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DÉSERTS

 


 

 

 

 

 

désert

Un désert est une région du globe très sèche, caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm/an, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
Les déserts, dans l'acception la plus large, couvrent environ un tiers des terres émergées, soit approximativement 50 millions de km2 (presque 100 fois la superficie de la France). Ils s'étendent sur tout ou partie d'une soixantaine de pays, surtout en Afrique boréale (situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara est le plus grand désert du monde), en Asie occidentale et centrale (parfois à des latitudes plus septentrionales : Chine occidentale, Gobi), dans l'intérieur de l'Australie (au nord et au sud du tropique du Capricorne), et aux latitudes polaires.
1. Le climat des déserts

L'existence de déserts tempérés (Mongolie), de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie) et de déserts froids (déserts polaires) démontre que la chaleur n'est pas un critère pour définir les milieux désertiques.
1.1. Le manque d’eau

Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau. Le climat des déserts est en effet caractérisé, quelle que soit leur latitude, par la faiblesse des précipitations. Si la plupart des déserts reçoivent moins de 200 mm par an, le désert de Gobi ne reçoit que 100 mm, le Sahara moins de 20 mm dans sa plus grande partie, la île d'Ellesmere (île du Canada, située dans l’océan Arctique) 25 mm, et le minimum mondial des précipitations moyennes annuelles (sur une cinquantaine d'années) est de 0,8 mm, à Arica, dans le nord du Chili. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques : dans les déserts chauds, aux températures supérieures à 50 °C le jour succèdent ainsi des températures inférieures à 0 °C la nuit. En Asie centrale, une saison froide s'oppose à la saison chaude.


L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise également les climats désertiques. Ainsi, à Arica, plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse ne se produise ; toutefois, lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence. Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables : elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Quand elles se développent, les précipitations ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées : 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourd'hui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol.
1.2. Le degré d’aridité


En 1923, le géographe français Emmanuel de Martonne a proposé un indice d'aridité « I », grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis selon la formule I = P/T+10 : P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur I est faible, plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques :
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1006903-Sahara.jpg
SaharaSahara
– les régions hyperarides : caractérisées par un indice d'aridité I inférieur à 5, ces régions dites de déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili) ne couvrent que 4 % des terres émergées ; la végétation y est éphémère ;

– les régions arides : caractérisées par un indice d'aridité I compris entre 5 et 10, ces régions (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona aux États-Unis) représentent 14 % des terres émergées ;

les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue, et l'irrigation y est indispensable à l'agriculture ;

– les régions semi-arides : caractérisés par un indice d'aridité I oscillant entre 10 et 20, ces espaces de transition (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil) entre les régions arides et les régions subhumides voisines couvrent 12,5 % des terres émergées ; la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres ; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
2. Les types de déserts

Par-delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés : subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
2.1. Les déserts subtropicaux


Les déserts subtropicaux forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud) : dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique ; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari en Afrique et d'Australie. Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya-Largeau au Tchad : 20,4 °C en janvier, 34,2 °C en juin, 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.2. Les déserts continentaux


Situés au cœur des continents, l'éloignement des déserts continentaux par rapport aux océans est un élément déterminant : les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre-ouest des États-Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan : − 11,3 °C en février, + 26,7 °C en juillet ; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.3. Les déserts d'abris


Ils se trouvent « sous le vent », abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord-sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine : + 1,3 °C en juillet, + 17 °C en janvier ; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.4. Les déserts littoraux


L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse-Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou : + 15,1 °C en août, + 22,3 °C en février ; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les principaux déserts du monde
3. Le relief des déserts


La faible protection végétale dont disposent les déserts entraîne une forte prédominance des processus d'érosion mécanique. Si le vent remanie seulement les sables en construisant des dunes, en formant des regs, en revanche les eaux courantes, bien que rares, ont une action très efficace. Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité : les plateaux de basalte noir du désert de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
3.1. L'action de l’eau


Les averses ravinent toutes les pentes, donnant aux moindres collines un profil décharné. Mais ces eaux se perdent au pied des reliefs, s'étalant en nappes d'épandage. Ainsi se forment les glacis, ou pédiments. Les reliefs se dressent brusquement au-dessus de ces glacis, à la manière d'îles sur la mer, d'où le nom d'inselberg qui leur a été donné. L'évolution du relief désertique est naturellement d'autant plus lente que le climat est plus sec : les marges des déserts sont le siège d'une morphogenèse plus rapide que leur centre.
L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions : il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace. Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés : glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued : un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée. Les eaux atteignent rarement la mer : le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi-arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
3.2. La transformation de la roche

Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids : la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis. L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
3.3. L’action du vent


Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables, tandis que les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol : c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable. Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas. Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique : le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan. Elles sont appelées « barkhanes ».
4. Les cours d'eau et les sols des déserts

4.1. Les sols des déserts

Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D'une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
4.2. Les cours d'eau des déserts

Les eaux de ruissellement, qui jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
5. La faune et la flore des déserts

5.1. De très fortes contraintes naturelles

Les régions entièrement impropres à la vie, comme l'Antarctique central, ne sont pas appelées désert en écologie, et les régions arides de l'Arctique sont plutôt appelées toundras. Dans les déserts proprement dits, chauds ou froids, l'eau à l'état liquide, condition absolue de vie, n'est pas constamment absente. Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale : plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques : l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts : elle s'y présente sous une forme adaptée.
Les êtres vivants qui admettent, souvent en tant qu'optimum écologique, les conditions xérothermiques extrêmes qui règnent dans les déserts sont dits érémicoles. Parmi ceux-ci, on distingue des archérémiques, espèces dont la morphologie particulière témoigne d'une très grande évolution en milieu désertique.
5.2. La flore

La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité : ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...). Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l'aire de distribution s'étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d'autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles :
– des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d'évaporation de l'eau de pluie imprégnant le sol. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination ;
– des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s'étend sur plusieurs années suivant la quantité d'eau reçue ;
– des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de reverdir dès les premières pluies ;
– des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l'eau qui s'accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des espèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
5.2.1. Les formes d'adaptation

Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé : il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du welwitschia ou du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m.
Les cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le cactus géant de l'Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. Les cactées ont des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Les stomates peuvent être clairsemés ou, tout au contraire, denses mais alors de petites dimensions. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Certaines plantes stockent l'eau dans leur feuilles succulentes. Ces plantes « grasses » comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord-ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau.
Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur tamarix, champignons hypogées du genre Terfezia sur Helianthemum). Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l'azote atmosphérique (bactéries, champignons microscopiques, algues).
5.2.2. Les biotopes

Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi-arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes ; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.

Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier-dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.

Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits « halophiles ». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique. Ce type de végétation est très répandu dans tous les déserts.
5.3. La faune

Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau

La dépendance par rapport à l'eau est variable selon les espèces : si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Le dromadaire, s'il trouve un point d'eau, est capable de boire 100 litres en une fois. La bosse du dromadaire et les deux bosses sont des réserves de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme ; le chameau peut ainsi perdre 30 % de son poids. Il est capable de fermer hermétiquement ses narines pour ne pas respirer la poussière et le sable transportés par les vents. Ses yeux sont bordés par deux rangées de cils protecteurs, et son conduit auditif par des poils en broussaille.

Le museau allongé en trompe du saïga – unique antilope d'Asie – filtre également la poussière.

Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés : les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales

Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables. Les grandes oreilles très vascularisées du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant. Chez les grands herbivores des déserts (haddax, dromadaire...), la surface des pieds est élargie pour leur éviter de s'enfoncer dans le sable. Les pieds capitonnés du chameau sont bien adaptés à la marche sur les sols rocailleux du désert de Gobi.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas ; leurs urines sont très concentrées, leurs excréments très secs, leurs glandes sudoripares rares. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec. De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes. La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
De nombreux rongeurs vivent au désert sans boire. Les dipodomys, ou rats-kangourous, qui hantent les déserts américains, se nourrissent surtout de graines et de débris végétaux à faible teneur en eau. Leur taux normal d'hydratation est le même que celui des autres mammifères (66 %). Ce taux demeure constant pendant plusieurs mois, même si le régime alimentaire ne comporte que des matières sèches, en l'ocurrence 100 g de graines par mois, fournissant 54 g d'eau par oxydation.
Chez les insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d'un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d'entonnoir piège, comme chez les fourmis-lions. Certaines de ces particularités morphologigues ou éthologiques apparaissent comme étant d'origine génétique, d'autres sont des accommodats individuels. C'est ainsi que l'élargissement de l'extrémité apicale d un tibia de coléoptère peut être considéré comme un caractère stable, alors que l'ajustement mimétique de la teinte du tégument de certains acridiens de la livrée désertique des mammifères ou des oiseaux sur la teinte du milieu ambiant relève de processus hormonaux.
Le scinque se déplace dans les dunes à une vitesse étonnante, semblant nager dans le sol mouvant. Surnommé poisson des sables, ce lézard se sert peu de ses courtes pattes, mais fait surtout onduler son corps pour mieux glisser sur le sable. Pour économiser son énergie, une araignée se laisse rouler jusqu'au bas des dunes. D'une envergure de 10 cm, elle est capable de parcourir de cette façon 2 m/s (plus de 7 km/h).
D'une façon générale, la faune des régions désertiques se dérobe aux conditions extrêmes plutôt qu'elle ne les admet, la plupart des espèces vivant dans la profondeur du sol ou étant de moeurs nocturnes. Néanmoins, il existe certains éléments qui supportent cet environnement à peine compatible avec la vie. quelques espèces le recherchent même comme un optimum écologigue. Les Eremiaphila, petits insectes mantidés érémicoles assez mimétiques, sont au Sahara les hôtes habituels des regs de la région centrale (Tanezrouft, en particulier), où il n'est pas rare de les rencontrer même pendant le moment le plus chaud de la journée. Ils survivent dans ces régions grâce à des proies accidentelles apportées par le vent et à quelques espèces se nourrissant là de débris divers, des lépismes en particulier. Chez les vertébrés, l'addax est également une espèce qui admet les conditions écologiques les plus rudes du désert. Cette antilope occupait autrefois la presque totalité du Sahara. Aujourd'hui, elle ne se rencontre plus guère que dans le sud du désert.
Dans les déserts continentaux à hivers froids, le meilleur moyen de se protéger du froid est d'être bien couvert. La fourrure du chameau devient épaisse et laineuse à l'arrivée de la mauvaise saison (l'été, elle tombe par plaques). De même, le pelage du saïga s'épaissit considérablement – en outre, il blanchit pour se fondre dans les paysages enneigés. En passant dans sa trompe, l'air se réchauffe pour ne pas arriver glacé dans les poumons.
6. L'homme et les déserts

6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?


Le milieu aride est hostile. Pourtant, le désert, à la fois un lieu de rejet et de ressourcement fascine.
On observe presque partout, dans les déserts chauds ou tempérés, l'opposition entre les taches de population dense et les zones où la population est clairsemée : opposition entre l'oasis et les régions parcourues par les nomades, qui ont souvent dominé les sédentaires. L'élevage était autrefois associé à des activités de pillage ou de commerce (transport du sel et des dattes). L'essor des moyens de transport a permis de mettre en valeur des régions désertiques, par l'irrigation (Turkménistan, Israël, etc.). Mais, surtout, l'exploitation des richesses minérales, et en premier lieu du pétrole, a transformé l'économie de certains pays désertiques : Libye, Sahara algérien, Arabie saoudite. Le rythme d'utilisation des terres s'est accéléré ; le surpâturage, les feux, les troupeaux qui ne nomadisent plus ont entraîné la destruction écologique des zones semi-arides qui ont atteint le niveau de production des déserts dans certaines régions.

La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen-Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau, utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds : seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles


La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels : le nomadisme et la sédentarité.
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1006370-Nuers.jpg
NuersNuers
Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus. Le mode de vie des nomades semble aujourd'hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.

Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus…) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates : céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers-dattiers.
6.3. La mise en valeur des déserts

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr-Daria et de l'Amou-Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères (fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger), et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière ; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États-Unis).
7. L'avancée des déserts


Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations. D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il a laissé des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000ans B.P. (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans B.P., une période plus humide lui a succédé : au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui. À partir de 4 000 ans B.P., les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Depuis 1950 environ, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est due à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui a affecté le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée ; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, et la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des « barrières vertes », comme dans le nord du Sahara algérien, sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.

