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VOLCAN

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volcan
(italien Vulcano, du latin Vulcanus, dieu du Feu)

Cet article fait partie du dossier consacré à la géologie.
Relief, en général de forme conique, formé par les produits magmatiques qui atteignent la surface du globe, aérienne ou sous-marine.

GÉOLOGIE

Un volcan est un point de sortie par lequel de la roche fondue appelée magma arrive en surface. L'accumulation des produits émis crée un édifice, parfois une véritable montagne. On a répertorié 10 000 volcans sur les continents (et encore plus sous les océans), dont plus de 1 500 ont fait une éruption au cours des 10 000 dernières années. En moyenne, on dénombre 40 éruptions par an sur les continents, qui durent de l'ordre de une à quelques semaines, mais parfois un jour ou plusieurs années.

1. Les régions volcaniques

La lithosphère terrestre est fragmentée en plaques, mobiles les unes par rapport aux autres. Les volcans se situent de façon très privilégiée aux frontières de plaques (volcans interplaques) et beaucoup plus rarement à l'intérieur d'une plaque (volcanisme intraplaque).


1.1. Les zones de rift

La cassure d'une plaque se traduit par la formation d'un fossé d'effondrement appelé rift. Le rift est-africain, occupé par de grands lacs (Kivu, Tanganyika, Malawi) est bordé de volcans (Nyiragongo, mont Kenya, Kilimandjaro) et se termine par la région volcanique des Afars (→ Éthiopie).
Ensuite, en plusieurs dizaines de millions d'années, par écartement, s'ouvre un océan (par exemple, d'abord la mer Rouge, puis l'océan Atlantique).

1.2. La dorsale médio-océanique

Une chaîne volcanique sous-marine (dorsale médio-océanique) parcourt l'ensemble des océans de la planète, sur une distance totale de 60 000 km. Elle mesure en moyenne 1 500 m de hauteur. Mais, comme elle repose sur des fonds à − 4 000 m, elle culmine en fait à − 2 500 m. Exceptionnellement, elle émerge en îles (Islande). Au niveau de la dorsale, l'écartement est compensé par l'émission de magma, qui contribue à l'édification des plaques. Ces volcans, les plus nombreux mais les moins connus, ne présentent quasiment aucun danger pour l'homme.

1.3. Les zones de subduction

       
Lors d'un rapprochement, une plaque peut plonger sous une autre, en un phénomène de subduction. Cela donne naissance à de très nombreux volcans, actifs et dangereux, tels ceux qui bordent l'océan Pacifique (« Cercle de feu » ou « Ceinture de feu ») et ceux des arcs insulaires (Caraïbes, Indonésie et, en Méditerranée, arcs tyrrhénien et égéen). Par contre, lorsque deux plaques entrent en collision, la compression interdit le volcanisme, mais crée une chaîne de montagnes, siège de nombreux séismes (Alpes, Himalaya).

1.4. Les volcans au sein des plaques

       
Enfin, quelques volcans occupent une position particulière au sein d'une plaque continentale (mont Cameroun, Yellowstone [États-Unis]) ou océanique (nombreuses îles : Hawaii, La Réunion, Polynésie française, Terres australes) : ils se situent à l'aplomb de zones du manteau profond à température particulièrement élevée, appelées points chauds. Ceux-ci prennent naissance probablement à la limite du noyau et du manteau, à 2 900 km de profondeur. Des instabilités thermiques s'y développent et forment des « panaches » (→ convection), qui montent à la vitesse de quelques centimètres à un mètre par an. Puis, près de la surface, du magma se forme par fusion du manteau, voire de la croûte.
En 2013, les études menées sur le massif sous-marin Shatsky Rise (à 1 500 km à l'est du Japon), un relief auparavant considéré comme le résultat de différentes éruptions volcaniques, ont montré qu'il s'agit d'un seul et même volcan. Renommé massif Tamu, ce volcan bouclier éteint depuis 140 millions d'années est le plus grand volcan observé sur Terre, avec une superficie de 310 000 km2.

2. Le magma, de sa formation à son émission

La Terre libère continuellement une grande quantité de chaleur. Celle-ci a deux origines : la chaleur originelle, liée à la formation de la planète, il y a 4,55 milliards d'années, qui continue à se dissiper, et la chaleur provenant de la désintégration continuelle d'éléments radioactifs (uranium, thorium, potassium) contenus dans la croûte et le manteau terrestres. On estime que la température au centre de la Terre dépasse 5 000 °C, néanmoins le globe reste en grande majorité solide du fait de l'énorme pression. Localement, à une profondeur comprise entre 50 et 400 km, le manteau terrestre (parfois, la croûte) fond partiellement pour des raisons diverses (température anormalement élevée, baisse de pression, rôle des fluides). Le magma produit, liquide et plus léger que l'encaissant solide, monte à la faveur de fractures. Souvent il séjourne plusieurs millénaires ou centaines de millénaires dans une vaste chambre magmatique d'un volume de plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres cubes. Puis, soit il cristallise en profondeur, provoquant la formation de roches plutoniques (granite, gabbro), soit il arrive en surface à la faveur d'une éruption volcanique.
→ roche magmatique.

Les magmas terrestres, silicatés, ont le plus souvent une composition de basalte, mais peuvent évoluer, par différenciation dans la chambre magmatique, vers d'autres types plus riches en silice et en matériaux alcalins (andésite, trachyte, rhyolite). Il existe en Tanzanie un volcan exceptionnel, l'Ol Doinyo Lengai, qui produit des laves noires, carbonatées.

3. Les éruptions volcaniques

       
Les volcans sont le siège d'éruptions variées. Un volcan donné peut faire des éruptions quasiment toujours du même type ou, au contraire, montrer une activité changeante. La forme de l'édifice en dépend directement.

3.1. Types d’éruptions
3.1.1. Les éruptions laviques ou effusives

Les éruptions laviques (ou effusives) libèrent des laves, fluides, le plus souvent à partir de fissures latérales du volcan. Lors des éruptions de type hawaiien, la température atteint 1 200 °C pour les laves de composition basaltique. Exceptionnellement, la lave stagne dans un cratère. On connaît quelques lacs de lave dans le monde, d'une durée de vie allant de quelques mois à quelques dizaines d'années : Kilauea à Hawaii, Erta-Ale en Éthiopie, Nyiragongo au Congo, Erebus dans l'Antarctique. Les volcans résultant d'une activité essentiellement lavique ont des pentes très faibles (de 3 à 4°) mais un diamètre à la base important, de plusieurs dizaines de kilomètres : on parle de volcans boucliers. Les laves sous-marines forment des boules de quelques dizaines de centimètres mimant des oreillers, d'où leur nom de pillow lavas (de l’anglais pillow signifiant oreiller).

3.1.2. Les éruptions explosives

Les éruptions explosives, complètement différentes, libèrent du magma pulvérisé hors du cratère. Les produits émis sont appelés roches pyroclastiques ou tephra. Selon la taille, on distingue les cendres (plus fines que 2 mm), les lapilli (de 2 à 64 mm), les bombes arrondies et les blocs anguleux, plus gros que 64 mm et atteignant parfois plusieurs mètres. Leur aspect aussi est très varié. Les scories se caractérisent par des vacuoles centimétriques, témoins des bulles de gaz piégées dans le magma. Les ponces contiennent une multitude de vacuoles de petite taille, de forme sphérique ou tubulaire, ce qui explique leur légèreté. Les termes descriptifs des tephra indiquent leur taille et leur aspect : cendre ponceuse, bombe scoriacée, etc.
La présence d'eau (nappe phréatique, lac de cratère, fonte de neige ou de glace) accroît le caractère explosif d'une éruption. L'eau, en se transformant en vapeur, augmente considérablement de volume, à l'origine d'une fantastique surpression. On parle alors d'hydrovolcanisme ou de phréatomagmatisme.
Il existe deux grands types d'éruptions explosives : les projections et les nuées ardentes.

Les projections

Dans le cas des projections, des fragments sont projetés en hauteur avant de retomber à des distances plus ou moins importantes.
• Le type strombolien (décrit au Stromboli, en Italie) expulse des bombes encore incandescentes à plusieurs centaines de mètres.
• Le type vulcanien (décrit au Vulcano, également en Italie) émet des cendres jusqu'à plusieurs kilomètres.
• Le type plinien (du nom de Pline l'Ancien et de Pline le Jeune, qui furent témoins de la dramatique éruption du Vésuve en 79 après J.-C.) libère un panache éruptif de cendres et de bombes ponceuses haut de 10 à 50 km.

Les nuées ardentes

Une nuée ardente est une émission brutale, et dirigée, souvent latéralement, d'un nuage de gaz brûlant transportant des blocs en suspension. L'ensemble, à haute température (de 200 à 500 °C), dévale les flancs du volcan à grande vitesse (de 100 à 600 km/h) et peut même remonter à contre-pente, constituant un risque volcanique humain majeur. L'éruption de la montagne Pelée en Martinique, qui fit 28 000 victimes à Saint-Pierre le 8 mai 1902, en est l'illustration dramatique, d'où le nom de type péléen donné à ce type d'éruption. Souvent le phénomène est suivi de la surrection d'un dôme de lave visqueuse riche en silice à 700 °C. Les dépôts d'ignimbrite connus dans le passé résultent d'éruptions de dynamismes voisins mais hypertrophiés.

