1792 : apparition de bateaux russes sur les côtes d'Hokkaido. La prospérité est revenue et les citadins jouissent d'une vie facile baptisée ukiyo (« monde flottant »).
1804 : l'amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois. Il ne reçoit pas l'autorisation de se rendre à Edo.
1808 : un navire anglais menace de bombarder Nagasaki si on lui refuse l'approvisionnement en eau et en vivres.
1825 : le shogun Ienari ordonne de détruire tout navire étranger mouillant dans un port japonais.
1832-1836 : série de famines suivies de révoltes paysannes.
1844 : le gouvernement hollandais demande au bakufu de cesser sa politique d'isolement.
1845-1846 : un navire anglais est bien accueilli à Nagasaki ; deux navires de guerre américains mouillent en rade d'Edo, mais ne peuvent entreprendre de pourparlers avec le bakufu.
1853 : l'Américain Matthew Calbraith Perry vient avec quatre bateaux de guerre apporter une lettre du président des États-Unis et annonce son intention de revenir l'année suivante chercher la réponse. Le pays se divise en anti-Occidentaux et pro-Occidentaux.
1854 : retour de l'amiral Perry. Le bakufu, effrayé, consent à ouvrir deux ports, Shimoda et Hakodate, et à recevoir un consul américain. Il doit signer des accords semblables avec la Grande-Bretagne, la Russie et la Hollande.
1856 : arrivée du consul américain Harris, qui est reçu en 1857 par le shogun Iesada.
1858 : une partie du pays se soulève, indignée des accords signés par le shogun avec les « barbares ».
1860 : li Naosuke, conseiller du shogun et partisan de l'ouverture du Japon, est assassiné. Le shogun demande conseil à l'empereur, aux côtés duquel se rangent les ennemis du bakufu.
1862-1863 : après l'assassinat d'un Anglais, la flotte britannique bombarde le port de Kagoshima.
1863 : un bateau américain ayant été attaqué par les canons du port de Shimonoseki, une escadre internationale prend la ville et oblige le daimyo du Choshu à payer une forte indemnité.
1864 : les partisans de l'empereur se révoltent à Kyoto et battent les troupes envoyées par le bakufu. Le shogun Yoshinobu offre sa démission à l'empereur en 1867. Un gouvernement provisoire est mis en place. Les partisans des Tokugawa tentent de résister, mais un soulèvement populaire abat leur résistance. Mutsuhito monte sur le trône et assume le pouvoir.
1868 : Mutsuhito transfère son gouvernement à Edo, rebaptisée en Tokyo. Une ère nouvelle commence, appelée Meiji ou « Époque éclairée ».
9. L'ère Meiji (1868-1912)

1868-1874 : l'empereur Mutsuhito procède à de profonds remaniements. Le pays est divisé administrativement en arrondissements, le peuple est organisé en nouvelles classes, enfin le droit au sabre est refusé aux samouraïs. La loi donne la propriété des terres aux paysans (1868), rétablit la liberté d'achat et de vente de celles-ci (1871), ainsi que la liberté du commerce intérieur et extérieur (1872-1873). L'impôt foncier est réformé (1872), des universités sont créées et le gouvernement est modernisé.
1874-1877 : Saigo Takamori et Eto Shimpei groupent les mécontents et se révoltent. L'armée impériale (créée en 1871) mettra trois ans à réduire les rebelles.
1885 : Mutsuhito supprime le Conseil impérial des Taira et institue un cabinet parlementaire de style occidental présidé par Ito Hirobumi.

Modernisation des moyens de transport
1889 : le 11 février, l'empereur promulgue une Constitution, mais les partisans de l'ancien régime sont encore nombreux et les assassinats politiques se succèdent. La Constitution donne des pouvoirs étendus à l'empereur, crée deux chambres législatives (diète), la Chambre des pairs, aux membres désignés par l'empereur, et la Chambre des représentants élus. Cette dernière assemblée sera réorganisée en 1900 et 1902. La justice est refondue sur des modèles français et allemands. L'armée et la marine sont modernisées, le service militaire obligatoire institué. De nombreuses lois accélèrent le processus d'occidentalisation du Japon. Des lignes de chemin de fer sont inaugurées entre les plus grandes villes, à partir de 1870. La population japonaise augmente rapidement.
1894 : à la suite d'un différend au sujet de la Corée, les forces japonaises débarquent en Chine. Elles l'emportent sur mer comme sur terre. Les Japonais envahissent Formose (Taïwan). La Chine signe le traité de Shimonoseki en 1895, qui consacre la victoire du Japon et, malgré la diplomatie occidentale, l'influence prépondérante de celui-ci en Corée.
1902 : le Japon, après avoir aidé les puissances occidentales contre la révolte des Boxeurs en Chine en 1900, conclut une alliance militaire avec l'Angleterre, alliance destinée à contenir les visées russes sur la Corée. Le tsar Nicolas II envoie 100 000 hommes en Mandchourie.
1904 : le Japon attaque la marine russe basée à Port-Arthur et débarque une armée en Corée et dans le Liaodong.
1905 : après d'âpres combats, le général russe Stoessel, qui commande Port-Arthur, est obligé de capituler. Les troupes japonaises avancent en Mandchourie. La flotte russe de la Baltique, envoyée en renfort, est détruite dans le détroit de Tsushima par les forces de l'amiral Togo. La Russie est obligée de concéder le droit de s'installer en Mandchourie et en Corée aux Japonais, et leur cède la moitié sud de l'île de Sakhaline. Ito Hirobumi est nommé résident en Corée et commence de « japoniser » ce pays. Au Japon même, où l'économie a fait un bond en avant énorme grâce aux deux guerres victorieuses, le jeu des partis s'installe au gouvernement, faisant alterner au pouvoir libéraux et conservateurs. Militaristes et libéraux s'affrontent, mais, en 1911, les militaristes finiront par l'emporter sur le cabinet temporisateur de Saionji.
Pour en savoir plus, voir les articles bataille de Tsushima, guerres sino-japonaises, guerre russo-japonaise.
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)
1912 : mort de Mutsuhito, désormais appelé Meiji tenno. Son fils, Yoshibito, âgé de 33 ans, accède au trône. Sous son règne, le jeu des partis continue. Katsura Taro (1847-1913) tentera d'imposer un pouvoir autoritaire. À sa mort, c'est l'amiral Yamamoto qui est chargé de former le nouveau gouvernement.
1914 : le Japon entre en guerre contre l'Allemagne et soutient les Alliés, de manière à avoir les mains libres en Chine.
1915 : le Japon envoie au dictateur chinois Yuan Shikai un ultimatum en 21 points. La Chine est obligée de céder, et la caste militaire triomphe.
1917 : le gouvernement provisoire russe ne reconnaît pas les accords passés avec le tsar. La Chine entre en guerre aux côtés des Alliés, ce qui met le Japon dans une situation délicate.
1918 : les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et s'opposent aux « rouges ». À la conférence de la paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au nord de l'équateur.
1919 : mort de l'ancien empereur de Corée. Les nationalistes coréens conduits par Syngman Rhee (Lee Sung-man) réclament le départ des Japonais et la liberté. La révolte est noyée dans le sang par les militaires japonais. Au Japon, les libéraux reprennent le pouvoir en alternance avec les militaristes.
1923 : un terrible tremblement de terre détruit entièrement Tokyo et Yokohama. L'empereur, de santé chancelante, a déjà nommé son fils, Hirohito régent depuis deux ans. La loi martiale est proclamée. Mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie.
1926 : mort de l'empereur Yoshihito, dont le nom devient Taisho tenno. Son fils Hirohito lui succède et nomme son règne « ère Showa » (« La Paix lumineuse »).
11. La montée du militarisme (1927-1937)