 

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DÉSERT

 


 

 

 

désert
1. Le climat des déserts
1.1. Le manque d’eau
1.2. Le degré d’aridité
2. Les types de déserts
2.1. Les déserts subtropicaux
2.2. Les déserts continentaux
2.3. Les déserts d'abris
2.4. Les déserts littoraux
3. Le relief des déserts
3.1. L'action de l’eau
3.2. La transformation de la roche
3.3. L’action du vent
4. Les cours d'eau et les sols des déserts
4.1. Les sols des déserts
4.2. Les cours d'eau des déserts
5. La faune et la flore des déserts
5.1. De très fortes contraintes naturelles
5.2. La flore
5.2.1. Les formes d'adaptation
5.2.2. Les biotopes
5.3. La faune
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales
6. L'homme et les déserts
6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles
6.3. La mise en valeur des déserts
7. L'avancée des déserts
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Plan
désert
(latin desertum)


Un désert est une région du globe très sèche, caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm/an, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
Les déserts, dans l'acception la plus large, couvrent environ un tiers des terres émergées, soit approximativement 50 millions de km2 (presque 100 fois la superficie de la France). Ils s'étendent sur tout ou partie d'une soixantaine de pays, surtout en Afrique boréale (situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara est le plus grand désert du monde), en Asie occidentale et centrale (parfois à des latitudes plus septentrionales : Chine occidentale, Gobi), dans l'intérieur de l'Australie (au nord et au sud du tropique du Capricorne), et aux latitudes polaires.
1. Le climat des déserts

L'existence de déserts tempérés (Mongolie), de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie) et de déserts froids (déserts polaires) démontre que la chaleur n'est pas un critère pour définir les milieux désertiques.
1.1. Le manque d’eau

Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau. Le climat des déserts est en effet caractérisé, quelle que soit leur latitude, par la faiblesse des précipitations. Si la plupart des déserts reçoivent moins de 200 mm par an, le désert de Gobi ne reçoit que 100 mm, le Sahara moins de 20 mm dans sa plus grande partie, la île d'Ellesmere (île du Canada, située dans l’océan Arctique) 25 mm, et le minimum mondial des précipitations moyennes annuelles (sur une cinquantaine d'années) est de 0,8 mm, à Arica, dans le nord du Chili. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques : dans les déserts chauds, aux températures supérieures à 50 °C le jour succèdent ainsi des températures inférieures à 0 °C la nuit. En Asie centrale, une saison froide s'oppose à la saison chaude.


L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise également les climats désertiques. Ainsi, à Arica, plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse ne se produise ; toutefois, lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence. Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables : elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Quand elles se développent, les précipitations ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées : 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourd'hui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol.
1.2. Le degré d’aridité


En 1923, le géographe français Emmanuel de Martonne a proposé un indice d'aridité « I », grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis selon la formule I = P/T+10 : P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur I est faible, plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques :

– les régions hyperarides : caractérisées par un indice d'aridité I inférieur à 5, ces régions dites de déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili) ne couvrent que 4 % des terres émergées ; la végétation y est éphémère ;

– les régions arides : caractérisées par un indice d'aridité I compris entre 5 et 10, ces régions (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona aux États-Unis) représentent 14 % des terres émergées ;

les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue, et l'irrigation y est indispensable à l'agriculture ;

– les régions semi-arides : caractérisés par un indice d'aridité I oscillant entre 10 et 20, ces espaces de transition (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil) entre les régions arides et les régions subhumides voisines couvrent 12,5 % des terres émergées ; la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres ; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
2. Les types de déserts

Par-delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés : subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
2.1. Les déserts subtropicaux


Les déserts subtropicaux forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud) : dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique ; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari en Afrique et d'Australie. Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya-Largeau au Tchad : 20,4 °C en janvier, 34,2 °C en juin, 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.2. Les déserts continentaux


Situés au cœur des continents, l'éloignement des déserts continentaux par rapport aux océans est un élément déterminant : les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre-ouest des États-Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan : − 11,3 °C en février, + 26,7 °C en juillet ; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.3. Les déserts d'abris


Ils se trouvent « sous le vent », abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord-sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine : + 1,3 °C en juillet, + 17 °C en janvier ; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.4. Les déserts littoraux


L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse-Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou : + 15,1 °C en août, + 22,3 °C en février ; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les principaux déserts du monde
3. Le relief des déserts


La faible protection végétale dont disposent les déserts entraîne une forte prédominance des processus d'érosion mécanique. Si le vent remanie seulement les sables en construisant des dunes, en formant des regs, en revanche les eaux courantes, bien que rares, ont une action très efficace. Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité : les plateaux de basalte noir du désert de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
3.1. L'action de l’eau


Les averses ravinent toutes les pentes, donnant aux moindres collines un profil décharné. Mais ces eaux se perdent au pied des reliefs, s'étalant en nappes d'épandage. Ainsi se forment les glacis, ou pédiments. Les reliefs se dressent brusquement au-dessus de ces glacis, à la manière d'îles sur la mer, d'où le nom d'inselberg qui leur a été donné. L'évolution du relief désertique est naturellement d'autant plus lente que le climat est plus sec : les marges des déserts sont le siège d'une morphogenèse plus rapide que leur centre.
L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions : il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace. Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés : glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued : un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée. Les eaux atteignent rarement la mer : le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi-arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
3.2. La transformation de la roche

Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids : la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis. L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
3.3. L’action du vent


Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables, tandis que les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol : c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable. Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas. Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique : le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan. Elles sont appelées « barkhanes ».
4. Les cours d'eau et les sols des déserts

4.1. Les sols des déserts

Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D'une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
4.2. Les cours d'eau des déserts

Les eaux de ruissellement, qui jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
5. La faune et la flore des déserts