3.2. Changements de type éruptif

       
Certains volcans sont le siège d'un seul type d'éruption pendant une longue période. Il peut s'agir, comme à Hawaii (→ Kilauea) ou à la Réunion (→ piton de la Fournaise), de volcans boucliers, aux pentes relativement faibles (quelques degrés) le long desquelles les coulées de lave se succèdent, ou bien de volcans essentiellement explosifs (volcans du pourtour du Pacifique), de forme conique et dont les pentes atteignent 30°.
Beaucoup d'autres volcans, au contraire, changent assez souvent de type éruptif (Etna, Vésuve). L'édifice, constitué alors d'une alternance stratifiée de produits volcaniques de différents types, s'appelle un strato-volcan.

3.3. Volumes des éruptions
Les volumes émis sont de plusieurs centaines de millions de mètres cubes pour les éruptions laviques et de plusieurs kilomètres cubes pour les éruptions explosives. L'éruption du Tambora en Indonésie a libéré, du 5 au 11 avril 1815, 175 km3 de tephra et une énergie estimée à 1,4 × 1020 J, soit 7 millions de fois l'équivalent de la bombe atomique d'Hiroshima. À Yellowstone, dans le Wyoming, aux États-Unis, trois éruptions très importantes ont eu lieu il y a respectivement 2,1 millions d'années, 1,3 million d'années et 630 000 ans. La première a produit 2 500 km3 de débris et la dernière, 1 000 km3, recouvrant de cendres un tiers des États-Unis. L'émission de grandes quantités de magma se traduit par un effondrement à l'origine d'une caldeira, gigantesque cratère de plusieurs kilomètres de diamètre (75 × 45 km pour une profondeur de plusieurs centaines de mètres à Yellowstone).

4. Les risques volcaniques
4.1. Ampleur des risques volcaniques dans le monde

Les volcans actifs situés près des régions habitées sont à l'origine de risques naturels importants. On dénombre 500 millions de personnes concernées dans le monde, en grande partie dans des pays pauvres. Des villes importantes sont directement menacées : Naples par le Vésuve et les champs Phlégréens, Puebla au Mexique par le Popocatépetl, Quito en Équateur par le Guagua Pichincha, Pasto en Colombie par le Galeras, Arequipa au Pérou par le Misti, Yogjakarta en Indonésie par le Merapi, etc.

4.2. Les catastrophes volcaniques majeures

Des catastrophes de grande ampleur ont eu lieu depuis l'Antiquité. Les vestiges de la ville minoenne d'Akrotiri recouverte par des ponces dans l'île de Santorin en mer Égée témoignent d'une éruption cataclysmique au xviie s. avant J.-C. ou au xvie s. avant J.-C. Le Vésuve a détruit Pompéi, Herculanum et Stabies en 79 après J.-C.

Depuis 1700, on dispose de statistiques fiables : 27 éruptions ont fait plus de 1 000 morts chacune et, au total, ont été dénombrées 265 000 victimes. L'éruption la plus meurtrière a été celle du Tambora (dans les Petites îles de la Sonde, en Indonésie) en 1815, qui fit 12 000 victimes directes, auxquelles se sont ajoutées 80 000 de famine à la suite de la mort du bétail et de la destruction des cultures.

Les coulées de lave, les projections de bombes et de cendres et les nuées ardentes sont des sources de risques d'intensité croissante. Il faut ajouter le rôle des gaz, émis quel que soit le type d'éruption. Parfois les gaz volcaniques peuvent à eux seuls causer une catastrophe. Le 21 août 1986, le lac Nyos, qui occupait un cratère au Cameroun, a libéré un nuage létal de gaz carbonique, qui asphyxia 1 746 personnes. Ces quatre types de risques, directement et immédiatement liés à l'activité volcanique, peuvent être qualifiés de primaires.

Trois autres types de risques, secondaires, sont différés dans le temps ou dans l'espace. La conjonction entre des dépôts volcaniques instables sur les flancs d'un volcan et une grande quantité d'eau (moussons, typhons, cyclones en climat intertropical, fonte de neige et de glace au sommet de volcans élevés, rupture des parois d'un lac de cratère) forme des coulées boueuses appelées aussi lahars (terme indonésien). Celles-ci dévalent les pentes et recouvrent les zones situées en contrebas. Ainsi, le 13 novembre 1985, le Nevado del Ruiz en Colombie a libéré des lahars qui ont enseveli 25 000 personnes dans des villes et villages situés à une distance de 60 à 80 km du sommet du volcan. Au Pinatubo, aux Philippines, des lahars se sont produits pendant plusieurs saisons des pluies après l'éruption de 1991. Des instabilités (éboulement de dôme, glissement de terrain) sont fréquentes sur les volcans, montagnes pour lesquelles ce risque est particulièrement élevé.

Enfin des volcans insulaires ou côtiers peuvent déclencher des raz de marée (appelés aussi tsunamis), qui déferlent sur des côtes parfois éloignées. En 1883, le Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, en Indonésie, a ainsi entraîné la mort de 36 417 personnes par noyade sur les côtes de Java et de Sumatra distantes d'une quarantaine de kilomètres. Une éruption volcanique ou un séisme au Chili peut provoquer un tsunami à Hawaii, située à 15 000 km. Les vagues se propagent à 1 000 km/h mais elles ralentissent en arrivant sur les côtes où leur amplitude augmente et peut atteindre de 20 à 30 m de haut.
Enfin des risques encore plus indirects, tertiaires, résultent de l'impact d'une éruption volcanique sur des zones aménagées par l'homme (incendie de matériaux stockés inflammables, rupture de canalisations d'eau ou de gaz, de barrages, pollution des eaux, etc.).
Un volcan situé dans une zone désertique mais sur une trajectoire de circulation aéronautique (Alaska) peut constituer une gêne importante pour le trafic aérien.

Les éruptions majeures, qui injectent des particules (cendres, aérosols) dans la stratosphère, modifient le climat à l'échelle mondiale. L'éruption du Pinatubo, aux Philippines, en 1991, a été responsable d'une baisse de température de 0,3 °C dans l'hémisphère Nord, qui s'est amortie sur quatre ans.
→ climatologie.

Les éruptions peuvent avoir également des conséquences économiques majeures. Ainsi, en avril 2010, le volcan Eyjafjöll, situé sous la calotte glaciaire (Eyjafjallajökull) en Islande, a craché un nuage de particules fines, composées de minuscules morceaux de pierre et de verre, combinées à de grandes quantités de vapeur d’eau. Ce nuage menaçant le fonctionnement des réacteurs d’avion, le trafic aérien a été paralysé dans toute l’Europe du Nord pendant plusieurs jours et les pertes économiques se sont élevées à 1,74 milliard d'euros.
Au cours des temps géologiques, des crises volcaniques majeures ont, peut-être, provoqué l'extinction massive de faunes et de flores.

5. Surveillance, prévision et prévention

Surveiller les volcans et essayer d'en prévoir les éruptions pour prévenir d'éventuelles catastrophes constituent le défi majeur de la volcanologie moderne. Aujourd'hui, la centaine de volcans considérés comme très dangereux sont équipés d'un observatoire de surveillance, qui fonctionne en permanence. Des stations de surveillance sont placées sur le volcan pour enregistrer différents paramètres transmis par radio à l'observatoire.

Des sismographes enregistrent des microséismes, appelés tremors (terme anglais signifiant « frémissement »), témoins de la montée du magma à travers les couches profondes en direction de la surface. Ces vibrations du sol précèdent une éruption en général de 24 à 48 heures.
→ sismologie.
Parallèlement des mesures de déformations peuvent mettre en évidence un gonflement de l'édifice (de l'ordre de quelques millimètres sur une distance de plusieurs kilomètres) ou des variations de pentes (inclinométrie ou « tiltmétrie ») de quelques microradians. Les variations de la température ou de la composition chimique des fumerolles sont également des indications précieuses. Il faut aussi mesurer les champs magnétique, gravimétrique et électrique locaux. Les images envoyées par les satellites (par exemple Spot) donnent des informations immédiates et permettent un suivi de la situation.

Il est important de connaître les éruptions anciennes du volcan, qui donnent des informations sur les manifestations futures. Il s'agit en quelque sorte de dresser le « curriculum vitae » du volcan. Dans ce but, les dépôts anciens (coulées de lave pétrifiées, couches de cendres, etc.) sont identifiés et datés.