En signant les traités de Washington (1921-1922), qui entérinaient le statu quo entre les grandes puissances en Asie et dans le Pacifique et gelaient les armements navals pour dix ans, les politiciens japonais renonçaient à l'expansion coloniale. L'armée avait vu diminuer son influence de même que son budget. Mais, à la fin de l'ère Taisho, le Japon rentre dans une période de tourmente : corruption politique, poussée des « partis prolétariens », misère et violences rurales provoquées par la concentration des terres. En 1927, les militaires proposent comme solution de reprendre l'expansion coloniale (« mémoire Tanaka »). La crise de 1929 les convainc de passer à l'action. En novembre 1930, ils abattent le Premier ministre Hamaguchi, qui vient d'accepter la prolongation du gel des armements navals (traité de Londres). En septembre 1931, l'armée force la main du gouvernement en occupant la Mandchourie, en violation du système de Washington. Comme le monde des affaires refuse de souscrire un emprunt de défense nationale, le directeur général de Mitsui est assassiné en mars 1932 ; en mai, c'est le Premier ministre Inukai. Terrorisées, les élites civiles abandonnent de facto le pouvoir aux militaires ; la Constitution n'est pas violée. La Diète siège, et les élections se déroulent normalement. Mais l'empereur ne désigne plus que des Premiers ministres soumis aux militaires, qui forment des cabinets extraparlementaires que la Diète n'ose pas renverser. La question qui suscite de vives controverses est de savoir si l'empereur Hirohito est alors le complice actif des militaires ou leur otage.
Les militaires imposent au Japon une organisation de type totalitaire : fusion « volontaire » de tous les partis politiques dans l'Association pour le service du trône (1940), organisation corporatiste de l'économie, encadrement de la population par les 1 120 000 tonarigumi (groupes de voisinage), endoctrinement et répression de toute dissidence par la police secrète Kempeïtaï. L'idéologie repose sur le kokutai et sa vision d'une nation organique, pure, homogène et supérieure – mais sans la volonté systématique d'éliminer les races dites « inférieures » qu'on trouve dans le nazisme. La propagande puise pêle-mêle dans la mythologie shinto, l'éthique samouraï et le confucianisme.
L'empereur est placé au centre de tout. La survie du kokutai est indissociable de celle de sa lignée divine. La nation n'agit que par lui (il légitime le pouvoir exercé en son nom) et pour lui (tous ses sujets lui doivent dévouement jusqu'à la mort). Le tennosei (système impérial) est ainsi le principe actif du totalitarisme japonais. Mais, en même temps, son existence préserve, au cœur même du système, un espace sur lequel l'emprise totalitaire ne s'exerce pas, puisqu'un ordre impérial ne peut pas être contesté. Hirohito, quelle que soit son implication dans les agissements de l'armée, l'utilise pour protéger une « faction de la paix », qui s'organise au palais à partir de 1942, et, tout à la fin, pour mettre un terme à la guerre.
Comme les nazis à leurs débuts, les militaires dénoncent aussi le caractère « antinational » des grands groupes capitalistes (les zaibatsu). Mais, malgré les velléités de l'armée de promouvoir de nouveaux groupes (Nissan, Hitachi), les quatre grands zaibatsu ne feront qu'accroître leur emprise sur l'économie pendant la guerre.
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945
12.1. L'entrée en guerre
Dès 1932, les Japonais ont fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo, que la SDN et la Chine refusent de reconnaître. Le Japon quitte alors la SDN, et ses troupes entrent en Chine du Nord (1933). L'armée est divisée sur la stratégie à adopter ; une opération sur Shanghai tourne court (1934). Le 6 février 1936, les généraux proches du palais (faction du Contrôle) éliminent les jeunes officiers extrémistes de la faction de la Voie Impériale. La cohésion de l'armée et ses liens avec les élites civiles sont renforcés. Le 7 juillet 1937, l'offensive générale est lancée contre la Chine.
12.2. L'offensive générale


Franklin Delano Roosevelt, déclaration de guerre contre le Japon
C'est le début d'une fuite en avant. Les Japonais s'emparent des régions côtières et établissent à Nankin un gouvernement chinois à leur dévotion. Ils mènent une guerre de terreur (massacre d'au moins 200 000 civils à Nankin, en 1937). Mais Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) résiste dans l'intérieur du pays avec l'aide des communistes de Mao Zedong. Les Occidentaux, alarmés par la poussée japonaise vers leurs colonies, l'approvisionnent par la route de Birmanie. Les Japonais s'enlisent, mais la guerre en Europe et la défaite de la France (juin 1940) leur permettent d'envisager d'attaquer Jiang Jieshi par le sud. Ils se rapprochent de l'Axe (pacte tripartite de septembre 1940) et, sous la menace, obtiennent le droit de passer par l'Indochine française et d'en utiliser les ressources (riz, caoutchouc). Les États-Unis s'interposent alors et prennent des sanctions : gel des avoirs japonais, embargo sur le fer et le pétrole. Le Japon se prémunit contre une guerre sur deux fronts en signant un pacte de neutralité avec l'URSS (avril 1941). Le prince Konoe, Premier ministre, tente d'obtenir que Washington reconnaisse les acquis japonais. En octobre 1941, il est remplacé par le commandant en chef de l'armée, le général Tojo Hideki. Le 7 décembre, l'aéronavale japonaise détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
12.3. La capitulation
Après cette victoire, le Japon compte sur sa supériorité aéronavale pour s'emparer de l'Asie du Sud-Est et de ses matières premières, couper la route de Birmanie et s'établir dans les archipels au milieu du Pacifique afin de pouvoir ensuite discuter en position de force. Mais, après six mois de succès, durant lesquelles ses forces parviennent jusqu'aux portes de l'Inde et de l'Australie, il est mis en échec sur mer (îles Midway, juin 1942) et sur terre, à Guadalcanal.
En 1943, les Américains contre-attaquent. La prise de Saipan (juillet 1944) leur permet de bombarder l'archipel qu'ils coupent de l'Asie du Sud-Est en reprenant les Philippines (octobre). Le 1er avril 1945, ils débarquent en terre japonaise, à Okinawa, et prennent l'île au terme de furieux combats (49 000 soldats américains, 110 000 soldats et 150 000 civils japonais tués), marqués par l'utilisation massive des kamikazes.

Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945
Le Japon est à bout de forces. Tojo a quitté le gouvernement après la perte de Saipan. Tokyo essaye de négocier une reddition sans occupation ni représailles. Il faut la bombe atomique (Hiroshima, 6 août ; Nagasaki, 9 août) et l'entrée en guerre de l'URSS (8 août) pour que l'empereur impose la capitulation aux ultras et l'annonce à la nation (15 août). Le 30 août, le général Douglas MacArthur atterrit à la tête des unités d'occupation. Hirohito, que les Américains ont préféré maintenir en place, tirera lui-même un trait sur l'idéologie militariste en dénonçant à la radio « l'idée erronée selon laquelle l'empereur est divin et le peuple japonais supérieur aux autres » (1er janvier 1946).
Deux millions de soldats et près de 700 000 civils ont péri. Les grandes villes (sauf Kyoto) sont presque anéanties. La production industrielle est à 10 % de son niveau de 1940. Six millions de soldats et de colons sont rapatriés en désordre. Le pays est à reconstruire.

 

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ARGENTINE

 

Argentine
en espagnol Argentina


Nom officiel : République argentine

Pour avoir une vue d'ensemble sur l'Amérique, consultez en priorité les articles suivants du dossier en cliquant sur celui de votre choix :
Amérique
Amérindiens
Argentine
Brésil
Canada
États-Unis
Mexique
nouveaux pays industrialisés (NPI)

État d'Amérique du Sud baigné à l'est par l'océan Atlantique, l'Argentine est limitée au nord par la Bolivie et le Paraguay, à l'est par le Brésil et l'Uruguay, à l'ouest par le Chili.
C'est un État fédéral constitué de 22 provinces (Buenos Aires, Catamarca, Chaco, Chubut, Córdoba, Corrientes, Entre Ríos, Formosa, Jujuy, La Pampa, La Rioja, Mendoza, Misiones, Neuquén, Río Negro, Salta, San Juan, San Luis, Santa Cruz, Santa Fe, Santiago del Estero et Tucumán) auxquelles s'ajoutent un Territoire (Terre de Feu) et le District fédéral de la capitale, Buenos Aires.
Superficie : 2 780 000 km2
Nombre d'habitants : 41 446 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Argentins
Capitale : Buenos Aires
Langue : espagnol
Monnaie : peso argentin
Chef de l'État : Mauricio Macri
Chef du gouvernement : Marcos Peña
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Entrée en vigueur : 1er mai 1853
Révisions : 1860, 1866, 1898, 1957, 1994
Pour en savoir plus : institutions de l'Argentine
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ARGENTINE

En dehors de sa bordure occidentale, montagneuse, appartenant à la cordillère des Andes, l'Argentine, grande comme cinq fois la France, est formée de plateaux au sud (Patagonie), de plaines à l'est (Pampa) et au nord (Chaco). Le climat, subtropical au nord, devient tempéré vers le Río de la Plata, froid en Patagonie et dans la Terre de Feu. Les produits de l'agriculture et de l'élevage (céréales, soja, vins, sucre, viande, peaux, laine) et le tourisme sont les fondements d'une économie qui, longtemps handicapée par un lourd endettement, alterne phases de croissance et crises graves (crise financière de 2001-2002 notamment). Le sous-sol recèle du pétrole et du gaz naturel, ainsi que de l’uranium. L'industrie est présente principalement vers Buenos Aires, dont l'agglomération concentre le tiers de la population du pays, peu densément peuplé dans son ensemble.

 

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BOLIVIE

 

Bolivie
en espagnol Bolivia


État d'Amérique du Sud, la Bolivie est limitée au nord et à l'est par le Brésil, au sud-est par le Paraguay, au sud par l'Argentine et à l'ouest par le Chili et le Pérou.
Superficie : 1 100 000 km2
Nombre d'habitants : 10 671 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Boliviens
Capitales : Sucre et La Paz (siège du gouvernement)
Langues : espagnol et 36 langues indigènes, dont aymara et quechua
Monnaie : boliviano
Chef de l'État : Evo Morales Ayma
Chef du gouvernement : Evo Morales Ayma
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
Entrée en vigueur : février 2009
Pour en savoir plus : institutions de la Bolivie


GÉOGRAPHIE
État continental, la Bolivie juxtapose deux régions s'opposant par le milieu naturel et l'occupation humaine : les Andes, d'une part, et l'Oriente (70 % du pays, d'autre part).
L'Est (Oriente), à la population très clairsemée, appartient à l'Amazonie forestière. L'Ouest, andin, région de hauts plateaux (3 000 et 4 000 m), concentre la majeure partie de la population (amérindienne ou métissée) et les principales villes (dont La Paz). L’agriculture associe élevage et cultures (pommes de terre, orge, mais aussi coca, source d’une importante économie parallèle). L’industrie minière (étain, argent, tungstène), aujourd'hui en crise (sauf pour le lithium, prometteur), est relayée par l’exploitation des gisements de gaz naturel (surtout) et de pétrole. Mais le revenu moyen par habitant reste très bas.
1. Les milieux naturels

Dans les Andes, deux cordillères encadrent une série de hauts plateaux, l'Altiplano. À l'est (cordillères Royale et d'Apolobamba), des volcans enneigés dépassent 6 000 m d'altitude : Ancohuma, Illimani, Illampu. De profondes vallées et des bassins faillés (Cochabamba) entaillent le versant amazonien très abrupt. L'étagement de la végétation y fait apparaître, au-dessus de la forêt sempervirente et des cultures tropicales (coca, café, canne à sucre, agrumes), un étage tempéré (Yunga), entre 1 500 et 2 700 m, puis une forêt dense, dégradée par l'excès d'humidité, avec fougères arborescentes et bambous. Dans la cordillère occidentale, de grands volcans (Sajama) dominent de hauts plateaux volcaniques désertiques.