5.1. De très fortes contraintes naturelles

Les régions entièrement impropres à la vie, comme l'Antarctique central, ne sont pas appelées désert en écologie, et les régions arides de l'Arctique sont plutôt appelées toundras. Dans les déserts proprement dits, chauds ou froids, l'eau à l'état liquide, condition absolue de vie, n'est pas constamment absente. Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale : plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques : l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts : elle s'y présente sous une forme adaptée.
Les êtres vivants qui admettent, souvent en tant qu'optimum écologique, les conditions xérothermiques extrêmes qui règnent dans les déserts sont dits érémicoles. Parmi ceux-ci, on distingue des archérémiques, espèces dont la morphologie particulière témoigne d'une très grande évolution en milieu désertique.
5.2. La flore


La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité : ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...). Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l'aire de distribution s'étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d'autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles :
– des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d'évaporation de l'eau de pluie imprégnant le sol. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination ;
– des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s'étend sur plusieurs années suivant la quantité d'eau reçue ;
– des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de reverdir dès les premières pluies ;
– des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l'eau qui s'accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des espèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
5.2.1. Les formes d'adaptation

Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé : il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du welwitschia ou du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m.
Les cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le cactus géant de l'Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. Les cactées ont des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Les stomates peuvent être clairsemés ou, tout au contraire, denses mais alors de petites dimensions. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Certaines plantes stockent l'eau dans leur feuilles succulentes. Ces plantes « grasses » comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord-ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau.
Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur tamarix, champignons hypogées du genre Terfezia sur Helianthemum). Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l'azote atmosphérique (bactéries, champignons microscopiques, algues).
5.2.2. Les biotopes

Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi-arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes ; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.

Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier-dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.
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ArmoiseArmoise
Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits « halophiles ». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique. Ce type de végétation est très répandu dans tous les déserts.
5.3. La faune

Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau

La dépendance par rapport à l'eau est variable selon les espèces : si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Le dromadaire, s'il trouve un point d'eau, est capable de boire 100 litres en une fois. La bosse du dromadaire et les deux bosses sont des réserves de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme ; le chameau peut ainsi perdre 30 % de son poids. Il est capable de fermer hermétiquement ses narines pour ne pas respirer la poussière et le sable transportés par les vents. Ses yeux sont bordés par deux rangées de cils protecteurs, et son conduit auditif par des poils en broussaille.

Le museau allongé en trompe du saïga – unique antilope d'Asie – filtre également la poussière.

Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés : les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales

Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables. Les grandes oreilles très vascularisées du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant. Chez les grands herbivores des déserts (haddax, dromadaire...), la surface des pieds est élargie pour leur éviter de s'enfoncer dans le sable. Les pieds capitonnés du chameau sont bien adaptés à la marche sur les sols rocailleux du désert de Gobi.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas ; leurs urines sont très concentrées, leurs excréments très secs, leurs glandes sudoripares rares. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec. De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes. La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
De nombreux rongeurs vivent au désert sans boire. Les dipodomys, ou rats-kangourous, qui hantent les déserts américains, se nourrissent surtout de graines et de débris végétaux à faible teneur en eau. Leur taux normal d'hydratation est le même que celui des autres mammifères (66 %). Ce taux demeure constant pendant plusieurs mois, même si le régime alimentaire ne comporte que des matières sèches, en l'ocurrence 100 g de graines par mois, fournissant 54 g d'eau par oxydation.
Chez les insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d'un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d'entonnoir piège, comme chez les fourmis-lions. Certaines de ces particularités morphologigues ou éthologiques apparaissent comme étant d'origine génétique, d'autres sont des accommodats individuels. C'est ainsi que l'élargissement de l'extrémité apicale d un tibia de coléoptère peut être considéré comme un caractère stable, alors que l'ajustement mimétique de la teinte du tégument de certains acridiens de la livrée désertique des mammifères ou des oiseaux sur la teinte du milieu ambiant relève de processus hormonaux.
Le scinque se déplace dans les dunes à une vitesse étonnante, semblant nager dans le sol mouvant. Surnommé poisson des sables, ce lézard se sert peu de ses courtes pattes, mais fait surtout onduler son corps pour mieux glisser sur le sable. Pour économiser son énergie, une araignée se laisse rouler jusqu'au bas des dunes. D'une envergure de 10 cm, elle est capable de parcourir de cette façon 2 m/s (plus de 7 km/h).
D'une façon générale, la faune des régions désertiques se dérobe aux conditions extrêmes plutôt qu'elle ne les admet, la plupart des espèces vivant dans la profondeur du sol ou étant de moeurs nocturnes. Néanmoins, il existe certains éléments qui supportent cet environnement à peine compatible avec la vie. quelques espèces le recherchent même comme un optimum écologigue. Les Eremiaphila, petits insectes mantidés érémicoles assez mimétiques, sont au Sahara les hôtes habituels des regs de la région centrale (Tanezrouft, en particulier), où il n'est pas rare de les rencontrer même pendant le moment le plus chaud de la journée. Ils survivent dans ces régions grâce à des proies accidentelles apportées par le vent et à quelques espèces se nourrissant là de débris divers, des lépismes en particulier. Chez les vertébrés, l'addax est également une espèce qui admet les conditions écologiques les plus rudes du désert. Cette antilope occupait autrefois la presque totalité du Sahara. Aujourd'hui, elle ne se rencontre plus guère que dans le sud du désert.
Dans les déserts continentaux à hivers froids, le meilleur moyen de se protéger du froid est d'être bien couvert. La fourrure du chameau devient épaisse et laineuse à l'arrivée de la mauvaise saison (l'été, elle tombe par plaques). De même, le pelage du saïga s'épaissit considérablement – en outre, il blanchit pour se fondre dans les paysages enneigés. En passant dans sa trompe, l'air se réchauffe pour ne pas arriver glacé dans les poumons.
6. L'homme et les déserts

6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?