Il faut aussi informer les populations concernées, leur expliquer quoi faire ou ne pas faire en cas d'éruption : ne pas aller chercher les enfants à l'école car les enseignants s'en occupent, ne pas téléphoner pour ne pas saturer les lignes, écouter les informations à la radio, etc.). Des exercices de simulation doivent être organisés. Lors d'une crise éruptive, la protection civile aide les habitants dans le cadre de plans de type ORSEC. Des équipes de médecine d'urgence sont prêtes à intervenir pour soigner des traumatismes spécifiques : asphyxies, brûlures, œdèmes des yeux et des poumons, obstructions des voies respiratoires et digestives par les cendres, sans oublier un important choc psychologique.
Les dernières éruptions majeures (Pinatubo, Philippines, 1991 ; Soufrière de Montserrat, Antilles, depuis 1995) ont été relativement bien gérées, ce qui a permis de sauver des milliers de personnes.

6. Le volcan utile

Les volcans, bien connus pour leurs aspects nuisibles, apparaissent également utiles ; ils ont d'ailleurs été déifiés dans l'Antiquité (Héphaïstos chez les Grecs et Vulcain chez les Romains). Lors des premiers temps de la Terre, les émissions de gaz volcaniques ont contribué à la formation de l'atmosphère et, par condensation de la vapeur d'eau, à celle des océans, nécessaires à l'apparition de la vie. Les volcans forment des îles et des territoires nouveaux, colonisés par les êtres vivants et souvent par l'homme. Les sols en région volcanique sont particulièrement fertiles.

Depuis le début de la civilisation, les volcans ont joué un grand rôle dans l'habitat pour les régions concernées : abris sous coulées préhistoriques, habitats troglodytes (Cappadoce turque), matériaux de construction (pierre de Volvic), granulats (pouzzolane). Des minerais sont liés à une activité volcanique (gisements d'or, d'argent et de cuivre au Chili, exploitation du soufre au Kawah Idjen, à Java). L'énergie géothermique est puisée dans le sous-sol des régions péri-volcaniques. Les eaux thermales soignent certaines maladies. De nombreux volcans sont aujourd'hui intégrés et protégés dans des parcs nationaux.
Les volcans constituent des témoins de l'activité de la Terre. Leurs dynamismes éruptifs sont de mieux en mieux compris et leur surveillance devient de plus en plus efficace.

7. Les volcans sur les autres planètes du Système solaire

       
L'exploration du Système solaire a révélé que le volcanisme n'est pas l'apanage de la Terre, mais se rencontre aussi sur les autres planètes telluriques et sur les plus gros satellites naturels. Sur Mercure et sur la Lune, les volcans sont éteints depuis au moins 3 milliards d'années. Mars présente des édifices volcaniques spectaculaires (notamment Olympus Mons, le plus grand volcan du Système solaire, avec 600 km de diamètre à la base et 21,3 km de hauteur ; son activité, qui a commencé il y a 3,5 milliards d'années, s'est terminée il y a plusieurs centaines de millions d'années), également éteints. En revanche, Vénus abrite encore un volcanisme actif. Par ailleurs, les sondes spatiales Voyager ont photographié sur Io, l'un des principaux satellites de Jupiter, des volcans géants en pleine éruption, libérant des panaches explosifs jusqu'à 300 km d'altitude ; ce magmatisme, à base d'oxydes de soufre, diffère complètement du magmatisme terrestre, silicaté.

       
À ce volcanisme classique, où la lave est constituée de roche fondue, s'ajoute le cryovolcanisme (épanchement de glace fondue), ancien ou récent, de certains satellites de glace, comme Ganymède autour de Jupiter, Encelade et peut-être Titan autour de Saturne.

 

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ASIE CENTRALE

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Asie centrale

Cet article fait partie du dossier consacré à l'Asie.

Partie centrale de l'Asie, qui s'étend de la mer Caspienne à la Chine, correspondant essentiellement au sud du Kazakhstan, à l'Ouzbékistan, au Turkménistan, au Kirghizistan et au Tadjikistan, et englobant également la partie occidentale de la province chinoise du Xinjiang.

HISTOIRE
1. La période précoloniale
1.1. Une terre de passage
L'Asie centrale est une terre de passage dont l'histoire millénaire est caractérisée par une succession de conquêtes et vagues migratoires venues d'abord d'Asie puis d'Europe. À l'origine, des tribus sédentaires est-iraniennes occupent trois oasis : les Chorasmiens dans le delta de l'Oxus (actuel Amou-Daria), les Bactriens dans la moyenne vallée de l'Oxus et les Sogdiens dans le haut Iaxarte (actuel Syr-Daria). Le premier contact entre ces autochtones et les nomades Turcs a lieu au ve siècle de notre ère, avec l'installation des tribus Türük, arrivées de l'Altaï.
Lieux de rencontre des influences venues de l'Inde, de la Chine, de l'Iran et du monde méditerranéen grâce aux routes de la soie qu'empruntent pèlerins bouddhistes et marchands, ces régions sont atteintes au viie-viiie siècle par l'islam.

1.2. Premier âge d'or
Au xe siècle la dynastie des Samanides parvient à réunir les trois oasis de civilisation dans un unique émirat, qui marque le premier âge d'or de l'Asie centrale, autour de sa capitale Boukhara. Les Turcs karakhanides lui succèdent en 999 et initient le rapprochement des cultures turque et persane, notamment en favorisant la propagation de l'islam auprès des communautés nomades.

1.3. Second âge d'or
Au début du xiiie siècle, la conquête mongole de Gengis Khan est terriblement destructrice pour la civilisation sédentaire mais elle inclut l'Asie centrale dans le vaste empire des Mongols s'étendant de la Chine à l'Europe. Au sein de l'Asie centrale s'opère alors une symbiose entre les populations turques sédentarisées ou encore nomades et les conquérants mongols. Ce métissage est symbolisé par la figure de Tamerlan, qui établit à la fin du xive siècle son grand émirat avec Samarkand pour capitale et qui est le siège du second âge d'or de l'Asie centrale.

1.4. Le démembrement de l'empire chaybanide
En 1500, les tribus Özbegs marquent la dernière migration humaine précoloniale de la région, dont ils prennent les rênes avec la dynastie des Chaybanides (xve-xvie siècle). Mais dans l'intervalle, la découverte de nouvelles voies maritimes de circulation sonne le glas des routes de la soie et par la même la position stratégique de l'Asie centrale. À partir de 1599, la région se divise en trois entités politiques souveraines : le khanat de Khiva à l'ouest, l'émirat de Boukhara au sud, puis le khanat de Kokand (1710) au nord-est.
Au cours des xviiie et xixe siècles, l'Asie centrale subit la pression de forces étrangères : à l'est les Mandchous se rendent maîtres de la Chine, au nord les Russes occupent la Sibérie, au sud les Afghans constituent un État indépendant, et les Anglais organisent la colonisation des Indes.

2. La colonisation russe
La progression des troupes russes vers l'Asie centrale trouve son aboutissement avec la chute de Tachkent (1865), qui devient le centre du gouvernement général du Turkestan, division administrative de l'empire. Les Russes établissent leur protectorat sur Boukhara (1868) et Khiva (1873) avant d'annexer le khanat de Kokand (1876). La période coloniale est marquée par la mise en œuvre d'une politique de discrimination entre les colons russes et tatars, qui jouissent du statut de citoyens, et les populations autochtones considérées comme étrangères à l'empire et relevant du statut d'« allogènes ».

3. La période soviétique
3.1. L'instauration du régime soviétique : réorganisation sur des bases ethniques
Dans ce contexte ségrégationniste, la révolution russe de 1917 trouve un écho favorable auprès des populations d'Asie centrale. En avril 1918, le soviet de Tachkent décide son union libre à la Russie et devient la République socialiste soviétique autonome (RSSA) du Turkestan. Khiva et Boukhara deviennent des républiques populaires sous protectorat russe. L'instauration du régime soviétique provoque des bouleversements dans la société centrasiatique. D'abord, Moscou décide d'appliquer le concept d'ethnie pour diviser la population et mettre un terme aux velléités panturquistes et panislamiques qui menaçaient le projet soviétique : cinq groupes ethniques, ou « nationalités » dans le jargon soviétique, sont créées à partir d'identités tribales (Ouzbeks, Kazakhs, Kirghiz, Turkmènes) ou linguistique (Tadjiks).
Ensuite, un territoire national est attribué à chaque groupe pour lui permettre son plein développement dans le cadre fédéral de l'URSS. Ainsi, l'Asie centrale se trouve divisée pour la première fois de son histoire en cinq républiques socialistes soviétiques (RSS ethno-nationales : les RSS d'Ouzbékistan et du Turkménistan (1924), du Tadjikistan (1929), du Kirghizistan et du Kazakhstan (1936).

3.2. Collectivisation, migration forcée, déportation
Enfin, le projet économique communiste oblige à sédentariser les éleveurs transhumants et à collectiviser leurs troupeaux au sein de kolkhozes. Ce processus brutal entraîne la mort ou l'exil hors des frontières de l'URSS de près de la moitié des Kazakhs, des Kirghiz et des Turkmènes d'Asie centrale. La main d'œuvre nécessaire au développement de la région est alors fournie par la migration volontaire ou forcée de millions de Slaves (Russes, Ukrainiens, Biélorusses) et Tatars d'Oural, mais également par la déportation collective de Coréens, d'Allemands et de nombreux peuples du Caucase pendant la Seconde Guerre mondiale.