L'Altiplano est formé d'une série de hauts bassins séparés par des chaînons plissés. Celui du lac Titicaca (3 800 m) a des dépôts tertiaires et quaternaires, lacustres et fluviatiles. Le Desaguadero l'unit au lac Poopó, puis se déverse dans le salar de Uyuni. Le climat tropical est altéré par la sécheresse (de mai à novembre) et l'altitude (forts écarts thermiques quotidiens, gelées nocturnes). Le Nord reçoit 600 mm de précipitations (9,8 °C de moyenne annuelle à La Paz) et le Sud seulement 200 mm. La steppe à ichu au-dessus de 3 700 m (étage froid de la puna) fait place, à l'ouest et au sud, à des croûtes salines et à une végétation désertique, avec des touffes de llareta et de tola.
L'Oriente est un ensemble de régions basses (inférieures à 500 m) et humides. Au nord, les plaines du Madre de Dios, du Beni, du Mamoré associent la forêt sempervirente à des savanes arborées, tandis que le Sud (plaine du Chaco), situé dans la diagonale aride de l'Amérique du Sud, a un climat plus frais et plus sec, avec une forêt claire à épineux.
2. Une population indienne
La Bolivie est le plus indien des pays de la cordillère des Andes. Les Quechuas représentent 25 % de la population totale, les Aymaras 17 %, les métis 30 %, les Blancs 12 %. La densité moyenne, de 7 habitants par km2, est parmi les plus faibles de l'Amérique latine. La majorité des Boliviens vivent encore dans les hautes terres et les vallées de l'Altiplano, même si les fronts pionniers ont transféré une bonne partie de la population vers le piémont oriental.
L'accroissement de la population se maintient à un rythme soutenu depuis plusieurs décennies : 2,2 % par an entre 1965 et 1970 ; 2,3 % entre 2000 et 2005. Si le taux de mortalité infantile a baissé de 163 à 56 ‰, il reste l'un des plus élevés du continent et, en 1990, 40 % des enfants âgés de moins de 5 ans présentaient des signes de dénutrition chronique. La population est très jeune, 40 % des Boliviens ayant, à ce jour, moins de 15 ans. L'espérance de vie (63 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes) est parmi les plus courtes de l'Amérique latine. Le taux de population urbaine dépasse les 60 %, mais la Bolivie conserve un caractère encore fortement rural.
3. Une économie en faillite

La Bolivie, condamnée à l'enclavement continental dès le xixe s., possède l'un des produit intérieur brut les plus bas du continent. Depuis l'époque coloniale, la structuration de son espace s'est opérée par des cycles successifs d'exploitation économique. L'argent autour de Potosí et de Sucre (1545-1650) et l'étain autour de La Paz (1880-1986) ont fait de l'Altiplano le centre économique du pays. Celui-ci s'étend, à partir de 1950, au piémont oriental, autour de Santa Cruz, qui, grâce aux hydrocarbures et à la colonisation rurale, devient l'une des régions les plus dynamiques. La « Bolivie utile » se résume, en fait, à ce tiers du territoire, même si le cycle de l'hévéa (1880-1910), autour de Trinidad, a permis à cette ville de devenir une petite capitale régionale.
L'agriculture est composée, excepté dans la région sud-est, de petites exploitations agricoles travaillant selon des méthodes anciennes. Ces microfundia fournissent 80 % des produits destinés au marché intérieur. Autour de Santa Cruz s'est récemment développée une agriculture commerciale mécanisée. Disposant d'investissements brésiliens et argentins, elle produit principalement du soja. Toutefois, la plupart de ces terres chaudes sont occupées par la culture du coca.
L'industrie occupe une place mineure dans l'économie du pays. Sous-développée, elle produit essentiellement pour le marché interne. Le secteur minier était le secteur le plus dynamique. La chute des cours mondiaux de l'étain, de l'argent et d'autres produits du sous-sol a été catastrophique et l'industrie minière ne fournit plus que le tiers des recettes d'exportation. La Bolivie reste néanmoins le quatrième producteur mondial d'étain. En revanche, l'exportation de gaz naturel croît.
L'économie informelle absorberait 60 % de la population active urbaine et que deux tiers de la population vivraient, directement ou indirectement, de la culture du coca et du trafic de drogue. La production de la cocaïne est ainsi devenue la première activité économique du pays.
La balance commerciale est déficitaire. Les oléoducs vers le Brésil ont permis au gaz naturel de devenir l'un des premiers produits d'exportation. Les principaux partenaires commerciaux de la Bolivie sont les pays voisins, suivis de l'Europe et des États Unis.
Depuis 1997, la Bolivie est associée à la zone de libre-échange que constitue le Mercosur (Mercado Comun del Sur, « marché commun du Sud »).
HISTOIRE
1. Formation et blocages de l'État bolivien
1.1. Des origines à l'indépendance
Une longue histoire