Le milieu aride est hostile. Pourtant, le désert, à la fois un lieu de rejet et de ressourcement fascine.
On observe presque partout, dans les déserts chauds ou tempérés, l'opposition entre les taches de population dense et les zones où la population est clairsemée : opposition entre l'oasis et les régions parcourues par les nomades, qui ont souvent dominé les sédentaires. L'élevage était autrefois associé à des activités de pillage ou de commerce (transport du sel et des dattes). L'essor des moyens de transport a permis de mettre en valeur des régions désertiques, par l'irrigation (Turkménistan, Israël, etc.). Mais, surtout, l'exploitation des richesses minérales, et en premier lieu du pétrole, a transformé l'économie de certains pays désertiques : Libye, Sahara algérien, Arabie saoudite. Le rythme d'utilisation des terres s'est accéléré ; le surpâturage, les feux, les troupeaux qui ne nomadisent plus ont entraîné la destruction écologique des zones semi-arides qui ont atteint le niveau de production des déserts dans certaines régions.

La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen-Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau, utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds : seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles


La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels : le nomadisme et la sédentarité.

Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus. Le mode de vie des nomades semble aujourd'hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.

Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus…) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates : céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers-dattiers.
6.3. La mise en valeur des déserts

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr-Daria et de l'Amou-Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères (fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger), et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière ; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États-Unis).
7. L'avancée des déserts


Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations. D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il a laissé des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000ans B.P. (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans B.P., une période plus humide lui a succédé : au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui. À partir de 4 000 ans B.P., les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Depuis 1950 environ, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est due à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui a affecté le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée ; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, et la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des « barrières vertes », comme dans le nord du Sahara algérien, sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.


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URGUAY

 

 

 

 

 

 

 

Uruguay
Nom officiel : République orientale de l'Uruguay


État d'Amérique du Sud, l'Uruguay est ouvert au sud-est et au sud (Río de la Plata) sur l'océan Atlantique ; il est limité par l'Argentine à l'ouest et le Brésil au nord et au nord-est.
Superficie : 177 500 km2
Nombre d'habitants : 3 407 000 (recensement de 2013)
Nom des habitants : Uruguayens
Capitale : Montevideo
Langue : espagnol
Monnaie : peso uruguayen
Chef de l'État : Tabaré Vázquez Rosas
Chef du gouvernement : Tabaré Vázquez Rosas
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Adoption : 27 novembre 1966
Entrée en vigueur : 15 février 1967
Révision : janvier 1997
Pour en savoir plus : institutions de l'Uruguay
GÉOGRAPHIE
Formé de plaines et de bas plateaux, l'Uruguay possède un climat tempéré, qui explique la prépondérance d'un peuplement d'origine européenne (espagnole surtout). L'élevage (bovins et ovins), avec les industries qui en dépendent (laines et peaux, viande), constitue la principale ressource du pays, loin devant les cultures (céréales, agrumes, canne à sucre, riz, produits maraîchers) et la pêche. Le potentiel hydroélectrique est l'unique source énergétique. Montevideo regroupe près de la moitié de la population totale.
1. Le milieu naturel
L'Uruguay fait la transition entre le plateau brésilien et la Pampa argentine. Le littoral constitue une zone basse ; de nombreuses rias sont souvent transformées en lagunes. Vers l'intérieur, une région de collines granitiques s'allonge depuis le Rio Grande do Sul brésilien jusqu'à Montevideo. La topographie est adoucie par le modelé des argiles de décomposition, ainsi que par celui de dépôts éoliens semblables à ceux de la Pampa argentine voisine. Le Centre et le Nord ont des aspects tabulaires : des roches sédimentaires y recouvrent le soubassement cristallin ; des basaltes, alternant avec des grès rouges, dessinent un relief de côtes dont le revers descend en direction du río Uruguay.
Le climat est tempéré : la moyenne d'hiver est de l'ordre de 10 °C et le mois le plus chaud, à Montevideo, a une moyenne de 22 °C. Les pluies se répartissent assez également sur toutes les saisons, avec une tendance à la formation d'un maximum en automne ; au total, elles atteignent, en moyenne, moins de 900 mm dans le sud, mais approchent 1 300 mm dans le Nord. Mais les variations interannuelles sont importantes et les sécheresses peuvent être marquées.
L'arbre est rare, sinon en forêts-galeries le long des nombreux cours d'eau. Des landes de fougères s'étendent sur les croupes rocheuses. La prairie couvre la majeure partie du pays, contribuant à expliquer l'importance de l'élevage.
2. Une population blanche et urbaine

Les Uruguayens descendent, pour la plupart, des immigrants européens, la population indienne autochtone ayant été décimée ou absorbée dès 1850. Aux éleveurs nomades (les gauchos) venus des colonies portugaises et espagnoles au début du xviie s. se sont ajoutés, au cours du xixe s., de nombreux arrivants espagnols et italiens qui ont marqué le pays de leur mode de vie. La population uruguayenne a un comportement démographique proche des pays du Vieux Continent : son taux de croissance, de l'ordre de 0,7 % par an, est le plus faible de l'Amérique latine. Citadins à 91 %, les Uruguayens se concentrent essentiellement dans la capitale, Montevideo, et ses banlieues. Leur niveau de vie reste l'un de plus élevés du continent latino-américain : en 1999, le revenu par habitant en parité de pouvoir d'achat était estimé à 8 280 dollars.


3. Une économie touchée par la crise

État tampon entre l'Argentine et le Brésil, l'Uruguay est un « pays-ville » : Montevideo, qui contribue pour 59,6 % au P.I.B., rassemble les industries, le commerce et les finances. En dehors de ce centre économique, les terres de l'intérieur sont le domaine de l'élevage extensif et de l'agriculture, pratiqués sur de grandes propriétés foncières. Avec, en 1999, un P.I.B. de 20 milliards de dollars (l'un des plus faibles du continent sud-américain), et, en 1998, une croissance de 4,5 % et un taux d'inflation de 11 %, le principal problème du pays demeure la maîtrise du déficit public. Considéré comme la « Suisse de l'Amérique latine » dans les années 1960, l'Uruguay a connu une grave crise pendant ces deux dernières décennies, essentiellement due à la baisse de ses exportations de viande et de laine ainsi qu'à la stagnation générale de son économie : en 1990, le taux annuel d'inflation a dépassé les 100 %. Depuis cette date, des efforts ont été menés pour diversifier les activités économiques (industrie touristique à Punta del Este, par exemple). Le secteur bancaire connaît un essor important et Montevideo est devenue une place financière réputée en Amérique latine, bien qu'on y pratique également le blanchiment de l'argent de la drogue.