4. La dissolution de l'URSS et les indépendances
À la faveur de la perestroïka, des mouvements nationalistes s'affirment au Kazakhstan (1986), en Ouzbékistan (1989), au Tadjikistan et au Kirghizistan (1990). Mais l'indépendance auxquelles les RSS d'Asie centrale accèdent en décembre 1991 n'est pas le fait de luttes avec le pouvoir central. Elles sont le résultat de la dissolution de l'URSS et de l'exercice du droit à l'autodétermination que la Constitution soviétique reconnaissait alors à ses quinze sujets, dont les cinq républiques centrasiatiques. Les nouveaux États entrent dans le concert des nations en adhérant à l'Organisation des Nations Unies en 1992 et à la Communauté des États indépendants (CEI)., héritière de l'espace territorial couvert par l'URSS.
Abritant une importante minorité russe et largement russophone – bien que les Kazakhs forment désormais près des deux tiers de la population – le Kazakhstan reste l’allié le plus sûr de la Russie dans la région. De même que le Tadjikistan et le Kirghizistan, également proches de Moscou, il est membre signataire de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC, 2003), ces trois républiques adhérant également à la Communauté économique eurasiatique (Eurasec, 2001) dont le noyau est l’Union douanière formée à l’origine par la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan en 2010, le Kirghizistan s’apprêtant à la rejoindre en 2014.
De leur côté, l’Ouzbékistan et le Turkménistan adoptent une position plus réservée et autonome. Le premier suspend à deux reprises son adhésion à l’alliance militaire (en 1999 au traité de sécurité collective de la CEI et en 2012 à l’OTSC après l’avoir rejointe en 2006) et fait de même concernant l’Eurasec en 2008 avant de ratifier sous certaines conditions l’accord de libre échange de la CEI en 2013. Quant au Turkménistan, il n’est plus que membre observateur de la CEI depuis 2005 et reste à l’écart des organisations régionales prônées par Moscou dans le cadre de son projet d’Union eurasiatique.
Fortes de leurs richesses minières, les républiques d’Asie centrale – au premier rang desquelles le Kazakhstan et le Turkménistan – ont développé d’étroites relations économiques avec les grandes entreprises de ces secteurs, occidentales ou asiatiques, en particulier chinoises.
Par leur proximité avec l’Afghanistan et/ou la porosité des frontières avec ce dernier, les quatre républiques les plus méridionales d’Asie centrale tiennent une place géopolitique stratégique aussi bien pendant l’intervention occidentale contre les talibans (base aérienne de Manas au Kirghizistan notamment) que dans la perspective du futur retrait des forces américaines et de l’OTAN d’ici fin 2014.

 

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MOUSSON

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mousson
(néerlandais monçon, du portugais monção, de l'arabe mausim, saison)

Consulter aussi dans le dictionnaire : mousson
Cet article fait partie du dossier consacré à l'Asie et du dossier consacré au climat.
La mousson est un système de vents saisonniers alternés soufflant à des latitudes tropicales (essentiellement en Asie méridionale), de la mer vers le continent en été (mousson d'été), du continent vers la mer en hiver (mousson d'hiver).

1. La circulation atmosphérique
La mousson est un phénomène de la basse et moyenne troposphère. Elle est liée à des facteurs géographiques (juxtaposition de masses océaniques et continentales) et thermiques : l'échauffement estival entraîne la formation de basses pressions sur les continents aspirant l'air océanique humide ; le refroidissement hivernal plus rapide sur les continents amène une élévation des pressions et des vents dirigés vers l'océan. Ces différences de température entre océans et continents commandent ainsi la circulation atmosphérique dans la mesure où elles déterminent le positionnement des anticyclones et des dépressions.
Dans l'hémisphère Nord, les vents s'enroulent autour des anticyclones dans le sens des aiguilles d'une montre, dans l'hémisphère Sud, en sens inverse. En été, l'anticyclone de l'océan Indien remonte assez haut vers le nord et franchit l'équateur. Ce phénomène est lié au balancement des grands anticyclones tropicaux qui oscillent parallèlement au mouvement apparent du Soleil, de l'équateur vers le tropique du Cancer pendant l'été boréal, puis vers le tropique du Capricorne pendant l'été austral. Les vents qui soufflaient vers le nord-ouest sont détournés au nord de l'équateur par la force de Coriolis, et se mettent à souffler vers le nord-est, c'est-à-dire vers l'Inde et non plus vers l'Afrique. Ces vents chargés de l'humidité océanique provoquent sur tous les reliefs des pluies très abondantes : c'est la mousson.

2. Les moussons d’été et les moussons d’hiver

Les moussons les plus connues sont celles de l'océan Indien.
D'avril à septembre, on observe la mousson du sud-ouest, humide ; d'octobre à mars, la mousson du nord-est, sèche.
En hiver, le continent joue le rôle de centre froid et engendre une zone de hautes pressions. Ainsi, la Sibérie est le siège d'un anticyclone qui génère, sur sa face sud, un vent de nord-ouest. L'air expulsé de la zone anticyclonique vers la zone de dépression située au dessus de l'océan Indien est froid et sec ; franchissant l'Himalaya, il redescend vers l'Inde en subissant un effet de foehn, qui augmente sa sécheresse tout en le réchauffant. La mousson d'hiver est ce vent sec et relativement doux de nord-est.
En été inversement, le continent, plus chaud que l'océan, est le siège d'une dépression qui attire des vents de sud-ouest d'origine tropicale, très chauds, chargés d'humidité. Dès leur arrivée sur le sous-continent indien, ces masses d'air donnent naissance à des nuages et à des pluies d'autant plus abondantes que le relief – notamment les pentes sud de l'Himalaya – favorise des mouvements ascendants. On a enregistré à Cherrapunji (dans le Meghalaya, État fédéré du nord-est de l'Inde) 11 m d'eau par an (en réalité en six mois d'été), le seul mois de juillet en recevant 2,70 m (pour mémoire, la quantité moyenne de pluies recueillies annuellement à Paris est de 0,60 m).

On réserve parfois le terme de « mousson » à la seule mousson d'été, humide, dont l'importance est primordiale sur la vie humaine, agricole essentiellement. Les pluies de mousson apportent plus de 80 % des précipitations sur les régions habitées par la moitié de la population mondiale. (L'apport de la mousson d'été apparaît bien sur la carte des précipitations en Inde, pays situé à la latitude du Sahara et de l'Arabie [voir illustration ci-dessus].) Le climat de mousson est une composante saisonnière du climat tropical ; il varie d'une année à l'autre, tant dans sa date d'arrivée que dans son intensité. Ses anomalies sont catastrophiques : des pluies trop abondantes s'accompagnent d'inondations et de glissements de terrain ; des pluies trop faibles ou absentes prolongent la période de sécheresse.

3. Les différents domaines des moussons
Le phénomène de mousson est particulièrement bien représenté (mais non exclusivement) en Afrique occidentale, dans le sous-continent indien et à Ceylan ainsi que dans le Sud-Est asiatique (Indochine, archipel malais, sud de la Chine) ; il demeure perceptible, avec moins de valeur démonstrative, en Asie orientale (Chine du Centre, Chine du Nord et Japon), incluse parfois dans l'Asie de la mousson.

3.1. La mousson en Afrique occidentale
En Afrique occidentale, la masse d'air humide progresse en direction de la dépression thermique saharienne de surface (coiffée par l'anticyclone dynamique demeuré en altitude) depuis l'anticyclone de Sainte-Hélène et, à tout le moins, depuis les parages équatoriaux du golfe de Guinée. Il semble que la puissance expulsive des hautes pressions australes l'emporte sur la puissance aspiratrice de la dépression saharienne, maintenue, il est vrai, fort peu épaisse. Le coin de mousson passe sous le système de circulation du Sahara reporté en altitude. Le front de mousson exprime l'endroit où la mousson est si peu épaisse que les pluies qui accompagnent sa progression ne deviennent substantielles qu'à une distance respectable de sa trace au sol. Le renversement saisonnier se marque par l'emprise de la circulation saharienne et par l'intervention de l'alizé et survenu du continent (harmattan). Sauf en bordure du golfe de Guinée, l'alternance d'une saison sèche et d'une saison humide est bien respectée jusqu'à la latitude de Dakar ou de Saint-Louis-Tombouctou. Avec une période sèche qui occupe désormais les trois quarts de l'année, nous arrivons là aux limites du concept des tropiques humides. La poussée de mousson peut (rarement) remonter en été jusqu'au coeur du désert (Tamanrasset).