Avant que le conquistador espagnol Francisco Pizarro n'impose l'autorité de Charles Quint en 1538, le territoire de l'actuelle Bolivie possédait déjà une longue histoire.
Sur le haut plateau des Andes centrales, la civilisation de Tiahuanaco (600 avant J.-C.-1200 après J.-C.) est remplacée par le royaume des Collas (xiiie-xve siècles), conquis ensuite par l'Empire inca (1438).
La « montagne d'argent » : l'une des plus riches possessions de l'Empire colonial espagnol
Soumis à la domination espagnole, le Haut-Pérou, comme on nommait cette région à l'époque, connaît un développement important à partir de 1544 grâce à la découverte d'immenses gisements d'argent. L'exploitation intensive des mines fait rapidement du pays la plus riche colonie minière de l'Empire espagnol et du monde. La ville minière de Potosí (fondée en 1545) en particulier, parmi les autres villes coloniales (Paria, 1535 ; Tupiza, 1536 ; Chuquisaca [aujourd'hui Sucre] 1539 ; La Paz, 1548), connaît un essor extraordinaire. Entre 1575 et 1620, date de son apogée, elle est la plus grande ville du continent, d'où rayonnent de nombreux chemins muletiers. Une vaste zone, s'étendant du Pérou au nord de l'Argentine, travaille pour la « montagne d'argent ».
La lutte pour l'indépendance
Le sort du Haut-Pérou, organisé en audiencia de Charcas depuis 1551 et rattaché à la vice-royauté du Pérou, est similaire à celui des mines de Potosí. Au déclin économique, qui s'installe à partir des années 1630 et qui se prolonge jusqu'à la fin de la période coloniale, s'ajoute la misère de la main-d'œuvre indienne. Soumis aux tâches agricoles serviles, aux travaux forcés dans les mines (la mita) ou dans les ateliers textiles (les obrajes), aux achats imposés d'un certain nombre de produits (le reparto), les Indiens se révoltent, sous la conduite du métis José Gabriel Condorcanqui Noguera. Celui-ci, se proclamant héritier légitime du dernier Inca, se fait appeler Túpac Amaru II, et lance en 1780 une insurrection qui se répand dans l'ensemble du monde andin colonial. Túpac Amaru II, fait prisonnier l'année suivante, est exécuté, mais la révolte continuera, longtemps, à hanter l'imaginaire des couches dominantes.
Au début du xixe siècle, lors des guerres d'indépendance qui embrasent l'Amérique latine, l'audiencia de Charcas, rattachée à la vice-royauté du Río de la Plata depuis 1776, reste loyaliste. Elle repousse plusieurs offensives argentines avant que les armées de Simón Bolívar, commandées par le général Antonio José de Sucre, ne lui imposent l'indépendance, en août 1825.
1.2. La République de Bolivie (1825-fin du xixe siècle)
Simón Bolívar
Proclamée par une poignée de créoles, la république ne change en rien le sort de la majorité de la population mais profitera aux propriétaires d'haciendas. Elle porte le nom de son premier président, Simón Bolívar, qui est aussi le président de la Grande-Colombie, fédération qui regroupe les actuels Venezuela, Colombie, Panamá et Pérou. Le général Sucre, le vice-président, détient en fait la réalité du pouvoir sur le pays.
La confédération Pérou-Bolivie (1836-1839)
Après l'échec de la fédération en 1828, le général Andrés Santa Cruz (1829-1839) crée la fragile confédération Pérou-Bolivie, détruite militairement en 1939 par le Chili.
Instabilité politique
Le pays connaît alors, jusqu'à 1880, une période de coups d'État à répétition. Ils sont dirigés par ceux que l'on appellera les « caudillos barbares » (Manuel Belzú, de 1848 à 1855 ; Mariano Melgarejo, de 1864 à 1871 ; Hilarión Daza, 1876-1880), pour qui le pouvoir est le moyen d'un enrichissement personnel. C'est aussi l'époque d'un certain renouveau économique, caractérisé par des productions spéculatives successives (quinine de 1830 à 1850, guano et nitrate de 1868 à 1878, argent de 1870 à 1890) qui, comme à l'époque coloniale, profitent surtout à l'étranger. La fructueuse exploitation des mines d'étain dans les années 1890 dans la région d'Oruro donne naissance à une nouvelle oligarchie qui s'oppose à celle, traditionnelle, de Sucre, capitale déclinante. Une guerre civile s'ensuit (1898-1899) et les vainqueurs imposent La Paz comme nouveau siège du gouvernement.
1.3. Les guerres et leurs conséquences
De la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle, trois conflits armés entraînent une réduction considérable du territoire de la Bolivie, qui est amputé de 1,2 million de km2, soit la moitié de sa surperficie.
En premier lieu, la guerre du Pacifique aux côtés du Pérou (1879-1883) prive le pays, au profit du Chili, d'un littoral riche en nitrate et le condamne à un enclavement continental. Puis, les expéditions contre les séparatistes soutenus par le Brésil (1903-1904) lui ôtent, en faveur de celui-ci, la région amazonienne d'Acre, riche en gommes et en bois précieux. Enfin, après la guerre contre le Paraguay (→ guerre du Chaco, 1932-1935), la Bolivie perd la plus grande partie de la région du Chaco, réputée pétrolifère.
Cette guerre du Chaco change profondément le destin politique du pays. La Bolivie était, depuis le début du siècle, gouvernée par une élite urbaine restreinte, groupée, à partir des années 1920, au sein du parti républicain (conservateur), qui dominait la paysannerie indienne asservie des campagnes et une population urbaine d'artisans métis. Le pays avait bénéficié d'une certaine prospérité économique, due à l'exploitation pétrolière, à laquelle la crise de 1929 met fin brusquement.
Après la défaite du Chaco, qui prend l'aspect d'une catastrophe nationale, de jeunes officiers, héros de cette guerre (José David Toro, Germán Busch et, plus tard, Gualberto Villarroel) occupent à intervalles le pouvoir. Ils mènent l'offensive contre la vieille oligarchie, liée aux investissements nord-américains : nationalisation des concessions de la Standard Oil en 1937, création des syndicats de mineurs, congrès indigène de 1945. De nouveaux partis naissent : le parti de la Gauche révolutionnaire (marxiste), le parti ouvrier révolutionnaire (trotskiste), la Phalange socialiste bolivienne (inspirée de la Phalange espagnole) et, surtout, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR).