3.1. Agriculture, mines et industrie
L'agriculture et l'élevage représentent 9 % du P.I.B., mais ils fournissent à eux deux la quasi-totalité des produits exportés (pour moitié de la viande et du cuir). En 2000, le cheptel bovin était estimé à 10,8 millions de têtes, le cheptel ovin à 15,2 millions de têtes. La production de laine place le pays au huitième rang mondial. L'élevage occupe 85 % des terres agricoles, bien que ces dernières années la culture des céréales, en particulier le riz, ait connu une forte progression.
L'industrialisation du pays, lancée dans les années 1950, s'est affirmée dans les années 1970. Les industries de biens de consommation destinés au marché intérieur prédominent. Depuis 1985, les industries d'exportation (textile et agroalimentaire) connaissent un essor significatif, et la découverte de réserves d'or – exploitées par l'American Resource Corporation (ARC) – dans le département de San José, en 1984, a relancé le secteur minier.


3.2. Commerce extérieur
L'Uruguay est, avec le Brésil, l'Argentine et le Paraguay, l'un des pays fondateurs du Marché commun du Sud (Mercosur) créé en 1991, qui se sont engagés dans une libéralisation de leurs économies par la réduction progressive des tarifs douaniers. Si la participation de l'Uruguay au Mercosur (environ 45 % des échanges uruguayens) lui a permis de relancer son économie – essentiellement par les exportations agricoles –, sa balance commerciale connaît, cependant, un déficit croissant (−869 millions de dollars en 1999) dû à une hausse des importations. Les principaux partenaires commerciaux de l'Uruguay sont le Brésil (34,7 % des exportations, 22,4 % des importations en 1996) et les États-Unis.


HISTOIRE
1. Entre Portugais et Espagnols
Bien qu'exploré vers 1516 par l'Espagnol Díaz de Solís, le territoire de l'actuel Uruguay, à l'écart des routes conduisant aux mines, n'a intéressé Madrid que dans la mesure où les Portugais ont tenté de l'annexer : ceux-ci y installent en effet, en 1679, la colonie de Sacramento, après la « pacification », par les franciscains et les jésuites, des Indiens guerriers charrúas. Ce n'est cependant qu'en 1726 que les Espagnols fondent Montevideo, pour finalement, en 1777, se faire céder l'ensemble de la colonie portugaise, en échange de terres du haut bassin du fleuve Paraná. Dans cette « Bande orientale » – la province marque la limite est du territoire espagnol, aux frontières du Brésil portugais – se développe alors une société d'éleveurs vivant de l'exportation du cuir et de la production de viande salée. Les travailleurs des grandes propriétés d'élevage, les gauchos, fournissent le gros des troupes indépendantistes lorsque José Gervasio Artigas, le héros national urugayen, entraîne le pays dans l'insurrection lancée depuis Buenos Aires (1810). Les Argentins n'acceptent cependant pas que les « Orientaux » créent un État indépendant : finalement, en 1815, J. G. Artigas, à la suite d'un soulèvement armé, parvient à instaurer un gouvernement national et tente de mettre en œuvre une réforme agraire, la première en Amérique latine. Mais les Portugais, en annexant, en 1820, la Bande orientale au territoire brésilien, contraignent J. G. Artigas à se réfugier au Paraguay.
Sous le nom de « Provincia cisplatina », le territoire, trop excentré, n'est qu'imparfaitement contrôlé par l'Empire portugais. Partie de Buenos Aires, l'expédition dite « des Trente-trois Orientaux », commandée par Juan Antonio Lavalleja, occupe Montevideo en 1825. Après deux ans de guerre, la diplomatie britannique impose à Rio de Janeiro et à Buenos Aires la reconnaissance, en 1828, de la République orientale de l'Uruguay. L'histoire de la naissance de l'Uruguay est marquée par sa situation géopolitique, celle d'un État tampon entre l'Argentine et le Brésil, qui s'y affronteront par factions interposées.
2. Blancos et colorados
En 1830, le pays se dote d'une Constitution démocratique au suffrage restreint. C'est alors qu'émergent deux forces qui domineront jusque dans les années 2000 la vie politique uruguayenne : les blancos (blancs) et les colorados (rouges). Pour l'essentiel, les conservateurs (blancos) défendent les intérêts des grands éleveurs, face à la bourgeoisie citadine libérale représentée par les colorados. Comme dans d'autres pays issus de l'Empire espagnol, le xixe s. est marqué par les conflits armés entre factions politiques : de 1843 à 1851, une guerre civile, dite « grande guerre », éclate entre les blancos, soutenus par l'Argentine, et les colorados, qui disposent de l'appui français et anglais. Le conflit tourne d'abord à l'avantage des blancos, mais Montevideo, tenue par les libéraux, plusieurs fois assiégée, rejointe par Giuseppe Garibaldi et plusieurs centaines d'Italiens, résiste, au point qu'on la surnomme la « Nouvelle Troie ». Finalement, le Brésil et l'Argentine imposent la réconciliation au pays et, en échange de leur participation à la guerre, dite « de la Triple Alliance », contre le Paraguay (1865-1870), assurent le pouvoir aux colorados, qui le conserveront jusqu'en 1958. Après une période de dictature militaire (1876-1890), la rivalité entre colorados et blancos éclate une dernière fois lors de la rébellion des propriétaires conservateurs du Nord (1904), vaincus par le gouvernement libéral de José Batlle y Ordóñez – président de 1903 à 1907, puis de 1911 à 1915 – qui, tout en sauvegardant les intérêts des grands propriétaires terriens, développe les droits sociaux de la classe ouvrière naissante et des journaliers agricoles, et s'attache à une certaine redistribution du revenu national. Tandis que la Constitution de 1919 partage le pouvoir exécutif entre le président de la République (élu pour quatre ans et non immédiatement rééligible) et un Conseil d'administration de neuf membres – dont trois doivent obligatoirement appartenir au parti d'opposition, afin de protéger le pays de la guerre civile –, J. Batlle y Ordóñez crée vers 1920, à l'intérieur du parti colorado, la faction « batlliste ». Ces deux événements mettent fin aux oppositions traditionnelles qui ont marqué le xixe s., mais n'assurent pas la stabilité du pays pour autant.
3. De la démocratie sociale à la dictature militaire
Après la mort de J. Batlle y Ordóñez et la crise de 1929, un coup d'État militaire porte au pouvoir Gabriel Terra (1933). C'est un autre coup d'État qui remet le pays sur la voie du « batllisme », en 1946, et permet ainsi, en 1951, la rédaction d'une nouvelle Constitution qui, tout en supprimant la fonction présidentielle, maintient la représentation du parti minoritaire au Conseil. Ce système, qui s'étend à toutes les administrations, assure le monopole politique des deux partis traditionnels. Le pays, dont l'économie est florissante, possède alors la politique sociale la plus avancée du continent latino-américain, mais, dès la fin des années 1950, la baisse des prix sur le marché international de la viande et de la laine ne permet plus l'ancien compromis entre sauvegarde des intérêts des grands propriétaires et redistribution du revenu national. La dégradation du niveau de vie et la corruption gouvernementale livrent le pays à la guérilla urbaine qu'entretiennent, à partir de 1965, les guérilleros Tupamaros (nom évoquant la révolte indienne lancée en Bolivie par Túpac Amaru II, en 1780).
La réforme constitutionnelle de 1966, qui rétablit la présidence de la République et renforce le pouvoir exécutif, s'avère insuffisante et c'est l'armée qui rétablit l'ordre après sa victoire d'avril 1972 contre les guérilleros. Bien qu'un civil occupe toujours la présidence (Juan María Bordaberry, élu en 1971, puis Aparicio Méndez, à partir de 1976), les militaires détiennent désormais la réalité du pouvoir. La Confédération des travailleurs et le Parlement sont dissous en 1973. Dirigé par un Conseil de sécurité nationale (Cosena), le régime se durcit peu à peu : les associations et activités politiques sont interdites, nombre d'Uruguayens sont privés de leurs droits civiques, les tortures et les emprisonnements politiques sont fréquents. La répression et la baisse du pouvoir d'achat dépeuplent le pays. On estime que, durant le « régime militaire », 350 000 à 500 000 personnes ont fui à l'étranger. L'Uruguay, autrefois « Suisse de l'Amérique latine », est devenu un « pays de pauvres et d'émigrants ».