3.2. La mousson en Inde
En Inde, la répartition des pluies diffère selon la latitude, ce qui traduit d'abord la combinaison de la répartition des terres, des mers et des reliefs avec les processus pluvieux de mousson. La bordure indienne de l'Himalaya a de fortes précipitations (3 000 mm à Darjeeling). Mais ce sont, avec les 11 m de Cherrapunji, les reliefs de l'Assam qui connaissent les hauteurs d'eau les plus impressionnantes (pôle mondial de la pluviométrie). La plaine Indo-Gangétique, très sèche, voire aride à l'ouest (Pendjab), est fort arrosée à l'est (Bengale). Le Deccan inverse le sens de cette dissymétrie, avec des précipitations énormes sur les Ghâts occidentaux, et Bombay, plus au nord, illustre encore ces dispositions.
Les grands mécanismes de la mousson indienne sont indépendants de ceux qui règnent à l'est, sur le monde malais, et au nord-est, sur la Chine. En hiver, c'est le passage du jet-stream au sud de l'Himalaya qui assure la formation de l'anticyclone indigène, générateur d'un alizé que l'on convient d'appeler la mousson d'hiver. En été, le brusque effacement de la circulation d'altitude, qui remonte vers le nord, aboutit à la libération de toute contrainte dans l'élaboration de la dépression thermique du Pendjab (coiffée par l'anticyclone dynamique d'altitude) et à la réalisation du talweg de mousson, qui prolonge cette dépression vers l'est-sud-est. Pour l'essentiel, la mousson qui dessine ce talweg attaque le Deccan par l'ouest (d'où pluies orographiques de la côte de Malabar), puis, après la traversée de la péninsule, opère un changement de direction sur le golfe du Bengale. On comprend, dans ces conditions, que, combinée au détail des perturbations, l'application pluviométrique maximale se fasse sur l'ouest du Deccan et l'est de la plaine Indo-Gangétique. L'est du Deccan (côte du Coromandel) doit attendre le début du renversement du flux de mousson (avec intervention du bord oriental d'un anticyclone centré vers l'ouest de la péninsule) et aussi l'application de perturbations spécifiques du golfe du Bengale pour qu'interviennent les pluies dessinant le maximum d'automne.
À la forêt de mousson, formée d'arbres qui perdent leurs feuilles au cours de la saison sèche, succède la jungle, région de très hautes herbes parsemée de bouquets d'arbres (baobabs, bambous géants).

3.3. La mousson dans le sud-est de l'Asie
Dans le sud-est de l'Asie, la mousson d'hiver semble bien être essentiellement le fait de ces anticyclones mobiles qui glissent sur le Pacifique et irriguent de leur flux alizéen les îles et le continent dans sa partie indochinoise, tandis que la mousson d'été est un flux austral. Cela est évidemment un schéma très simplifié d'une réalité rendue complexe par la configuration du continent à cet endroit et aussi par l'allure des reliefs combinés à des expositions fort diverses aux vents marins. Le fait qui domine, cependant, est l'importance des abats apportés par la mousson d'été, dont le centre dépressionnaire attractionnel est constitué par les basses pressions de l'Asie centrale.

3.4. La mousson dans l'Asie orientale
L'Asie orientale (Chine du Centre, Chine du Nord et Japon), représente la limite du concept de mousson : il est probable que l'essentiel du flux pluvieux d'été arrive de l'hémisphère boréal en prenant naissance sur le Pacifique Nord. Quant à la mousson d'hiver, elle paraît être la seule que l'on ne puisse pas assimiler à un système alizéen.
La Chine du Sud et le Japon ont un climat caractérisé par des hivers doux parfois marqués de coups de froid et par des étés chauds et très humides. La forêt (conifères sur les hauteurs, ailleurs théiers, magnolias) couvre la majeure partie de ces pays, lorsqu'elle n'a pas encore fait l'objet d'un défrichement souvent intensif (Chine du Sud).
La Chine du Nord, où les hivers sont très froids et secs, connaît des pluies de mousson plus courtes et irrégulières. La forêt n'existe que sur les hauteurs, alors que les plaines ont une végétation de steppe et de prairie.

3.5. Les fleuves de l'Asie des moussons
Les fleuves de l'Asie des moussons, issus de la haute montagne, connaissent des crues énormes durant l'été, car aux eaux dues à la fonte des neiges s'ajoutent les eaux de pluie. Aussi ces fleuves ont-ils un énorme pouvoir érosif et ne sont-ils généralement pas navigables dans leur cours supérieur. En revanche, ils édifient d'immenses deltas qui constituent les régions les plus fertiles et par conséquent les plus peuplées d'Asie (Gange et Brahmapoutre).

4. La forêt de mousson
Assez ouverte, la forêt de mousson est constituée d'arbres massifs, trapus et sans contreforts, assez espacés ; il y a donc peu de compétition entre les plantes pour la lumière. Pendant la saison sèche, beaucoup d'espèces perdent leurs feuilles, la forêt prend alors un aspect hivernal, cependant, pour un certain nombre, cette saison est aussi celle de la floraison. Dans cette forêt, les grands arbres (30-35 m) forment un dôme irrégulier (shorea, tectona, terminalia) ; le sous-bois est dense, avec des feuilles petites et dures, et au-dessous de lui existe une strate herbacée. Les plantes grimpantes sont moins nombreuses et plus petites que dans la forêt tropicale humide. Lorsque les précipitations sont moins importantes, on est en présence d'une forêt de mousson sèche, dont les arbres, plus petits (15-20 m), se dépouillent tous, ainsi qu'une partie des arbustes ; la strate herbacée n'est alors visible que pendant la saison humide.

 

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JEAN DE LA FONTAINE

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Jean de La Fontaine

Poète français (Château-Thierry 1621-Paris 1695).

       
La Fontaine est aujourd’hui le plus connu des poètes français du xviie siècle, et il fut en son temps, sinon le plus admiré, du moins le plus lu, notamment grâce à ses Contes et à ses Fables. Styliste éblouissant, il a porté la fable, un genre avant lui mineur, à un degré d’accomplissement qui reste indépassable. Moraliste, et non pas moralisateur, il pose un regard lucide sur les rapports de pouvoir et la nature humaine, sans oublier de plaire pour instruire.

Famille
Il est né le 7 ou 8 juillet 1621 dans un milieu bourgeois de province ; son père est conseiller du roi et maître des Eaux et Forêts ; sa mère est veuve d'un premier mari, négociant à Coulommiers.
Formation
Il fait des études de rhétorique latine, puis entame des études de droit, interrompues pour entrer à l'Oratoire, en vue d'une carrière ecclésiastique. Après un an et demi, il retourne au droit.
Début de carrière
Il se marie à vingt-six ans avec Marie Héricart. Il fréquente les milieux lettrés. En 1652, il achète une charge de maître des Eaux et Forêts. Il publie, anonymement et sans grand succès, une pièce, l'Eunuque (1654), inspirée de Térence.
Premiers succès
Il écrit deux longs poèmes, Adonis (1658) et le Songe de Vaux (1659), pour son protecteur le surintendant Fouquet, puis un recueil de Contes et Nouvelles (1665).
Gloire et difficultés
Il publie un nouveau recueil de Contes, puis fait paraître, en 1668, les six premiers livres des Fables, ainsi qu'un roman en prose et en vers, les Amours de Psyché et de Cupidon. Après la disgrâce de Fouquet et la mort d'une autre protectrice, il perd son titre de « gentilhomme servant ». Il est accueilli par Mme de La Sablière (1672) et renonce à sa charge de maître des Eaux et Forêts. Il rencontre les grands auteurs du moment : Molière, Racine, Boileau.
La consécration
Il rédige un livret d'opéra pour Lully (Daphné), fait paraître de nouveaux Contes puis, en 1678, une nouvelle édition des Fables largement augmentée. À l'Académie française où il est élu en 1684 malgré l'hostilité de Louis XIV, il lit son Discours à Mme de La Sablière, forme de confession personnelle. Dans la querelle des Anciens et des Modernes, polémique sur les mérites comparés des écrivains et artistes de l'Antiquité et de ceux de l'époque de Louis XIV, il prend parti pour les Anciens. Il écrit un nouvel opéra, l'Astrée.
Dernières années
À la mort de Mme de La Sablière en 1693, il se réfugie chez des amis parisiens. Il rédige ses dernières fables (il en aura écrit 240 au total). Il accepte de renier ses contes et décide de faire pénitence. Il meurt le 13 avril 1695. En 1817, son corps sera transporté au cimetière du Père-Lachaise.

1. La vie de La Fontaine
Si l’on connaît assez peu de détails sur la biographie du personnage, on peut cependant discerner les principales étapes de son parcours et considérer La Fontaine comme un homme mal intégré aux milieux qui font les modes et tiennent les pouvoirs.

1.1. Jeunesse et premières publications (1621-1658)
1.1.1. Le maître des Eaux et Forêts

Jean de La Fontaine est né (baptême le 8 juillet 1621) dans une famille de cette bonne bourgeoisie provinciale d’« officiers » – c'est-à-dire, à l'époque, de fonctionnaires – qui a fourni au xviie s. nombre de ses écrivains. Son père, Charles (1594-1658), était maître des Eaux et Forêts ; sa mère, née Françoise Pidoux (1582-1644), était fille de marchand et veuve d'un premier mari, négociant à Coulommiers. De la jeunesse du futur poète, on sait peu de chose : des études secondaires certainement, et déjà un appétit de lectures qui durera toute sa vie. Vient le temps de choisir un état, une carrière : quelle que soit sa date, la fable du Meunier, son fils et l’âne garde le souvenir de ses hésitations de jeune homme pour trouver sa voie.