2. La Bolivie contemporaine
2.1. Révolution et dictatures (1952-1982)
Les réformes du MNR
La stabilisation des prix de l'étain aux États-Unis en 1951, après la flambée due à la guerre de Corée, entraîne une grave crise économique. En 1952, une révolution amène au pouvoir le MNR, qui compte sur l'appui des classes moyennes, des paysans et des mineurs. Les gouvernements révolutionnaires de Victor Paz Estenssoro (1952-1956 et 1960-1964) et de Hernán Siles Zuazo (1956-1960) réalisent d'importantes réformes : nationalisation de trois grandes compagnies minières, réforme agraire, droit de vote aux Amérindiens, création d'une centrale ouvrière (COB) et de milices paysannes et ouvrières.
Dictatures militaires
Le coup d'État militaire de novembre 1964 met fin à l'expérience populiste et réformiste d'un MNR miné par l'éclatement des diverses forces qui le composent. Il ouvre une phase d'instabilité chronique, durant laquelle les gouvernements militaires se succèdent. La dictature du général René Ortúno Barrientos (1964-1969) doit affronter non seulement les forces de gauche, mais aussi l'aile nationaliste de l'armée. C'est l'époque où la guérilla d'Ernesto « Che » Guevara, essentiellement rurale, s'exporte dans les Andes. En octobre 1967, l'armée bolivienne, soutenue par les États-Unis, abat le Che.
Après les intermèdes des militaires Ovando Candía (1969-1970) et Juan José Torres (1970-1971), un nouveau soulèvement militaire, soutenu par l'Argentine et le Brésil, porte au pouvoir le général Hugo Banzer Suárez. En 1974, par une série de décrets, le régime se durcit : les activités politiques et syndicales sont suspendues, les grèves interdites. Si l'économie jouit d'une certaine stabilité, le niveau de vie est l'un des plus bas de l'Amérique latine ; les paysans sont sous-alimentés, la mortalité infantile ne cesse de croître et la moitié de la population est analphabète. Une situation que la crise économique de la fin des années 1970 ne fait qu'aggraver.
2.2. Liberté politique et libéralisation de l'économie (1982-2006)
Le retour des civils au pouvoir
L'organisation d'élections en 1978 ne permet pas pour autant le retour à la démocratie. Une série de putschs militaires se succèdent, parmi lesquels le coup d'État du général Luis García Meza Tejada en 1980, qui est suivi d'une violente répression contre les organisations populaires. L'instabilité du régime, associée à la crise de la dette extérieure et aux implications des militaires dans le trafic de cocaïne, provoque le retour des civils au pouvoir.
En 1982, Hernán Siles Zuazo, chef de la coalition de gauche Union démocratique et populaire (UDP), est élu à la présidence. Confronté à une économie à la dérive et minée par la corruption et le narcotrafic, il tente de créer un gouvernement d'union populaire incluant des communistes. Mais les trois années de gouvernement UDP se soldent par un échec : l'action gouvernementale est paralysée par les dissensions internes, les pressions de l'opposition de droite, majoritaire au Congrès, et du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que par une agitation sociale croissante. La COB (centrale ouvrière) retire progressivement son soutien et, en mars 1985, les mineurs occupent La Paz. Hernán Siles Zuazo, éclaboussé par des implications dans le trafic de drogue, et de plus en plus isolé politiquement, appelle à des élections générales anticipées.
La Nouvelle Politique économique
Celles-ci donnent, en juillet 1985, la victoire au candidat de l'Action démocratique nationaliste (ADN, fondée en 1979), l'ex-dictateur Hugo Banzer Suárez, qui arrive en tête du premier tour avec 28,5 % des voix précédant de peu le vieux leader du MNR, Victor Paz Estenssoro (26,49 %). Cependant, à l'issue du second tour devant le Congrès, c'est ce dernier qui est élu.
Pour sortir le pays d'une situation économique catastrophique – liée à la baisse des cours de l'étain –, le gouvernement Estenssoro conclut une alliance avec l'ADN, et lance une Nouvelle Politique économique, ultralibérale : libéralisation totale des échanges, privatisation ou démantèlement des entreprises publiques (mines, télécommunications, transports, eau, électricité, pétrole et gaz) blocage des salaires et liberté des prix. La restructuration de la Corporation minière bolivienne (Comibol) et le transfert des mines d'étain au privé (25 000 mineurs mis à pied) entraînent un important accroissement du chômage, qui touche 20 % de la population. En 1987, une réforme monétaire institue une nouvelle monnaie, le boliviano.
En août 1989, le Congrès porte au pouvoir Jaime Paz Zamora, candidat social-démocrate du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, Movimiento de la Izquierda Revolucionaria, apparu à la fin des années 1970), arrivé en troisième position lors du scrutin de mai, mais qui bénéficie de l'appui de l'ADN de l'ancien président H. B. Suárez. J. P. Zamora poursuit l'orientation néolibérale de la politique économique de son prédécesseur. Celle-ci permet à la Bolivie d'assainir son économie, mais au prix d'un coût social considérable puisque trois millions de Boliviens souffrent de sous-alimentation et 600 000 autres vivent de la culture traditionnelle du coca et du trafic de cocaïne.
En 1993, Gonzalo Sánchez de Lozada (MNR) remporte l'élection présidentielle de juin, devançant une nouvelle fois H. B. Suárez, pourtant soutenu par le MIR. Le Congrès le confirme le 6 août à la tête de l'État. Une première dans l'histoire du pays, la vice-présidence revient à une personnalité d'origine indigène, Victor Hugo Cardenas (Indien aymara). G. Sánchez de Lozada procède à une réforme constitutionnelle (mandat présidentiel de 5 ans, concentration du pouvoir exécutif) et annonce un vaste programme de décentralisation administrative et de privatisations qui se heurte à l'opposition des syndicats, des fonctionnaires, des enseignants et des paysans, dont le niveau de vie ne cesse de se dégrader (grève générale en mars 1996).