4. Le retour de la démocratie politique
Soumise à référendum en 1980, une Constitution, qui devait donner à l'armée des pouvoirs considérables, est rejetée par 58 % des votants. Cet échec n'empêche pas le général Gregorio Álvarez de remplacer A. Méndez en 1981, mais des négociations sont engagées en vue d'un retour à un gouvernement civil. Les conditions imposées par les militaires pour la tenue des élections sont acceptées lors d'un accord entre l'armée, le parti colorado et une coalition de gauche, le Front élargi (Frente amplio, FA), créé au début des années 1970.
Lors des élections générales de 1984, le candidat du parti colorado, Julio Sanguinetti, est élu président avec 38,6 % des voix sous la présidence du général Líber Seregni et se réclamant de l’héritage national et social de J. G. Artigas. Le nouveau gouvernement, qui entre en fonction en mars 1985, accorde immédiatement l'amnistie à tous les prisonniers politiques – y compris les Tupamaros –, mais aussi aux militaires, trop puissants pour être réellement inquiétés : une loi établissant la « caducité de la prétention punitive de l'État » est adoptée en 1986 (et confirmée par référendum en 1989), en vertu de laquelle l'État renonce à poursuivre les militaires et policiers responsables de violations des droits de l'homme durant la période allant de 1973 à 1985. En novembre 1989, les conservateurs remportent les élections générales, et Luis Alberto Lacalle devient, en mars 1990, le premier président issu du parti blanco depuis le début du siècle. Le retour à la démocratie entraîne une redéfinition du paysage politique uruguayen : le nouveau président négocie une alliance – rapidement remise en cause – avec certains secteurs du parti colorado, lui-même subdivisé en plusieurs factions, les principales étant l'Unité batlliste (Foro Batllista, F.B.) et le Batllisme radical (BR) ; le parti blanco n'échappe pas à la recomposition, « Mains à l'ouvrage » (Manos a la Obra, MO) étant l'une des principales factions issues de ses rangs. Après la victoire du F.B. et de son candidat, l'ancien président J. Sanguinetti, aux élections générales de 1994, ce dernier devient président en mars 1995 et gouverne à la tête d'une coalition des factions des deux partis.
Aux élections générales de 1999, on assiste à une profonde modification de l'échiquier politique uruguayen, avec la montée d'une coalition de centre gauche, Rencontre progressiste-Front élargi (EP-FA), dirigée par Tabaré Vázquez Rosas, qui, avec 40 % des sièges au Parlement, devient la première force politique du pays. Mais, grâce au vote utile de l'électorat conservateur et au soutien du parti blanco, Jorge Batlle Ibáñez, candidat du parti colorado, l'emporte devant T. Vázquez au second tour de l'élection présidentielle.


5. L’accession au pouvoir du Front élargi (2004)
Tirant les leçons de cette défaite et encouragé par de nouveaux succès aux élections municipales de mai 2000, T. Vázquez s'emploie alors à élargir les bases de son mouvement en direction du centre, ralliant, dans une mouvance spécifique, baptisée Nouvelle majorité (NM), les sociaux-démocrates du Nuevo Espacio et donnant ainsi naissance, en décembre 2002, à la plus vaste coalition jamais construite en Uruguay et en Amérique latine.