Après des études discrètes (achevées sans doute à Paris, où il est condisciple de Furetière), il fait un début de noviciat à l’Oratoire (1641), abandonné faute de vocation, puis une formation en droit (1645), prélude aussi bien au barreau qu’à l’achat d’un office, avant un mariage (1648), sans amour, avec une toute jeune fille de magistrat, Marie Héricart.
En 1652, La Fontaine acquiert une modeste charge de maître des Eaux et Forêts à Château-Thierry ; les charges de son père s’y ajouteront à la mort de celui-ci en 1658. Bourgeois de petite ville, propriétaire terrien, La Fontaine était déjà en contact avec la vie rurale ; par obligation professionnelle, il va acquérir, au contact des gens, de la campagne et de la forêt, l’incomparable expérience qui fera la force et la saveur des Fables.

1.1.2. L'entrée en littérature

La Fontaine exerce sa charge pendant vingt ans avant de s’en dessaisir. Il sera amené aussi à vendre son patrimoine, accablé de dettes en partie par sa gestion insouciante, et plus encore peut-être par le désordre trouvé dans l’héritage paternel et une révision des structures administratives qui, en 1670, rend son emploi incertain.
Il se réoriente alors vers la littérature. Une séparation de biens et de corps intervient entre lui et sa femme. Il devra vivre de sa plume ; revenus bien irréguliers qui l’obligent, comme tout homme de lettres sans fortune personnelle, à entrer dans l’entourage d’un grand : ce sera d'abord le surintendant général des Finances Nicolas Fouquet ; puis la vieille duchesse d’Orléans, dont La Fontaine est « gentilhomme » (la position rapporte peu, ne confère pas la noblesse, mais permet des séjours à Paris) ; puis Mme de La Sablière ; la jeune et turbulente duchesse de Bouillon ; les Vendôme et les Conti ; le financier d’Hervart enfin, chez qui il mourra. Existence qui vaut ce que vaut le protecteur et qui peut amener à d’assez humiliantes compromissions : La Fontaine aura ainsi une vieillesse quémandeuse et sans beaucoup de dignité.

Vers la trentaine, rien ne paraissait le disposer aux grandes aventures intellectuelles ou poétiques, pas même sa liaison avec les « chevaliers de la Table ronde », des jeunes gens amateurs de belles-lettres et qui se feront une notoriété d’écrivains : Pellisson, François de Maucroix, François Charpentier, Tallemant des Réaux ; aucun pourtant qui ait doté la littérature d’un frisson nouveau.
En 1654, une première publication, une adaptation de l’Eunuque de Térence, qui n’est pas sans mérite, tombe à plat.


1.2. La cour de Fouquet (1658-1661)

En 1658, le surintendant des Finances Nicolas Fouquet, alors au faîte de sa puissance, se sent en passe d’atteindre à la succession de Mazarin et à la fonction de Premier ministre. Il s’organise, non sans intention de propagande, une cour d’écrivains. Par Pellisson peut-être, ou par un oncle de sa femme, Jannart, substitut de Fouquet, La Fontaine est mis en rapport avec le nouveau mécène, qui le prend sous sa protection et lui fait une pension. À son service, La Fontaine lui dédie un roman mythologique, Adonis (1658), écrit pour lui des vers de circonstance, entreprend une description du château de Vaux-le-Vicomte alors en construction, le Songe de Vaux. Cet ouvrage restera inachevé, mais témoigne de la souplesse de La Fontaine à parler de tous les arts : il y a en lui plus qu’un amateur éclairé, un critique d’art possible. Il est possible qu’il ait déjà composé des contes dès cette époque. Il se lie avec Pellisson, Scudéry, Saint-Évremond, comme lui « clients » de Fouquet.
Mais, en 1661, c’est la disgrâce du tout-puissant ministre, arrêté pour malversations sur ordre de Louis XIV. L’arrestation de Fouquet disperse cette cour de « protégés » intéressée. Parmi les rares fidèles restent La Fontaine et Jannart. Ce dernier organise la défense du surintendant par toute une campagne de publications. La Fontaine écrit alors, en hommage à Fouquet, une Élégie aux nymphes de Vaux (1661) et une Ode au roi pour M. Fouquet (1663). Il est contraint à un temps d’exil à Limoges, période qu’il évoquera en écrivant pour sa femme Voyage en Limousin, chef-d’œuvre d’allégresse, d’humour et de justesse d’observation.

Si la fréquentation de la cour de Fouquet n’a sans doute pas beaucoup infléchi l’art de La Fontaine, elle fut toutefois lourde de conséquences. D’abord, La Fontaine fait figure d’opposant, modestement, au roi et à son principal ministre Colbert, qui, des années durant, lui garderont rigueur de ce courage, le tenant à l’écart des honneurs et des récompenses. Les tentatives de La Fontaine pour atteindre le roi, les dédicaces de fables aux enfants royaux, à la toute-puissante maîtresse Montespan n’y feront rien. Son œuvre se développe en marge de l’organisation officielle du monde littéraire.
Surtout, il a vu, des coulisses, le théâtre politique ; il a été pris dans une débâcle ; il a constaté les reniements qui accompagnent une soudaine disgrâce. Cette expérience amère, mais enrichissante, lui communique un pessimisme souriant et méprisant, auquel les Fables doivent une amertume lucide et somme toute tonique. « Mélancolique et de bon sens », a-t-on dit de La Fontaine au xviie s. L’affaire Fouquet ne pouvait que renforcer ces deux traits.

1.3. Le salon de Mme de La Sablière (1673-1693)

La Fontaine se place alors auprès de grands seigneurs un peu en marge de la Cour (Conti, Bouillon) et de financiers. Il obtient un emploi de gentilhomme au palais du Luxembourg, au service de la vieille duchesse d’Orléans. Après la mort de celle-ci, il devient en 1673 l’hôte, à la fois secrétaire et ami personnel, de Mme de La Sablière. Celle-ci tient un salon que fréquentent des médecins, des hommes de science et aussi un philosophe voyageur, François Bernier, qui a été secrétaire de Gassendi, traducteur de son monumental Syntagma, et qui a fait un très long séjour en Inde comme médecin du Grand Moghol.


Ce salon est sans aucun doute l’endroit où se brassent le plus d’idées nouvelles. La crise de conscience, ou au moins la prise de conscience qui annonce le siècle des Lumières y est plus sensible qu'ailleurs. Avec l’affaire Fouquet, La Fontaine avait connu une grande expérience humaine ; la fréquentation du salon de Mme de La Sablière, jusqu’à la mort de celle-ci en 1693, lui apporte un grand enrichissement intellectuel.
1.4. Les succès littéraires (1664-1687)

Si ses Contes (1664-1665) l’ont rendu célèbre – il en publiera plusieurs suites (1666, 1671, 1674, 1685) –, la gloire vient véritablement avec le premier recueil de ses Fables (1668). D’autres paraîtront en 1678 (les livres VII et VIII) et 1679 (les livres IX, X, XI). La chronologie de la rédaction reste assez complexe. Les Fables semblent être restées longtemps en chantier : La Fontaine en écrit dès avant 1663. Peu d’entre elles pourtant ont été connues avant 1668. Les écrivains du xviie s. ne laissaient pas d’ordinaire leurs œuvres sous le boisseau : ils en faisaient des lectures, permettaient des copies, des publications dans les recueils poétiques ; mais La Fontaine était secret. Il semble aussi que, malgré le succès considérable et immédiat des Fables, La Fontaine se détourne assez vite du genre.
En 1669 paraissent les Amours de Psyché et de Cupidon, œuvres mêlées de prose et de vers, qui rappellent l’inspiration d’Adonis. Une description de Versailles alors naissant fait penser au Songe de Vaux.
En 1671, les Fables nouvelles et autres poésies, outre quelques fables, contiennent quatre Élégies, confidences amoureuses et surtout aveu d’inquiétude amoureuse.

La Fontaine fréquente alors Boileau et Racine. Il donne des gages de son orthodoxie en publiant des Poésies chrétiennes (1671) puis un Poème de la captivité de saint Malc (1673). Entre contes libertins et récits de la vie des saints, La Fontaine révèle dans cette alternance du très profane et du sacré la complexité des attirances entre lesquelles il était partagé.
En 1674, les Nouveaux Contes sont interdits par la censure, mais le succès revient avec le deuxième recueil des Fables (1678-1679). La Fontaine semble ensuite renoncer aux grands ouvrages et égrène les pièces de circonstances, certaines fugitives, célébrant les grands événements politiques ou adressées à ses protecteurs, non sans intentions intéressées ; d’autres, plus mûries. Le poème didactique du Quinquina (1682) reste laborieux.
La Fontaine réussit enfin – malgré l’hostilité du roi (qui suspend d'abord une première élection, en 1683) – à se faire élire définitivement à l’Académie française (1684), à la succession de son ennemi Colbert. Il lit lors de sa réception un Discours à Mme de La Sablière (à ne pas confondre avec celui des Fables), hommage à l’amie qui vit alors recluse, tentative aussi pour se connaître lui-même et définir cette inquiétude qui est l’élément le plus profond de sa personnalité et sans doute la source même de son génie.
Dans la querelle des Anciens et des Modernes, il prend parti pour les Anciens par l’Épître à Huet (1687).