L'émergence d'une nouvelle gauche indigène
Lors de l'élection présidentielle de 1997, l'ancien dictateur au pouvoir de 1971 à 1978, H. B. Suárez, est élu. Sous la pression des États-Unis, il applique un programme d'éradication de la culture du coca, responsable de la ruine de centaines de milliers de cocaleros. Une grave crise politique, économique et sociale secoue le pays au cours de l'année 2000 : à la suite de l'augmentation du prix de l'eau à Cochabamba, la mobilisation des paysans pour la défense de la culture traditionnelle du coca, de la terre et de l'eau s'étend à tout le pays. L'état de siège est décrété pendant un mois, le gouvernement démissionne. Gravement malade, le président H. B. Suárez démissionne à son tour en août 2001 et remet le pouvoir au vice-président, Jorge Quiroga Ramírez.
Lors des élections générales du 30 juin 2002, le candidat libéral et ex-président G. Sánchez de Lozada remporte le premier tour de l'élection présidentielle avec 22,5 % des suffrages, devant l'Amérindien aymara Evo Morales Ayma (20,9 % des voix), leader syndical de six fédérations de cocaleros, et dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS, extrême gauche) – une confédération informelle d'organisations sociales –, fondé en 1999. À l'issue du scrutin législatif, le MAS devient la deuxième formation du Congrès avec 35 députés (sur 130) et 8 sénateurs (sur 27). Le Mouvement indigène Pachakuti (MIP) de Felipe Quispe Huanca, qui représente l'aile radicale de la communauté indienne, obtient 6 sièges.
Cette percée de l'extrême gauche marque un tournant dans la vie politique du pays. Elle illustre l'émergence – face à la vieille gauche du MIR, transformé en parti néolibéral largement corrompu et ayant apporté son soutien à l'ancien dictateur H. B. Suárez –, d'une nouvelle gauche indigène, paysanne et ouvrière, luttant par le biais de multiples associations – la Confédération syndicale unitaire des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), le Mouvement sans terre de Bolivie (MST-B), la Fédération des comités de voisinage (Fejuves) – pour que soient reconnues les revendications de la majorité amérindienne n'ayant jamais été impliquée dans la vie politique du pays et vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
Confirmé à la tête de l'État, le 6 août, G. Sánchez de Lozada est aussitôt confronté à un mouvement social, lancé en septembre 2003 à l'appel de la COB, pour protester contre l'exportation de gaz naturel vers les États-Unis via le Chili. Violemment réprimé, le mouvement, dont l'épicentre est El Alto (cité-dortoir surplombant La Paz) gagne l'ensemble du pays, prend une ampleur politique, syndicats et opposition exigeant désormais la démission du président. Après un mois d'affrontements meurtriers entre l'armée et les manifestants (80 morts, 500 blessés), G. Sánchez de Lozada démissionne et se réfugie aux États-Unis (17 octobre).
Le vice-président Carlos Mesa est désigné par le Congrès pour lui succéder. Appuyé par le MAS de E. Morales, il organise le 18 juillet 2004 un référendum sur la réorganisation du secteur des hydrocarbures, au cours duquel la population se prononce massivement pour sa récupération. Le projet divise le pays : en septembre, le président dépose un projet de loi sur les hydrocarbures permettant d'augmenter les royalties imposées aux sociétés étrangères. En novembre, les députés adoptent un texte qui prévoit la nationalisation des gisements et dispose la révision des 76 contrats signés depuis la privatisation de 1997 : le texte est condamné par les départements de Santa Cruz, siège des compagnies pétrolières étrangères, et de Tarija, où se trouvent 80 % des hydrocarbures en exploitation, qui réclament leur autonomie.
Invoquant l'agitation sociale grandissante, C. Mesa remet sa démission au Parlement, qui la refuse (mars) avant de proposer la tenue d'élections générales anticipées pour le 28 août. Entre-temps, les députés adoptent un projet de loi, qui établit à 18 % les royalties et à 32 % les impôts, sans compensations ni déductions. Ce projet – plus contraignant que celui du président mais moins radical que celui du leader du MAS, E. Morales, qui exige 50 % de royalties – est voté par le Congrès le 5 mai. En dépit du veto opposé par le président, la loi est promulguée le 17 mai par le Congrès. La COB et la Fejuve d'El Alto, partisans d'une nationalisation pure et simple du pétrole et du gaz, se mobilisent.
Outre le débat sur les ressources du sous-sol, la Bolivie est divisée sur le degré d'autonomie de ses régions. L'initiative prise par les « comités civiques » des départements de Santa Cruz (Est), Tarija (Sud), Beni (Nord-Est) et Pando (Nord) de convoquer un référendum sur l'autonomie régionale le 12 août est perçue avec suspicion par d'autres départements.
Le paysage politique est, lui aussi, sujet à une fragmentation, manifeste lors des élections municipales (décembre 2004), à l'occasion desquelles les Boliviens ont délaissé les partis traditionnels – MNR, MIR –, sortis laminés au profit des candidats indépendants. En juin 2005, après trois semaines d'agitation sociale doublée d'une crise politique, C. Mesa annonce sa démission. Ayant validé cette dernière, le Congrès investit provisoirement à la tête de l'État le président de la Cour suprême, Eduardo Rodríguez Beltzé. Les élections générales de décembre 2005 voient la victoire du candidat du MAS, E. Morales, avec 53,7 % des voix, devant le candidat de la droite, l'ancien président J. Quiroga Ramírez (28,5 %). Disposant d'une majorité de députés à l'Assemblée nationale (72 sur 130), le MAS est, en revanche minoritaire au Sénat avec 12 sièges, derrière la droite (Podemos, 13 sièges). Le sociologue Álvaro García Linera (MAS) prend la fonction de vice-président.
2.3. La présidence d'Evo Morales (2006-)