5.1. La présidence de T. Vázquez (2005-2010)
L'alternative de gauche apparaît d'autant plus crédible que le gouvernement Battle montre son impuissance face à la grave crise économique et financière qui s'abat sur l'Uruguay entre le printemps et l'été 2002, entraînant une contraction brutale de la production, une hausse rapide des prix et une augmentation très importante de la pauvreté. C'est dans ce contexte que la coalition EP-FA-NM (allant des anciens Tupamaros aux démocrates-chrétiens de gauche, en passant par les communistes et les socialistes) remporte sans difficultés les élections générales d'octobre 2004, avec 52 députés sur 99, 16 sénateurs sur 30 et, surtout, la victoire dès le premier tour de l'élection présidentielle de T. Vázquez, avec 50,4 % des voix contre 34,3 % au candidat du Parti national (blanco), Jorge Washington Larrañaga Fraga, et 10,3 % au colorado, Guillermo Eduardo Stirling Soto.
Cette victoire est confirmée aux élections municipales de mai 2005. Pour la première fois dans son histoire, l'Uruguay rompt ainsi avec le système conservateur-libéral instauré au xixe siècle. Depuis, le gouvernement a engagé une politique prudente de réformes graduelles afin de pérenniser cette expérience démocratique inédite. Tout d'abord, il adopte, sous l'égide d'un nouveau ministère du Développement social, un plan d'émergence contre la pauvreté, suivi en 2007 d'un « plan d'équité ». Parallèlement, il rationalise et simplifie la fiscalité afin de la rendre à la fois plus efficace et plus juste, prend diverses mesures en faveur de l'investissement productif, rembourse sa dette envers le FMI, parvient à réduire la dette publique et à consolider ses comptes.
Dans le domaine des droits de l'homme, sans s'aliéner le soutien de l'armée et sans remettre en cause la « loi de la caducité » de 1986, il en interprète les termes et applique son article 4, qui oblige l'État à éclaircir les crimes de la dictature et à localiser les corps des disparus.
La politique étrangère de T. Vázquez obéit au même réformisme pragmatique : il s'agit en priorité d'approfondir l'intégration régionale, mais, en même temps, d'en corriger les déséquilibres et de diversifier les partenaires commerciaux de l'Uruguay pour réduire notamment sa sensibilité à d'éventuels soubresauts de l'économie argentine. Cette intégration doit être atteinte à la fois dans le cadre du Mercosur – dont il appuie l'élargissement au Venezuela, à la Bolivie et au Mexique – et dans celui de la Communauté sud-américaine des nations. L'Uruguay rétablit aussi les relations diplomatiques avec Cuba et, rompant avec la politique proaméricaine de Batlle Ibáñez, écarte, en 2006, un traité de libre-échange avec les États-Unis tout en signant, l'année suivante, un accord-cadre en matière de commerce et d'investissement (TIFA-Trade and Investment Framework Agreement).


5.2. José Alberto Mujica (2010-2015)
C’est avec un bilan largement positif que le gouvernement de centre gauche aborde les échéances électorales d’octobre-novembre 2009. Plusieurs indicateurs illustrent l’embellie économique du pays – qui a bien résisté à la crise financière internationale – et témoignent du succès de la politique réformiste du Front élargi visant à concilier préservation des grands équilibres macro-économiques et lutte contre les inégalités : l’augmentation de la production industrielle de 100 % entre 2005 et 2009 et de plus de 33 % de revenu national par habitant ; le boom des exportations de près de 80 % entre 2004 et 2008 ; l’importante hausse du salaire moyen ; une inflation sous contrôle et la maîtrise des finances publiques ; la baisse du chômage et la réduction assez sensible de la pauvreté.
Le président en exercice ne pouvant briguer un second mandat, c’est José Alberto Mujica Cordano, un ancien tupamaro (âgé de 74 ans), qui est choisi comme candidat du Front élargi (FA), au sein duquel il représente le Mouvement de participation populaire (MPP) fondé en 1989. Le 25 octobre, la coalition sortante conserve ainsi sa majorité à la Chambre des représentants comme au Sénat (le parti colorado progressant de 9 sièges), tandis que J. A. Mujica l’emporte au second tour du scrutin, le 29 novembre, avec près de 53 % des suffrages face à L. A. Lacalle, candidat du parti national.
Entré en fonctions le 1er mars 2010, l’ex-tupamaro, surnommé « Pepe », inaugure une présidence atypique, cultivant un style bon enfant mêlant simplicité et proximité, et reversant la plus grande partie de ses émoluments à des associations sociales.
S’inscrivant dans la continuité de la politique modérée de centre gauche de son prédécesseur, son gouvernement met notamment l’accent sur la lutte contre la grande pauvreté (réduite de 32 % en 2004 à 15 % en 2011), la politique d’intégration sociale et territoriale, la relance d’une politique du logement ou la réduction des inégalités (création d’un nouvel impôt sur la grande propriété terrienne ; baisse de la TVA en faveur des plus pauvres), tout en maintenant les bases d’une croissance forte (6 % en 2011) tirée par une augmentation des investissements, des exportations et de la consommation et qui permet à l’Uruguay de présenter l’un des taux de chômage les plus bas d’Amérique latine (6 %).
Cette volonté de faire converger ambition sociale et rigueur économique (saluée notamment par le FMI) se traduit politiquement par un subtil équilibre entre postes ministériels au sein du gouvernement : entre les différentes mouvances de gauche et de centre gauche du FA (dont le MPP et le Front Líber Seregni), ainsi qu’entre le président et ses collaborateurs les plus proches du bureau « plan et budget » et le vice-président Danilo Astori, chef de file du courant social-démocrate.
La légalisation de l’avortement (octobre 2012), du mariage homosexuel (avril 2013) ainsi que l'autorisation, inédite dans le monde, de la production régulée et de la vente de cannabis en pharmacie (décembre 2013) constituent les mesures les plus médiatisées prises au cours de cette présidence. Le bilan économique laissé par J. A. Mujica est par ailleurs assez remarquable, malgré d’importantes tensions inflationnistes : le maintien d’un taux de croissance à environ 3 % et du taux du chômage en dessous de 7 % dans un contexte de ralentissement dans l’ensemble de l’Amérique latine, l’assainissement du secteur financier public, la hausse des investissements, l’importante diminution de la dette, la réduction de la pauvreté, figurent parmi les résultats qui expliquent la reconduction du Front élargi en octobre et novembre 2014. Tandis que la coalition remporte 50 sièges sur 99 à la Chambre des représentants et 15 sur 30 au Sénat, l’ex-président Tabaré Vázquez est élu président de la République avec près de 53 % des voix face au candidat du parti national Luis Lacalle Pou au second tour de scrutin. Ce dernier entre en fonctions le 1er mars 2015.

 

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