1.5. Les dernières années (1687-1695)

La Fontaine tente ensuite, sans grande réussite, de revenir au théâtre avec une comédie, le Rendez-vous (perdue), des tragédies et des opéras : Astrée (1691), Achille (inachevée et restée manuscrite), Daphné, Galatée (inachevée). Ces tentatives sont autant d’échecs. Le résultat le plus clair en est une brouille retentissante avec Lully.
Il publie le Livre XII des Fables en 1693, terminé par cet admirable testament spirituel qu’est « le Juge-arbitre, l’hospitalier et le solitaire ».
Hébergé par le banquier d’Hervart depuis la mort de Mme de La Sablière, malade, sollicité aussi par ses amis, La Fontaine songe à son salut. Devant une délégation de l’Académie française, il renie ses Contes, prend l’engagement de n’écrire plus que des œuvres de piété. Il écrira en effet des hymnes, perdues ; une traduction du Dies irae a été conservée. Il vivra encore deux ans, portant cilice.
Un grand vide poétique commençait qui contribua à donner sa place à un écrivain dont ses admirateurs même avaient mal compris qu’il était peut-être le plus grand poète du xviie s.

2. L'œuvre de La Fontaine

De l’œuvre de La Fontaine, on ne retient d’ordinaire que les Fables et, secondairement, les Contes, les deux chefs-d’œuvre de la maturité. On en restreint ainsi gravement l’ampleur, la diversité et la portée. En fait, elle est remarquable par sa variété. Il était banal à l’époque d’être polygraphe, d'écrire ainsi beaucoup et sur des sujets si variés, mais il est rare que l’on ait exploré autant de voies que La Fontaine.

2.1. Dramaturge, poète et narrateur
Il a pratiqué tous les genres. Le théâtre d’abord : à ses débuts, mais aussi une fois la célébrité atteinte. L’écriture dramatique était la source des plus vifs succès et des meilleures recettes : si La Fontaine ne trouva pas le succès avec elle, du moins en expérimenta-t-il, de façon approfondie, les ressources.
Il a eu aussi la tentation du récit en prose : récit de voyage sous forme épistolaire (Voyage en Limousin), mais aussi narration romanesque (Psyché).
Il a surtout pratiqué la poésie, tant dans le registre héroïque (Adonis) qu’élégiaque ou galant, tant dans les petits poèmes mondains de circonstance que dans les Contes gais et licencieux, ou encore dans le discours en vers (Discours à Mme de La Sablière).
Les Fables, enfin, représentent un alliage original de la narration, du discours et de l’écriture poétique.
La Fontaine a abordé toutes les thématiques. Le merveilleux païen l’attire : il reprend les mythes d’Adonis et de Psyché, dans la tradition des métamorphoses d’Ovide et d’Apulée. Il donne libre cours à sa verve libertine dans les Contes, où, de maris cocus en moines paillards et en nonnes dévergondées, il prolonge la lignée de l’Arioste, de Boccace et de Rabelais. Mais on lui doit aussi d’importants poèmes religieux et un essai de poésie scientifique (Poème du Quinquina, 1682).

2.2. L’esthétique de la variété

Alors que son époque insiste sur la distinction des genres littéraires, La Fontaine pratique le croisement des styles, des registres et des formes, recherchant des structures neuves, rénovées ou hybrides.
Ainsi, son Adonis, poème héroïque dans le principe, fait une place au lyrisme et s’inscrit dans la lignée des « idylles héroïques », que Saint-Amant a inaugurées quelques années plus tôt.
En reprenant les contes et les fables, formes traditionnelles, il les rénove en apportant à ces modèles narratifs, d’ordinaire traités en prose, le rythme poétique.
Enfin, en entremêlant plusieurs genres, il produit des ouvrages qui peuvent faire figure d’étranges « monstres ». Ainsi, le Songe de Vaux combine les vers et la prose, « l’héroïque et le galant », pour décrire le château de Fouquet (alors en construction) et ses fêtes, à travers la fiction d’un songe. Dans Psyché, qui tient du conte, du roman pastoral et de la rêverie poétique, la légende amoureuse (les amours de Cupidon avec la jeune mortelle Psyché) et le mythe philosophique (Psyché comme symbole de l’âme) forment un alliage sans équivalent.

La poétique de La Fontaine est riche d’éléments baroques, et on a pu parler à juste titre de son « maniérisme » et de l’influence de la tradition de Marot. Mais elle ne renie pas pour autant les principes clefs du classicisme : admiration des Anciens (il prend position en leur faveur dans la Querelle, mais avec modération), souci de régularité et de bienséance. Même dans les Contes, les sujets scabreux sont traités avec humour : La Fontaine y peint moins les troubles du plaisir que l’ingéniosité des amants pour berner la morale confite et ses représentants.
Enfin, l’originalité du ton, de la « manière » fait l’unité profonde de son œuvre. La Fontaine se livre à une série de variations entre le style « soutenu » et le style « médiocre », dans la lignée de l’écriture galante, telle que l’avaient illustrée Voiture et Sarasin, et dont Pellisson s’était fait le théoricien. Mais, alors que celle-ci était essentiellement un moyen de divertissement mondain, il lui fait subir une métamorphose et en tire une langue en apparence naïve, familière et transparente, en fait très calculée et savante. C’est l’art du « naturel » qui s’incarne dans une écriture toute de retenue et de suggestion. Par là, dans une génération où la poésie, après le purisme de Malherbe (qu’il admire) et l’élégance de Voiture (qu’il imite), était menacée de s’enfermer dans trop de convention, de mièvrerie ou d’abstraction, La Fontaine lui apporte une subtilité qui la revivifie.

2.3. Les Contes

Les Contes (1665, 1666, 1671, 1674, 1685) de La Fontaine, chefs-d’œuvre mineurs, ou dans un genre mineur, s’inscrivent dans la tradition des conteurs français et italiens (Boccace, Marguerite de Navarre, Rabelais) et, pour la langue et la versification, dans le sillage de Voiture et de Marot. Ils sont gaillards ; ils prennent à l’occasion pour cible les gens d’Église et vaudront à l’auteur des lecteurs fidèles, des ennemis actifs aussi, dans l’hostilité de qui l'hypocrisie autant que le scrupule ont bien quelque part.
Les Nouveaux Contes (1674) seront interdits par le lieutenant de police. On les a diversement jugés, le plus souvent de façon sévère. Ils sont de tons variés, avec de l’esprit toujours (qui s’applique à dissimuler – mais point trop – des scènes considérées alors comme très osées), et avec de l'émotion parfois. Ils représentent au moins une étape dans l’histoire de la sensualité et de la sensibilité ; ils acheminent la gauloiserie, héritée du Moyen Âge et du xvie s., vers le libertinage élégant du xviiie s.

2.4. Les Fables
Les Fables, sous les apparences d’un genre mineur, composent une véritable somme poétique.

2.4.1. La volonté d'instruire

La démarche de La Fontaine est conforme, pour les principes fondamentaux, aux préceptes de l’esthétique classique. Il se présente comme un simple adaptateur des Anciens : le fabuliste grec Ésope et le fabuliste latin Phèdre. Ésope, dont La Fontaine place une biographie en tête du recueil de 1668, était alors connu de tous. Ses apologues, ces courts récits dont on tire une instruction morale, servaient de thème aux écoliers, de support à leur imagination ; ils avaient à les enrichir et à les développer. Les apologues fournissaient aussi aux orateurs des exempla, des illustrations.
Le modèle antique affirme la vocation des Fables, qui est d’instruire. Pour La Fontaine, la littérature doit être utile autant qu’agréable (« Le conte fait passer le précepte avec lui », le Pâtre et le Lion). Il sait d’ailleurs que plaire est le meilleur moyen pour instruire. Et il ne vise pas seulement l’instruction des enfants. Certes, son premier recueil est dédié à l’enfant qui, parmi tous, est l’élève de choix pour le poète : le Dauphin – mais là encore, comme plus tard dans le fait qu’il s’adresse au jeune duc de Bourgogne, il faut voir la part de la tradition (« Le monde est vieux dit-on, je le crois ; cependant/Il le faut amuser encor comme un enfant », le Pouvoir des Fables).