Tandis que la Bolivie rejoint le Venezuela et Cuba au sein de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (avril 2006), Evo Morales fait adopter son programme de nationalisation du secteur des hydrocarbures (mai) et de réforme agraire (novembre). Bien que ménageant les intérêts des compagnies pétrolières et s'attaquant en priorité aux grandes propriétés improductives « ne remplissant pas de fonction économique et sociale », ces mesures suscitent l'hostilité des oligarchies et la mobilisation des opposants. Le projet de nouvelle Constitution, qui officialise ces dispositions et ouvre surtout la voie à une transformation du système politique au profit des communautés amérindiennes, adopté en décembre 2007 sans la participation de l'opposition qui la juge trop étatiste et indigéniste, achève d'exacerber les tensions.
L'épreuve de force avec l'opposition
Un violent conflit s'ouvre dès lors entre le pouvoir central et cinq départements : en mai 2008, le département de Santa Cruz (le plus riche du pays) se prononce massivement par référendum en faveur de son autonomie et les autorités du Beni, de Pando et de Tarija (les trois autres départements de la « demi-lune »), suivent l'exemple en juin. Le 10 août, afin de clarifier la situation politique, les mandats du président, du vice-président et de 8 « préfets de département » (gouverneurs élus) sont remis en jeu lors d'un référendum révocatoire : E. Morales et A. García Linera sont confirmés dans leurs fonctions par plus de 67 % des électeurs (au niveau national), mais les gouverneurs des départements autonomistes obtiennent également de très bons scores et refusent de céder.
Le dialogue entre les deux camps s'avère impossible et une grève générale (ayant pour revendication officielle la restitution aux départements des recettes issues de l'impôt sur les hydrocarbures que le gouvernement entend affecter à l'aide aux personnes âgées) paralyse la moitié du pays ; des affrontements entre opposants et partisans du président font plusieurs morts dans le département de Pando, dont le gouverneur est arrêté et où l'état de siège est proclamé en septembre.
Grâce à la médiation de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR, une instance économique et politique régionale, créée en mai 2008 et visant, à court terme, à éviter de saisir l'Organisation des États américains [OEA], dont font partie les États-Unis) qui manifeste son soutien à E. Morales (lequel a fait expulsé l'ambassadeur américain, accusé de soutenir l'opposition), le gouvernement et les préfets autonomistes du Beni, de Tarija, Santa Cruz et Chuquisaca entament finalement des négociations le 18 septembre. Après une légère révision du projet constitutionnel – le président acceptant notamment de ne se représenter que pour un seul mandat – la nouvelle Constitution est finalement approuvée le 25 janvier 2009 avec 61,43 % de « oui » au niveau national ; elle est, en revanche, largement rejetée dans les provinces rebelles de Tarija, du Beni, de Pando et de Santa Cruz (entre 56 % et 67 % de « non » selon le département).
Dans l'attente d'élections générales prévues en décembre, la tension demeure très vive dans le pays, alors que E. Morales promulgue le texte le 7 février, s'engageant à l'appliquer par décret si le Congrès s'y refuse.
La réélection de Morales et la mise en place du nouvel État plurinational
Le 6 décembre 2009, Evo Morales est très largement réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle avec plus de 62 % des suffrages devant Manfred Reyes Villa, candidat de la coalition de droite Plan Progreso para Bolivia-Convergencia Nacional (PPB-CN), qui n'obtient que 27 % des voix. Avec plus de 64 % suffrages, le MAS s'assure la majorité des deux tiers dans les deux chambres de la nouvelle « Assemblée législative plurinationale », progressant même fortement dans les quatre départements rebelles de la partie orientale du pays.
Par ailleurs, plusieurs référendums sont organisés : les départements de La Paz, Chuquisaca, Cochabamba, Oruro et Potosí votent massivement en faveur de leur autonomie, la province du Gran Chaco, dans le département de Tarija, se prononce pour sa régionalisation et onze municipalités sur les douze consultées décident leur transformation en « territoires indigènes originaires paysans ». Le 22 janvier 2010, après avoir été intronisé la veille « chef spirituel » du pays au cours d'une cérémonie traditionnelle et prononcé pour la première fois un discours en quechua et en aymara, Evo Morales est officiellement investi par l'Assemblée. La création du nouvel « État plurinational » est ainsi proclamée, tandis qu'un gouvernement paritaire est constitué.
Sont alors adoptées les grandes mesures fondatrices du nouvel État dont la loi sur les autonomies en mai, après des élections municipales, départementales et régionales (avril) qui confortent la majorité présidentielle avec 6 gouverneurs sur 9 et plus de 220 mairies sur 337.
Un président sur la défensive
Cependant, l’opposition reste puissante dans ses bastions orientaux, et le MAS essuie également quelques revers électoraux dans certains de ses fiefs de l’Altiplano. Il est en particulier contesté au centre gauche par le « Mouvement sans peur » (MSM, créé comme organisation citoyenne en 1999), avec lequel il a rompu et qui remporte la mairie de La Paz. Parallèlement, la loi anti-corruption entre en vigueur (mars 2010), tandis qu’est poursuivie la politique de nationalisation dans le secteur de l’électricité (mai).
Autre source de préoccupation pour le pouvoir, ses relations avec la Centrale ouvrière bolivienne (COB), l’un de ses principaux alliés. Celles-ci montrent certains signes de refroidissement à l’occasion de la fête du 1er mai, habituellement l’occasion pour Evo Morales de célébrer l’union entre l’État et les travailleurs du pays qui, cette année, se mobilisent dans l’industrie, la police et la santé pour réclamer des hausses de salaires. Les mécontentements culminent en août dans le département de Potosí avec une grève générale des mineurs : ce mouvement, parti d’une revendication d’ordre territorial, s’étend pour réclamer des mesures de développement en faveur de cette région, où plus de 60 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, et parvient à faire céder le gouvernement.
Par ailleurs, incité à montrer davantage de fermeté contre le trafic de stupéfiants, le président doit en même temps tenir compte des pressions des cocaleros dont il reste l’un des dirigeants syndicaux. Comme l’illustrent aussi la vigilance et l’impatience des organisations indigènes fédérées dans la CIDOB à l’origine d’une marche pour la terre déclenchée en juillet, il doit ainsi répondre aux revendications de ceux qui l’ont porté au pouvoir, au-delà des mesures avant tout symboliques comme la loi très sévère contre le racisme promulguée en octobre. Ce qui explique peut-être la décision plus spectaculaire prise en décembre, en concertation étroite avec la COB, de nationaliser les fonds de pension et d’abaisser l’âge de la retraite de 65 à 58 ans pour les hommes, et de 60 à 55 pour les femmes avec trois enfants : une exception bolivienne justifiée par une espérance de vie plus basse, de 68 ans en moyenne contre 73 en Amérique latine.
Les relations entre le président et sa base n’en restent pas moins tendues : après avoir dû abandonner un projet d’augmentation massive du prix de l’essence (fortement subventionné) destiné à réduire le coût supporté par l’État et à lutter contre la contrebande avec les pays voisins (janvier 2011), il doit, en octobre, affronter l’hostilité des communautés indiennes à un projet routier monté avec le Brésil et menaçant une réserve naturelle. Par ailleurs, les premières élections judiciaires au suffrage universel organisées dans le pays se soldent par près de 60 % de votes nuls ou blancs, conformément aux vœux de l’opposition.
Le troisième mandat d’E. Morales
Ces contestations sont insuffisantes pour fragiliser un président capable de concilier une politique « à la Chavez » aux accents « populistes » et un pragmatisme qui le rapprocherait davantage du Brésilien Lula. En octobre 2014, E. Morales est réélu pour un second mandat consécutif (en vertu de la Constitution de 2009), dès le premier tour de scrutin avec 61 % des suffrages. Ce score le place loin devant son principal adversaire, l’entrepreneur Samuel Doria Medina (Unité démocratique, coalition de droite), qui n’obtient que 24,4 % des voix. Résultat remarquable, à l’exception du Beni (où il progresse) le président sortant l’emporte également dans les départements de la « demi-lune », notamment dans le plus riche, celui de Santa Cruz, où il devance l’opposition avec 49 % des voix. En choisissant le compromis et en encourageant le dynamisme économique du pays, E. Morales est ainsi parvenu à partiellement convertir les secteurs qui lui étaient les plus hostiles lors de son accession au pouvoir en 2006.
L’expansion de la demande intérieure et d’importants investissements publics dans les infrastructures sont en grande partie à l’origine de la forte croissance économique – de 5 % à 6 % en 2011-2014 –, l’une des plus soutenues en Amérique latine. Ce développement largement guidé par l’État, et dont témoigne notamment l’entrée en service du premier satellite de télécommunications bolivien Túpac Katari en avril 2014, a concerné l’ensemble des secteurs d’activité, au premier rang desquels les hydrocarbures, les communications, les services financiers, l’industrie manufacturière et les transports. Il s’est accompagné à la fois d’un renforcement de la classe moyenne et de l’amélioration de la situation des plus pauvres grâce à une importante redistribution des revenus. Les très fortes inégalités tendent à se réduire, et le taux de pauvreté a notablement diminué. Mises à part les tensions inflationnistes (maîtrisées dans la fourchette fixée par les autorités), la prudence et les performances de cette politique économique sont ainsi saluées par le FMI. Cette réussite présente toutefois des limites, en particulier sa dépendance encore excessive à l’égard des marchés internationaux des matières premières.
La contestation de ce « modèle extractiviste », qui tend à s’imposer au détriment des enjeux écologiques, reste vive. Mais, grâce aux diverses aides sociales – amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé – à la redistribution-titularisation des terres et, plus généralement, à la protection de leur identité et au renforcement de leur intégration, les communautés indigènes ont bénéficié des réformes mises en œuvre. L’émergence d’une nouvelle élite d’origine amérindienne en est d'ailleurs l’illustration, et le téléphérique reliant La Paz, urbaine et développée, et El Alto, sa banlieue, indienne et plus pauvre, symbolise la réduction du fossé entre groupes sociaux.
Si la corruption, la criminalité ou les violences faites aux femmes ternissent l’image de la « révolution démocratique bolivienne », l’opposition de droite qui en dénonce les dérives ne parvient pas à offrir une alternative. Celle de centre gauche, représentée par le MSM, ne réussit pas non plus à percer, pas plus que le parti démocrate-chrétien et le petit parti Vert. Avantagé également par le mode de scrutin, le MAS consolide sa majorité des deux tiers à l’Assemblée législative plurinationale.


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