2.4.2. Un genre renouvelé par un style éblouissant

Pour instruire et plaire, La Fontaine innove beaucoup. Première innovation, souvent négligée, mais non la moindre : le choix du genre. Avant lui, la fable, rédigée en prose, est considérée comme une simple ressource de la rhétorique ; c’est à ce titre que l’art de l’apologue figure dans les exercices de collège. Il avait certes existé une fable en vers au Moyen Âge et au xvie s. Mais ces fabulistes étaient oubliés, et d’ailleurs « en vers » ne veut pas dire nécessairement poétique. La fable était également héritière de l’art de l’emblème, où un précepte moral était illustré à la fois par une gravure et par quelques vers. Le genre était encore très florissant à une époque férue d’allégorie sous toutes ses formes, mais restait marqué par un pédantisme plutôt antipoétique.
La Fontaine confère à la fable, à l’origine humble auxiliaire de la pédagogie ou de l’éloquence, un véritable statut poétique et une dignité inexistante jusqu’alors : « L’apologue est un don qui vient des immortels/Ou si c’est un présent des hommes/Quiconque nous l’a fait mérite des autels » (Dédicace à Mme de Montespan du deuxième recueil).

Cette dimension nouvelle tient à plusieurs aspects. La Fontaine construit des narrations souples, animées par des dialogues au style direct, des notations précises de mouvements ou de détails du décor, si bien qu’ils offrent les éléments d’une mise en scène. Surtout, il introduit dans ces récits d’ordinaire impersonnels le ton singulier que crée l’intervention d’un narrateur dont le « je », à la fois omniprésent et sans cesse se dérobant, commente, juge l’action et interpelle le lecteur. Enfin, à l’enchaînement mécanique entre un récit exemplaire et un précepte moral, il substitue un jeu varié : ses Fables ont parfois une morale explicite, parfois non ; il leur arrive d’en avoir deux différentes ; d’autres fois encore, à l’inverse, une même réflexion suscite deux récits distincts.
La forme utilisée est celle du vers libre : un vers, de longueur inégale et de rimes variées, dégagé de toute règle de la prosodie. La Fontaine a fait longtemps ses gammes, et les Fables bénéficient d’une expérience éprouvée de la prosodie. Sa versification est sans cesse modulée, ses vers irréguliers permettent des variations virtuoses de rythme et de ton. Dans les vers de La Fontaine, pas un mot qui n’ait son poids. Le vocabulaire lui-même est étendu, volontiers technique, parfois délibérément archaïsant, toujours très précisément étudié pour offrir des jeux multiples de connotations, de nuances, d’insinuations et d’audaces voilées.
Enfin, la vertu la plus certaine des Fables est un réalisme poétique qui fait voir, toucher, sentir. Elles sont marquées par les réminiscences multiples, fondues et assimilées avec art, d’un esprit brillant et très cultivé.

2.4.3. La liberté d'inspiration

Le deuxième recueil – celui qui correspond aux actuels livres VII à XI, qui paraissent en 1678 et 1679 – marque le sommet des Fables. L’auteur signale dans un Avertissement deux de ses nouveautés : le recours à une source nouvelle, les récits du sage indien Bidpai (que le savant Bernier, rencontré chez Mme de La Sablière, lui avait fait apprécier) ; l’appel à une méthode nouvelle d’« enrichissement » par les « circonstances », c’est-à-dire la multiplication des précisions dans le récit et la description. Le premier recueil, à côté d’apologues rapides qui se ressentaient encore de la brièveté propre à Ésope, comportait déjà des fables plus amples. Les fables amples deviennent la norme dans le second recueil : l’idée que la brièveté est en soi une vertu ne retient plus le fabuliste.
La fable annexe ainsi tous les genres poétiques : contes de tonalités variées, légers, sérieux ou satiriques (la Fille, le Berger et le roi, Un animal dans la lune) ; pastorale (Tircis et Amarante) ; méditation élégiaque sur le sens de la vie et de l’amour (les Songes d’un habitant du Mogol, les Deux Pigeons) ; réflexion politique à la fois historique et actuelle (le Paysan du Danube) ; discussion philosophique (Discours à Mme de La Sablière).
Tous les thèmes que lui proposent les livres, l’actualité, sa propre expérience – La Fontaine atteint la soixantaine – sont librement traités. L’audace intellectuelle s’affirme ; la peinture de la société, et singulièrement de la vie de cour, devient plus mordante ; une opposition discrète mais ferme à la politique de conquêtes et de gloire militaire s’affirme.

2.4.4. Une œuvre de moraliste
Des leçons inépuisables

Si les Fables peuvent être lues comme un commentaire continu de l’affaire Fouquet, elles s’ouvrent, par-delà l’actualité de leur temps, à la vérité éternelle de l’homme et du monde et proposent un art de vivre. L’homme, vu par La Fontaine, quel que soit son déguisement animal, est doté d’une nature contre laquelle il ne peut rien. La sagesse consiste à s’en accommoder. S’il était venu au monde plus tard, muni donc d’un langage et d’une typologie autres, La Fontaine aurait dit que la société est une jungle. Cela ne l’empêche pas de revendiquer les droits de l’humanité et de la compassion dans une large compréhension pour tout ce qui vit, lutte et souffre.
Mais le sens des Fables, loin de se réduire à une leçon, est inépuisable. Replacées dans l’ensemble de l’œuvre, elles révèlent les contradictions de toute une époque : comme beaucoup de ses contemporains, La Fontaine, grand lecteur de l’Astrée (1607-1628) d’Honoré d’Urfé, rêve d’un paradis pastoral mais, comme les plus lucides, il constate, en même temps que le déclin des rêves nobiliaires d’héroïsme et de générosité, la montée irrésistible des pouvoirs de l’État et de l’argent. Face à une telle situation, il a choisi de préserver les puissances du langage.

Un exercice de lucidité

La Fontaine est un poète moraliste, et non pas moralisateur. Son œuvre n’exprime pas une pensée systématique, mais une attitude de pensée, avec ses évolutions, variations, contradictions même. Aussi réduire l’explication à une seule rubrique est-il vain. Il est de toute évidence ridicule de voir dans l’œuvre une simple description de la nature (et d’y noter du même coup des erreurs de zoologie : les cigales ne survivent pas en hiver, sauf dans les Fables où l’imagination est reine...). D’une autre façon, s’il est vrai que La Fontaine prend certains de ses sujets dans l’actualité (en particulier, la façon dont Colbert a manigancé la chute de Fouquet trouve des échos dans son livre), il ne faut pas faire non plus de la Cigale et la Fourmi une allégorie du conflit entre les deux ministres.
Il convient au contraire de saisir cette œuvre comme un regard qui se veut lucide, et constater que la pensée s’y interroge autant ou plus qu’elle ne répond. Il est certain que La Fontaine est nourri de philosophie épicurienne (→ épicurisme), de libertinage, qu’il déteste les superstitions (l’Astrologue, l’Horoscope). Mais il est certain aussi qu’il a éprouvé des sympathies pour les jansénistes (→ jansénisme). De même, en matière de politique, il a critiqué les monarques absolus, victimes de leurs ambitions, de leurs conseillers flatteurs, de la facilité de la violence (les Animaux malades de la peste). S’il témoigne de l’intérêt et de la pitié à l’égard du peuple, il le perçoit aussi comme un « enfant », incapable de se conduire seul, et qui a donc besoin d’être dirigé et protégé, par un pouvoir donc nécessairement fort (et si possible juste).

Une dénonciation des rapports de pouvoir

La rédaction et la publication des Fables s’étendent sur trente années, et la situation du poète a changé, aussi bien que le contexte sociopolitique, au fil des décennies. Aussi voit-on parfois La Fontaine soutenir la politique royale au moment d’une guerre (la Ligue des rats), et d’autres fois, en des temps où la politique de puissance risque de ruiner l’économie, et singulièrement l’agriculture, rappeler les mérites du travail, contre les spéculations et les visées de prestige (le Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils de roi).

Il y a cependant, dans son attitude, quelques constantes. Tel qu’il le voit, le monde est impitoyable : y règnent seuls les rapports de force. Contre la « raison du plus fort » (le Loup et l’Agneau), les faibles ne peuvent rien, à moins d’être capables de contrebalancer la force par la ruse. Souvent, d’ailleurs, La Fontaine conçoit des situations redoublées, où un fort s’incline devant un plus faible mais plus adroit, et où ce dernier trouve à son tour son maître : cette structure complexe peut aussi bien montrer les apparences vaines des rapports de pouvoir (le Lion et le Moucheron) que des jeux où un trompeur est pris par un trompeur et demi (le Renard et la Cigogne). La vision n’est pas alors moins noire, mais elle a l’avantage de prêter à des effets comiques.
Sans cesse attaché à dénoncer les illusions de tous ordres, La Fontaine est proche de La Rochefoucauld, qu’il cite élogieusement (l’Homme et son image). Pourtant, on n’entend ni cri de révolte, ni plaintes de ressentiment. Parfois, le « je » omniprésent se laisse aller à la mélancolie (« Ai-je passé le temps d’aimer ? », les Deux Pigeons). Plus profondément, il laisse deviner le désir latent du « repos », d’une retraite en marge de ce monde violent, et parfois il l’avoue plus ouvertement (le Songe d’un habitant du Mogol, les Deux Amis). À défaut, il suggère de s’accommoder de son sort et de son état, en renonçant aux ambitions et aux chimères (le Berger et la Mer, la Laitière et le Pot au lait, le Savetier et le Financier).


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